Pour expliquer la montée des taux européens et la bonne tenue du marché obligataire américain, on a évoqué le manque de convergence des politiques économiques des pays membres. Cette hétérogénéité est pourtant en train de disparaitre sous la houlette de l’Allemagne et de Bruxelles qui imposent des plans de rigueur drastiques aux pays laxistes. Ces plans s'accompagnent de transferts budgétaires exprimés sous la forme de moratoires partiels sur les dettes absorbés par le secteur bancaire, lui-meme recapitalisé par les états souverains via le FSEF.
La différence des taux attribués par le marché aux USA et aux pays du sud de l’Europe ne peut désormais s’expliquer que par la politique de monétisation de la FED et le statut de monnaie de réserve du dollar.
Les achats de la Réserve fédérale dans le cadre de l’assouplissement quantitatif s’élèvent aujourd'hui à quelques 2000 milliards de dollars, soit 14% du PIB US.
L’Europe aurait pour l’instant acheté pour seulement 70 milliards d’obligations alors que son PIB est supérieur au PIB américain. Ce montant de dettes monétisées est probablement sous-évalué car la BCE poursuit en toute discrétion quelques achats d’obligations dans les pays du sud pour stabiliser les taux. Mais les montants en cause sont sans communes mesures avec les différents plans de quantitative easing américains.
L’Allemagne maintiendra une pression forte sur les états européens qui souhaitent rester dans la zone euro afin qu’ils adoptent une véritable orthodoxie financière. Elle n’acceptera qu'une monétisation réduite au strict minimum de façon à produire le moins d’inflation monétaire possible. En revanche les USA qui jouissent encore de la monnaie de réserve mondiale ne peuvent que poursuivre leur politique de monétisation de la dette et de dévalorisation compétitive sans subir pour l'instant de hausse du loyer de l'argent. Cette politique conduira inéluctablement à une perte de valeur du dollar contre l’euro.
Une fois plus, les catastrophistes qui prévoient une disparition de l’euro seront déçus. Contrairement à l’idée véhiculée aujourd’hui par les médias, je suis certain que l’euro est une monnaie plus sure que le dollar. Les marchés ne s'y trompent pas. La paire EUR/USD a finalement très peu baissé sur le FOREX.
Bonne semaine !