EURSS : le domino italien implose en douceur, mais il fera tomber l'euro
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L’Italie est à nouveau sous le feu des projecteurs. Tout le monde en parle, beaucoup d’observateurs sont inquiets ! Qu’en est-il réellement ? Voici une update personnelle sur la situation. Pour commencer, rappelons que le système bancaire italien subit une implosion au ralenti. Les banques du pays sont plombées par 360 milliards € de créances douteuses, dont 200 milliards sont d’ores et déjà considérées comme irrécouvrables. Le gouvernement se retrouve donc au pied du mur et devra prendre des mesures afin d’éviter un futur cataclysme.
Mais comment sommes nous arrivés à un tel résultat aujourd’hui ? Au cours des dernières années des tentatives de réformes timides ont été mises en place dans le but de réformer le système financier. Ces initiatives visaient à réduire le ratio de créances douteuses contractées massivement par les banques. Elles avaient néanmoins le désavantage d’apporter une solution court terme au problème. A chaque piqure de rappel du marché boursier, se traduisant par la chute des valorisations bancaires, l’Etat italien se précipitait hâtivement pour éteindre l’incendie en surface. Une politique insuffisante dans la durée, car le gouvernement apaisait seulement temporairement les tensions vives opérant sur les marchés. En outre, ces actions menées ne traitaient pas la cause sous jacente qui explique la fébrilité du secteur bancaire.
Ce dont souffre l’Italie est beaucoup plus grave qu’une simple crise passagère. En effet, le pays traverse depuis 5 à 6 ans, un effondrement économique total.
Un bon nombre d’experts se sont offusqués de la mauvaise gestion des banques italiennes. Ils ont dégainé à tout va sur la corruption existante, la fraude, les abus, la pratique généralisée qui consiste à octroyer des prêts facilement à n’importe quelle personne, les liens pas toujours très nets entre banquiers et politiciens… Ces facteurs peuvent être des déclencheurs de la crise bancaire italienne mais ils n’en sont pas la cause principale.
Cette crise est alimentée par une récession battant tous les records, c’est la plus longue et la plus sévère de l’histoire du pays.
Sur un plan macro-économique, l’Italie est le second pays le plus meurtri de la zone euro après la Grèce. Son PIB a diminué massivement depuis 2007, une chute supérieure à 10% (un nouveau plus bas sur 10 ans). Cette méforme a rongé environ 20% des capacités industrielles nationales.
En terme, de PIB par habitant (PPA), le gouffre est encore plus impressionnant. L’Italie a régressé à des niveaux enregistrés il y a 20 ans.
Une statistique plutôt surprenante quand on sait que le pays a été essentiellement en récession au cours des 6 dernières années.
L’Italie est la cible de problèmes structurels. Son marché du travail manque de flexibilité, la bureaucratie est omniprésente, les impôts sont excessifs… mais ces fondamentaux étaient déjà bien connus des investisseurs ou entrepreneurs.
Le trigger numéro 1 de l’effondrement économique italien date de l’après 2011. Les politiques d’austérité mises en œuvre par le gouvernement Monti (2011-2013), et l’actuel, celui de Matteo Renzi, ont créées des dommages irréversibles. La demande intérieure a été laminée par des hausses de taxation. Pourtant à la base, cela découlait d’un objectif noble, qui était de réduire les déficits.
Au final, la consommation privée a plongé, les importations ont diminué, et la balance des paiements courants italienne s’est vu créditée d’un surplus excédentaire minime.
Le souci c’est qu’en Italie, l’économie reste exagérément dépendante de la demande intérieure. Et les exportations représentent moins de 30% de la production globale nationale.
Entre 2009 et 2013, le ralentissement de la demande intérieure a provoqué les faillites de plus de 1.7 millions de PME-PMI. Inévitablement, il y a eu des répercussions à travers l’ensemble du système bancaire, fortement exposé au défaut de paiement des petites entreprises.
Les stress tests récents de la BCE ont révélé que les banques les plus mal capitalisées se situaient au sein de la zone euro. Fin 2014, les prêts non productifs s’élevaient à près de 9% du PIB européen, soit environ 1 200 milliards €. C’est plus du double du niveau atteint en 2009 !
