Au fait, j’ai oublié de vous dire : pour la taxe machin et l’impôt bidule, vous nous devez 300€, payables de suite, bien entendu.
Cette introduction vous rappelle quelque chose ?
Je suis toujours fort étonné de constater l’incroyable naïveté des gens lorsqu’on leur explique, pour tout programme politique, qu’on va faire payer les riches, et qu’on ira chercher l’argent là où il se trouve, c’est-à-dire, essentiellement, chez les autres. Il y a des variantes : on va demander à tous des efforts, mais rassurez-vous, ils seront proportionnels à ce que chacun peut faire. Après tout, on vise la justice sociale, et ça, voyez-vous, c’est l’assurance, surtout dans la bouche d’un politicien, qu’on est animé des meilleures intentions du monde.
Cela a marché pour Mitterrand, bien sûr. Il s’agissait de tailler les riches en pièces, avec force, mais tranquillité bien sûr. Cela a fonctionné pour Chirac aussi : sa justice sociale, c’était celle qui permettait de réduire la fracture de la même eau. Pour Sarkozy, il s’agissait surtout d’aller tous ensemble vers un bonheur sucré rendu possible précisément parce qu’on allait faire bien attention à qui on allait taxer. Et bien évidemment, pour Hollande, ce fut un grand changement, dès tout de suite maintenant là illico, puisqu’il s’agissait de trouver de nouveaux riches et de réduire de nouvelles fractures avec plus de justice sociale.
Aaaaaaah, quel délicieux parfum de solidarité, de saine ponction des riches et de belle redistribution généreuse vers les pauvres !
Les constats, cependant, restent obstinément les mêmes.
Le premier, c’est que décidément, si l’on s’en tient aux impôts et aux taxes, la France est bourrée de riches et, régulièrement, de nouveaux électeurs frétillant d’impatience à l’idée de taxer leurs voisins se découvrent du mauvais côté de la barrière. Eh oui, mon brave, vous êtes riche. Oh, pas autant que ceux qui ont compris comment la connivence fonctionnait, bien sûr, mais suffisamment en tout cas pour passer à la caisse. Par ici la monnaie, et merci de votre vote.
Le second, c’est à l’évidence que toute cette redistribution, c’est bien joli, mais ça ne marche pas tout à fait comme prévu ! Non seulement, le nombre de récipiendaires des aides diverses, des miséreux et des individus du mauvais côté du seuil de pauvreté n’a pas vraiment diminué, mais on peut le dire, il a carrément augmenté, et plus vite que la population ! Comment se fait-il ?! Pourtant, les impôts et les taxes indiquent clairement que le nombre de riches augmente ! Voilà qui est peu commun, non ?
Le troisième, c’est qu’en plus de ces ponctions et malgré toute cette efficace redistribution, on a maintenant accumulé une dette colossale ! Saperlipopette, mais que se passe-t-il ? Non seulement, on ponctionne les vivants, on ponctionne les morts, on ponctionne un nombre de « riches » de plus en plus grand, non seulement il y a quand même de plus en plus de pauvres, mais on ponctionne à présent les « pas encore nés » au travers d’emprunts de plus en plus pharaoniques et malgré tout, la population française ne baigne ni dans le bonheur, ni dans l’opulence !
Comment cela se peut-il ?
Fort pratiquement, le cas de la Chypre arrive à point nommé. Notez que le cas grec était là aussi pour démontrer à tous comment cela se passe, en vraie grandeur, mais personne ne semblait en avoir réellement pris conscience.
Eh bien d’une part, on découvre que « taxer les riches », c’est, en réalité, taxer les pauvres. Les riches, ils sont puissants, ils sont mobiles, et ils sont très peu nombreux. Les pauvres, ils sont très nombreux, mais, seuls dans leur coin, sont impuissants et très peu mobiles. Le calcul est vite fait.
D’autre part, Chypre démontre que, du point de vue de l’État, il est bien plus rentable de garantir les puissants (les banques, dans le cas qui nous occupe) que la population, et qu’à ce titre, tout est permis. Tout. Ne pensez pas que la situation française soit différente : portés là par les votes des pauvres qui réclament l’argent des riches, les détenteurs du pouvoir feront tout ce qu’il faut pour sauver leurs fesses. Et bien évidemment, ils expliqueront deux choses, toujours les mêmes, explications qui ont toujours fonctionné jusqu’à présent :
- si vous refusez de faire ce qu’on vous dit, ce sera le chaos,
- de toute façon, ne vous inquiétez pas : ce sont les riches qui vont payer.
Ce qui est inquiétant, c’est que tous, nous faisons un calcul entre le coût de ce chaos qu’on nous promet et le coût des taxes et des impôts qu’on va devoir payer. Nous avons tous notre seuil au-delà duquel la fuite ou le chaos deviennent préférables.
Certains ont déjà dépassé le seuil, et ont fui quand le chaos n’était pas une option. Et lorsqu’on leur demande, oui, ils trouvent bien que l’herbe est plus verte ailleurs. Sans mal, même : 90% des Français installés à l’étranger ne rentreront pas de si tôt : 40% ne souhaitent jamais rentrer, 30% ne rentreront pas avant plusieurs années et 20% attendront la retraite… On ne pourra pas les blâmer, parce que ceux qui sont partis connaissent le calcul de ceux qui sont restés : soit ces derniers, lassés d’être « riches », partiront à leur tour.
Soit ce sera le chaos.