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Jean Christophe Bataille

Jean Christophe Bataille

Je suis le chroniqueur économique et financier : http://futures-trading.fr/

Mes faits d'armes : avoir conseillé d'investir largement sur le marché boursier en mars 2009 alors que le CAC 40 était à 2500 et avoir prévu le délitement actuel des monnaies.

J'anticipe une sortie de la crise actuelle par la stagflation."

Il n'y a pas de fuite en avant de la dette avec la monétisation

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Nombre de commentaires : 3 réactions


http://i.telegraph.co.uk/multimedia/archive/02338/dollarprint_2338984b.jpg

 

 

Je lis souvent sur ObjectifEco ou dans La chronique Agora que les dettes sont en train d'augmenter avec la monétisation et qu'il s'agit d'une fuite en avant. Il n'y a pourtant rien de plus faux.

La monétisation est avant tout de la création de monnaie ex-nihilo sans aucune augmentation de l'activité économique puisqu'elle n'est pas issue de l'octroi de nouveaux crédits. Elle consiste à racheter des dettes sur le marché secondaire : obligations souveraines par la BCE dans le cadre de l'OMT, et rachat de crédits privés titrisés, dans le cas du QE3 de la FED.

Dire que ces opérations augmentent l'endettement n'a tout simplement pas de sens car le simple fait de créer de la monnaie à partir de rien augmente la masse monétaire de la devise concernée dans tous les rouages de l'économie. Cela dévalorise donc la monnaie et les dettes à taux fixe dans la stricte proportion de la création monétaire. On comprend parfaitement que plus il y a de monnaie pour évaluer la même quantité de biens ou la même quantité de dettes, moins cette monnaie a de la valeur. Il s'agit donc d'un désendettement en monnaie constante, et certainement pas d'une fuite en avant de l'endettement.

C'est tout le jeu des banques centrales de créer de l'inflation monétaire pour noyer la dette. Il ne s'agit en aucune façon de l'augmenter. Mais comme il y a toujours un payeur, ce désendettement se fait, il faut le rappeler, au détriment des créanciers.

La monétisation a un deuxième avantage pour l'économie, elle permet de maintenir les taux au plancher.  Les investisseurs rassurés par des banques centrales créancières en dernier ressort mais non prioritaires, n'hésitent plus à racheter de la dette primaire puisque le risque de défaut de paiement disparait. Cette baisse des taux évite la diminution trop forte de l'activité due au désendettement et augmente la capacité à rembourser des emprunteurs.

En revanche, noyer l'endettement avec de la création de monnaie n'a d'intérêt que si les emprunteurs font des efforts pour ne pas aggraver leur endettement. Pour les états, cela consiste à maitriser les déficits budgétaires par une rigueur indispensable. On me dira que c'est récessif mais on ne peut pas se désendetter en faisant de la croissance ! Ce serait trop facile. Les initiatives de Mario Draghi sont en la matière excellentes puisqu'elles subordonnent le rachat d'obligations et l'émission de monnaie à un contrôle strict du budget des pays concernés à travers le mécanisme du MES. De la même manière, les agences de notation américaines sont en train de menacer fortement les candidats à la présidence américaine de dégradation afin que ceux-ci mettent en place une vraie politique de rigueur budgétaire. Cette dernière associée à la monétisation a un objectif de désendettement inflationniste évident que les pouvoirs publics masqueront le plus longtemps possible par des indices des prix qui ne traduisent en aucune façon la réalité.


A l'inverse, les solutions prônées par les gens qui dénoncent une hypothétique fuite en avant consisteraient à ne pas intervenir. L'insolvabilité et la faillite des états en seraient la seule issue. Le deleveraging augmenterait la valeur de la monnaie et ne serait pas contré par de l'émission de monnaie. Les dettes se renchériraient. Les prix et les revenus baisseraient du fait de la diminution de la masse monétaire mettant rapidement les emprunteurs dans l'incapacité de rembourser leurs dettes. Cette stratégie ne marche pas et ceux qui parlent de fuite en avant souhaitent une déflation monétaire et une contraction de l'économie qui n'a absolument aucun sens.

Bonne semaine !

Jean Christophe Bataille
http://futures.over-blog.com/
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3 commentaires

  • Lien vers le commentaire Balthazar lundi, 25 février 2013 12:35 Posté par balthazar

    @ l'auteur

    Je partage entièrement votre avis.


    @Alex6

    En Grece, si la population a baissé son niveau de vie (et c'est le cas dans les faits), mais que l'Etat  n'a pas baissé le sien, il en resulte une ponction qui en devient encore plus insupportable. Donc ça force le changement : soit  grace à en bain de sang soit grace à des reformes acceptées, soit un peu des deux,mais en tout cas il n'est pas possible de maintenir le statu quo. Les Révolutions de 1917 et 1789 ont toutes deux pour origines un étranglement financier de l'Etat. N'oublions pas non plus que le Revolte américaine a une origine finanicere également. A contrario Louis 14, qui est arrivé avec des caisses vides, a su garder le controle, mais il a opéré lui meme les reformes. Il a completement redressé la puissance productive de la France. Un peu à la maniere des Chinois, mais 400 ans plus tot.

  • Lien vers le commentaire zoulou2 mardi, 18 septembre 2012 02:06 Posté par zoulou2

    La monetisation cree des emplois ?, les 25% de chomeurs grecques et espagnols ont'ils trouve du boulot ?  Ca ne cree rien, vous ne serez pas competitif par rapport a moi en Chine.  Je reviendrais en France pour racheter une bouchee de pain, ce que les banques central ont coulee.Seule solution aucuns remplacement de fonctionnaires pendant les 5 prochaines annees, il faut faire maigrir l'etat.

  • Lien vers le commentaire alex6 lundi, 17 septembre 2012 23:26 Posté par alex6

    "Cette stratégie ne marche pas et ceux qui parlent de fuite en avant souhaitent une déflation monétaire et une contraction de l'économie qui n'a absolument aucun sens. Pardon mais vous etes bien naifs. Il n'y a strictement aucune rigueur budgetaire imposee aux etats, meme dans le cas de la Grece. Simplement de la rigueur sur les depenses sociales pour a pour unique effet d'empirer la situation economique de ces pays.En une phrase, les etats ne reduisent pas la voilure, nul part. Il est donc completement illusoire d'esperer voir les dettes eliminees par la monetisation qui induit un effet extremement pervers, celui de pousser les etats a contracter toujours plus de dette (tous les pays en question sont toujours en deficit sur leurs budgets annuels malgre l'hypothetique "rigueur")Sans doute la deflation n'est pas souhaitable mais il faudra bien un jour payer. Il est hautement discutable que la solution actuelle, qui consiste a faire payer les contribuables, reponde a un ideal de justice quelconque. La BCE n'a strictement aucun mandat pour faire ce qu'elle entreprend en ce moment, je m'etonne que l'on puisse defendre son action d'une maniere aussi elogieuse.