Dans la chronologie des événements, l’Italie a toujours su se tirer d’affaire. Jusqu’au gong fatidique, synonyme d'un joli pied de nez ! La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été le référendum britannique. Le Brexit a causé l’effondrement des valorisations bancaires italiennes, parfois jusqu’à -70%.
On assiste désormais à un massif mouvement sell-off sur les actions bancaires italiennes. La balance TARGET2 est proche des niveaux enregistrés en 2012, lors de la crise de la dette dans l’UE.
A ce stade, si des mesures radicales ne sont pas prises pour stabiliser le système bancaire, on court tout droit vers un risque d’implosion générale. Un autre choc de moindre envergure suffirait à déclencher une cascade de faillites bancaires en Italie.
Le coût de la recapitalisation des banques est estimé grosso modo à environ 40 – 45 milliards d’euros. Une des questions brûlantes est de savoir par quels mécanismes ces banques vont être recapitalisées ?
Les directives européennes ne garantissent les dépôts qu’à hauteur de 100 000 € pour chaque compte bancaire individuel. Les fonds de stabilité comme le MES ne doivent servir uniquement qu’en cas de dernier recours. Ils sont financés par l’ensemble des pays de la zone euro.
La commission européenne et certains membres européens tels que l’Allemagne ou les Pays-Bas sont à cheval sur la lutte (prioritaire) contre les déficits et souhaitent retarder un maximum l’échéance d’un renflouement des banques.
Au contraire, le gouvernement italien réclame de toute urgence un plan de sauvetage. Une position que partage également la BCE qui voit mal la situation se résorber en ne faisant rien.
Un scénario où les créanciers seraient redevables des dettes aurait des conséquences terribles. Un bail-in pourrait sérieusement affecter les bons du trésor italien et semer une panique bancaire. Aujourd’hui, les épargnants italiens détiennent près de 60 milliards d’obligations. 50% de cette somme sont dans la main d’environ 600 000 petits épargnants.
Les banques avaient présenté ces actifs à la population comme sans risques ou un risque égal à celui des dépôts. On est bien placé pour savoir que ceci est une aberration. Les banques ont ainsi abusé de la naïveté des épargnants.
Côte italien, il serait très mal venu pour Renzi de reproduire le mini séisme de fin décembre 2015. A cette époque, le gouvernement avait refusé d’indemniser les pertes contractées par les détendeurs d’obligations suite à la faillite de 4 banques régionales.
Depuis, les autorités italiennes ont refait machine arrière face au raz de marée contestataire. Les épargnants lésés seront remboursés. Tout cela, pour éviter des retombées politiques néfastes à court terme.
Au bout du compte, je pense que le gouvernement italien et la commission européenne se mettront d’accord sur un plan de sauvetage. Je ne crois pas que la commission puisse avoir l’intention de provoquer une crise politique (immédiate) en Italie. L’Allemagne finira par lâcher du leste. Elle est d’ailleurs confrontée à un problème de taille. La mauvaise santé financière d’une de ses plus grosses banques ; la Deutsche Bank affole beaucoup de spécialistes.
Détail encore plus inquiétant, ce chiffre de 150 milliards € annoncé... c'est le montant minimum nécessaire à mettre sur la table pour sauver les banques européennes.
Seule une conjoncture favorable permettrait de redresser la barre à longue échéance. La stabilité du système bancaire européen est en sursis. Sans des solides perspectives de reprise économique, les banques risquent la noyade. Et c’est ce sur quoi nous nous dirigeons, pas à pas…
Le FMI est plus que négatif quand il évoque le cas de l’économie italienne. Il n’envisage pas d’amélioration notable avant 2025. Les pauvres italiens, deux décennies fichues en l’air !
De toute évidence, la situation n’est plus pérenne, aussi bien économiquement que politiquement. Les jours de l’euro sont comptés. Je suis prêt à parier qu’il pourrait disparaitre d'ici 10 ans.
William Finck
PS : Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, j’ai réalisé un dossier rassemblant la liste des banques les plus sûres pour placer son argent. Vous trouverez aussi toutes les informations sur les devises alternatives à l’euro. Comment investir ? A quel timing ? Il est important de prendre des décisions concrètes dès maintenant. Il serait, en effet, regrettable d’être pris au dépourvu sans marge de manœuvre possible, surtout face à un scénario que l’on est capable d’anticiper.
