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Jean Christophe Bataille

Jean Christophe Bataille

Je suis le chroniqueur économique et financier : http://futures-trading.fr/

Mes faits d'armes : avoir conseillé d'investir largement sur le marché boursier en mars 2009 alors que le CAC 40 était à 2500 et avoir prévu le délitement actuel des monnaies.

J'anticipe une sortie de la crise actuelle par la stagflation."

Analysez les statistiques en connaissance de cause.

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Le Non Farm Payroll, encore appelé NFP, est un ensemble de statistiques très importantes de la politique monétaire américaine. Les travailleurs constituant la masse salariale du NFP produisent près de 80% du PIB américain. Les chiffres sont obtenus en analysant les données de 160.000 entreprises, représentant environ 400.000 lieux de travail individuel.

Un certain nombre d’entre vous se sont interrogés sur la baisse du dollar et la hausse de l’or qui a suivi la publication du bon Non-Farm Employment Change de vendredi.

Il faut comprendre que le NFP contient d’autres données du secteur de l’emploi, comme les heures et les revenus des travailleurs. Le chiffre le plus suivi par la FED actuellement n’est pas nécessairement le nombre d’emplois créés ou Non-Farm Employment Change, mais l’Average Hourly Earnings m/m qui est le niveau d’augmentation des salaires dans le secteur privé aux USA.

Reportez vous aux nombreux articles que j’ai publiés sur l’inflation pour bien analyser les interrogations actuelles de la FED. Le problème de la politique monétaire de la banque centrale américaine n’est pas l’emploi puisque l’économie américaine présente un taux de chômage inférieur à 5 %. Les interrogations actuelles des gouverneurs de la FED portent essentiellement sur l’insuffisance de l’inflation.

Pour faire baisser efficacement l’hyper-endettement souverain actuel, les monnaies doivent impérativement se déprécier. Je dis souvent que les banques centrales cherchent à tuer les monnaies et je suis persuadé qu’elles y parviendront.

Elles n’ont, de toute façon, pas d’autre choix. Dans l’histoire, les situations de surendettement se sont toujours soldéesdans les grands pays par une inflation importante (les USA après guerre par exemple) et dans les petits pays par une faillite ou une inflation (voir Argentine 1998 ou Zimbabwe dans les années 2000). Les banques centrales doivent, pour obtenir une vraie dévalorisation monétaire, créer les conditions d’une augmentation des prix à la consommation mais aussi une appréciation des revenus et des salaires en monnaie courante pour créer une spirale inflationniste capable de faire baisser les dettes en monnaie constante.

Cette augmentation des revenus est essentielle car elle permet de conserver le pouvoir d’achat des ménages avec l’augmentation des prix tout en dévalorisant les dettes à taux fixe. Pour ce faire, les banques centrales ont crée, depuis 2008 une gigantesque inflation monétaire en élargissant leur bilan et en achetant des titres de créances sur le marché secondaire.

Le deleveraging est toutefois si fort que les politiques monétaires, si elles sont actives, peinent à trouver leur pleine efficacité en particulier en Europe, zone où les dispositifs monétaires non conventionnels ont été mis en place de façon beaucoup trop tardive. L’idée reconnue par de nombreux économistes est que le Rate Hike américain ne pourra pas se poursuivre tant qu’un développement inflationniste suffisant ne sera pas véritablement enclenché.

Or vendredi les salaires ont reculé de 0.1 % sur le mois de février alors que l’on attendait une augmentation de 0.2 ¨%. c’est évidemment très mauvais, même si l’économie américaine fait preuve d’une bonne résilience malgré la maturité de son cycle de croissance. Rajoutons à cela, après une analyse plus approfondie que de nombreux emplois créés le sont à mi-temps.


Cela explique pourquoi je suis resté en position longue sur le métal jaune et short sur le dollar vendredi malgré les bons chiffres du Non-Farm Employment Change. Toute la difficulté du trading sur le Forex est d’analyser suffisamment vite la situation lors de la publication des statistiques pour ne pas prendre de mauvaises décisions dans la volatilité. Évitez de vous référer à tel ou tel avis. Faites vous votre propre opinion en toute indépendance.


Le pari sur l’or n’est cependant pas gagné et les statistiques doivent être suivies attentivement par tous les traders qui veulent travailler sérieusement. En effet, si le cycle de croissance américain se poursuivait au delà de sa durée standard de 8 ans, le plein emploi finirait par créer les conditions de l’augmentation des revenus en monnaie courante par un déséquilibre offre demande favorable aux salariés. Le discours de Kaplan, hier soir, a défendu cette hypothèse poussant les investisseurs à ne plus acheter le Gold index. Pour être franc, ce n’est pas mon scénario central et je crois judicieux pour l’instant de conserver les positions longues sur l’or.

L’incertitude reste donc importante et les leviers doivent rester très raisonnables. Les avis des acteurs du monde financier sont encore partagés. Le parcours de l’or reste erratique et la volatilité devrait continuer à être très forte, gênant beaucoup le trading sur le métal jaune.

Bonne semaine ! 
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