Mais comment sommes nous arrivés à un tel résultat aujourd’hui ? Au cours des dernières années des tentatives de réformes timides ont été mises en place dans le but de réformer le système financier. Ces initiatives visaient à réduire le ratio de créances douteuses contractées massivement par les banques. Elles avaient néanmoins le désavantage d’apporter une solution court terme au problème. A chaque piqure de rappel du marché boursier, se traduisant par la chute des valorisations bancaires, l’Etat italien se précipitait hâtivement pour éteindre l’incendie en surface. Une politique insuffisante dans la durée, car le gouvernement apaisait seulement temporairement les tensions vives opérant sur les marchés. En outre, ces actions menées ne traitaient pas la cause sous jacente qui explique la fébrilité du secteur bancaire.
Ce dont souffre l’Italie est beaucoup plus grave qu’une simple crise passagère. En effet, le pays traverse depuis 5 à 6 ans, un effondrement économique total.
Un bon nombre d’experts se sont offusqués de la mauvaise gestion des banques italiennes. Ils ont dégainé à tout va sur la corruption existante, la fraude, les abus, la pratique généralisée qui consiste à octroyer des prêts facilement à n’importe quelle personne, les liens pas toujours très nets entre banquiers et politiciens… Ces facteurs peuvent être des déclencheurs de la crise bancaire italienne mais ils n’en sont pas la cause principale.
Cette crise est alimentée par une récession battant tous les records, c’est la plus longue et la plus sévère de l’histoire du pays.
Sur un plan macro-économique, l’Italie est le second pays le plus meurtri de la zone euro après la Grèce. Son PIB a diminué massivement depuis 2007, une chute supérieure à 10% (un nouveau plus bas sur 10 ans). Cette méforme a rongé environ 20% des capacités industrielles nationales.
En terme, de PIB par habitant (PPA), le gouffre est encore plus impressionnant. L’Italie a régressé à des niveaux enregistrés il y a 20 ans.
Une statistique plutôt surprenante quand on sait que le pays a été essentiellement en récession au cours des 6 dernières années.
L’Italie est la cible de problèmes structurels. Son marché du travail manque de flexibilité, la bureaucratie est omniprésente, les impôts sont excessifs… mais ces fondamentaux étaient déjà bien connus des investisseurs ou entrepreneurs.
Le trigger numéro 1 de l’effondrement économique italien date de l’après 2011. Les politiques d’austérité mises en œuvre par le gouvernement Monti (2011-2013), et l’actuel, celui de Matteo Renzi, ont créées des dommages irréversibles. La demande intérieure a été laminée par des hausses de taxation. Pourtant à la base, cela découlait d’un objectif noble, qui était de réduire les déficits.
Au final, la consommation privée a plongé, les importations ont diminué, et la balance des paiements courants italienne s’est vu créditée d’un surplus excédentaire minime.
Le souci c’est qu’en Italie, l’économie reste exagérément dépendante de la demande intérieure. Et les exportations représentent moins de 30% de la production globale nationale.
Entre 2009 et 2013, le ralentissement de la demande intérieure a provoqué les faillites de plus de 1.7 millions de PME-PMI. Inévitablement, il y a eu des répercussions à travers l’ensemble du système bancaire, fortement exposé au défaut de paiement des petites entreprises.
Les stress tests récents de la BCE ont révélé que les banques les plus mal capitalisées se situaient au sein de la zone euro. Fin 2014, les prêts non productifs s’élevaient à près de 9% du PIB européen, soit environ 1 200 milliards €. C’est plus du double du niveau atteint en 2009 !
Dans la chronologie des événements, l’Italie a toujours su se tirer d’affaire. Jusqu’au gong fatidique, synonyme d'un joli pied de nez ! La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été le référendum britannique. Le Brexit a causé l’effondrement des valorisations bancaires italiennes, parfois jusqu’à -70%.
On assiste désormais à un massif mouvement sell-off sur les actions bancaires italiennes. La balance TARGET2 est proche des niveaux enregistrés en 2012, lors de la crise de la dette dans l’UE.
A ce stade, si des mesures radicales ne sont pas prises pour stabiliser le système bancaire, on court tout droit vers un risque d’implosion générale. Un autre choc de moindre envergure suffirait à déclencher une cascade de faillites bancaires en Italie.
Le coût de la recapitalisation des banques est estimé grosso modo à environ 40 – 45 milliards d’euros. Une des questions brûlantes est de savoir par quels mécanismes ces banques vont être recapitalisées ?
Les directives européennes ne garantissent les dépôts qu’à hauteur de 100 000 € pour chaque compte bancaire individuel. Les fonds de stabilité comme le MES ne doivent servir uniquement qu’en cas de dernier recours. Ils sont financés par l’ensemble des pays de la zone euro.
La commission européenne et certains membres européens tels que l’Allemagne ou les Pays-Bas sont à cheval sur la lutte (prioritaire) contre les déficits et souhaitent retarder un maximum l’échéance d’un renflouement des banques.
Au contraire, le gouvernement italien réclame de toute urgence un plan de sauvetage. Une position que partage également la BCE qui voit mal la situation se résorber en ne faisant rien.
Un scénario où les créanciers seraient redevables des dettes aurait des conséquences terribles. Un bail-in pourrait sérieusement affecter les bons du trésor italien et semer une panique bancaire. Aujourd’hui, les épargnants italiens détiennent près de 60 milliards d’obligations. 50% de cette somme sont dans la main d’environ 600 000 petits épargnants.
Les banques avaient présenté ces actifs à la population comme sans risques ou un risque égal à celui des dépôts. On est bien placé pour savoir que ceci est une aberration. Les banques ont ainsi abusé de la naïveté des épargnants.
Côte italien, il serait très mal venu pour Renzi de reproduire le mini séisme de fin décembre 2015. A cette époque, le gouvernement avait refusé d’indemniser les pertes contractées par les détendeurs d’obligations suite à la faillite de 4 banques régionales.
Depuis, les autorités italiennes ont refait machine arrière face au raz de marée contestataire. Les épargnants lésés seront remboursés. Tout cela, pour éviter des retombées politiques néfastes à court terme.
Au bout du compte, je pense que le gouvernement italien et la commission européenne se mettront d’accord sur un plan de sauvetage. Je ne crois pas que la commission puisse avoir l’intention de provoquer une crise politique (immédiate) en Italie. L’Allemagne finira par lâcher du leste. Elle est d’ailleurs confrontée à un problème de taille. La mauvaise santé financière d’une de ses plus grosses banques ; la Deutsche Bank affole beaucoup de spécialistes.
Détail encore plus inquiétant, ce chiffre de 150 milliards € annoncé... c'est le montant minimum nécessaire à mettre sur la table pour sauver les banques européennes.
Seule une conjoncture favorable permettrait de redresser la barre à longue échéance. La stabilité du système bancaire européen est en sursis. Sans des solides perspectives de reprise économique, les banques risquent la noyade. Et c’est ce sur quoi nous nous dirigeons, pas à pas…
Le FMI est plus que négatif quand il évoque le cas de l’économie italienne. Il n’envisage pas d’amélioration notable avant 2025. Les pauvres italiens, deux décennies fichues en l’air !
De toute évidence, la situation n’est plus pérenne, aussi bien économiquement que politiquement. Les jours de l’euro sont comptés. Je suis prêt à parier qu’il pourrait disparaitre d'ici 10 ans.
William Finck
PS : Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, j’ai réalisé un dossier rassemblant la liste des banques les plus sûres pour placer son argent. Vous trouverez aussi toutes les informations sur les devises alternatives à l’euro. Comment investir ? A quel timing ? Il est important de prendre des décisions concrètes dès maintenant. Il serait, en effet, regrettable d’être pris au dépourvu sans marge de manœuvre possible, surtout face à un scénario que l’on est capable d’anticiper.
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1 Commentaire
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vendredi, 29 juillet 2016 23:14
Posté par
zoulou2
Sortez l'argent de votre compte en banque, planquez le.
En novembre jusqu'a janvier 2017, ca va bouger avec l'election de Trump aux US.