Résumé des épisodes précédents
Depuis ses sommets de Septembre 2021, l’univers des cryptomonnaies s’est pris une déculottée vertigineuse, à la mesure d’ailleurs de son ascension spectaculaire.
Comme le précise cet article de CNBC, le « pic crypto » s’est produit il y a environ un an. Depuis l’univers des cryptos n’a cessé de dégringoler, tout au moins en valorisation.
Les ennuis ont surtout commencé avec l’effondrement de l’UST, un stablecoin, développé par Terra dont le PDG, Do Kwon est en fuite et recherché par Interpol.
Ce stablecoin, adossé en principe au dollar américain et qui se rêvait en tant qu’alternative crédible au BUSD de Binance, à l’USDC de Circle et surtout à l’USDT de Tether, permettait de bénéficier de rendements élevés.
La chûte de ce stablecoin qui n’avait de stable que le nom a fait s’écrouler le Luna, l’autre cryptomonnaie de Terra qui a perdu l’entièreté de sa valeur.
La baisse globale des cours qui s’en est suivie a conduit à la banqueroute de plusieurs acteurs, dont Celsius et le fond Three Arrows Capital.
Le fond 3AC (Three Arrow Capital) mené par Su Zhu et Kyles Davies, ayant parié sur un supercycle des cryptomonnaies s’est retrouvé avec des swaps autour d’un actif, le GBTC adossé au Bitcoin, mais qui présentait l’avantage d’être règlementé. Le GBTC s’échangeait à un prix supérieur au BTC mais nécessitait de rester bloquer pendant plusieurs mois, ce qui a conduit 3AC à se perte.
Celsius, une société dirigée par Alex Mashinsky s’est développée en effectuant des prêts avec intérêt de cryptomonnaies. Les utilisateurs pouvaient également déposer leurs cryptomonnaies sur cet échanges et y percevoir des intérêts.
Bien entendu, Mashinsky a passé énormément de temps sur les réseaux sociaux à expliquer que son business était parfaitement régulé, ce qui a malheureusement attiré un très grand nombre de novices dans l’univers de la crypto qui confiaient leurs économies à cette société.
A chaque problème, il était naturellement urgent de se désolidariser des sociétés qui se révélaient être des schémas de Ponzi.
L’année 2022 a été remplie de ces mises en faillite de sociétés, toutes créées moins de 5 ans auparavant et qui toutes mettaient en avant leurs procédures de contrôle.
La faillite de FTX
Depuis 2 jours, le monde des cryptomonnaies tressaille au rythme des rebondissements de l’affaire FTX.
Le revirement est total pour son emblématique PDG fondateur Sam Bamkman-Fried, aka SBF, qualifié de génie de la finance et des cryptomonnaies qui a surtout fait fortune grâce à une autre société, Alameda Research.
SBF vient rejoindre la cohorte innombrable de filous qui se sont crus capable de spéculer avec l’argent des déposants tout en faisant tenir son château de cartes.
Ce qui est effarant, c’est que lors d’un entretien quelques mois plus tôt, SBF avait annoncé lui-même que les prêts avec intérêt de cryptomonnaies correspondaient ni plus ni moins à un système de Ponzi.
La meilleure explication à l’affaire FTX se trouve dans cette vidéo de Grand Angle Crypto : https://www.youtube.com/watch?v=PgVklZ3rmLs.
On y apprend entre autres que FTX utilisait les dépôts de ses clients en collatéral pour financer les opérations d’Alameda Research, malgré les dénégations de SBF.
Après avoir tenté (ou fait mine) de racheter son concurrent, la société Binance, première place de marché du monde crypto, se retire et la laisse partir en faillite (« Chapter 11 »).
Ce qui était incroyable avec FTX, c’est la capacité de SBF a avoir attiré des investisseurs institutionnels de renom. On retrouve bien sûr toute la clique des loosers habituels à commencer par Softbank.
Les dépréciations n’ont d’ailleurs pas tardé, à commencer par Sequoia Capital qui a annoncé qu’il réévaluait son investissement à zéro.
Mais il semble aussi que certaines institutions qui n’auraient jamais dû se retrouver dans cette situation … y aient trempé des deux mains : Le Fonds de Pension des enseignants de l’Ontario avait investi au total 95 millions de dollars dans FTX
A ce jour, SBF (Sam Bankman Fried) qui vient de démissionner de son poste de CEO assure qu’il conserve un espoir de lever des fonds et de sauver sa société, mais lorsque la confiance est partie, il est impossible de la faire revenir en claquant des doigts.
Lorsqu’on regarde de plus près la structure du groupe FTX, il est incroyable de constater qu’il était structuré en plus de 130 filiales et implanté dans un très grand nombre de pays. Pas mal du tout pour une société créée en Mai 2019 … soit à peine plus de 3 ans d’existence.
D’ailleurs, c’est le truc avec ces boites : les PDG ont tous des têtes d’adolescents, les sociétés n’ont pas dépassé 5 ans d’âge et ils se retrouvent avec des milliards en gestion.
Voici la tête de Caroline Ellison, la CEO d’Alameda Research, largement responsable de la débâcle FTX. C’est une jeune fille de 28 ans, sans aucune expérience préliminaire à ce type de job.
Lire son interview est intéressant : on y apprend entre autres qu’elle est venue au trading car elle ne savait pas quoi faire de sa vie.
A ce jour, la valorisation boursière de l’ensemble du marché des cryptos est passé sous la barre des 900 milliards de dollars, dont une grande partie continue d’être occupée par le roi Bitcoin.
Le meilleur (le pire) est à venir.
Bien entendu, la chute de FTX qui était la deuxième place de marché au monde a provoqué son lot de furie et de désolation :
Et aussi, les sarcasmes de ceux qui se sont tenus à l’égard des cryptos :
Il semble maintenant acquis que le fond est atteint, car peu de personnes imaginent que Binance, le principal échange puisse à son tour faire faillite.
Sauf qu’à mon avis, le nettoyage des écuries d’Augias ne fait que commencer.
Et le plat de résistance n’a pas encore déposé sur la table. J’ai déjà parlé, y compris sur ce site du problème que représente le stablecoin USDT de la société Tether.
Tether est un cas d’école du schéma de Ponzi qui a, jusqu’à présent réussi à se faufiler entre les mailles du filet … et qui continuera sans doute à fonctionner pendant aussi longtemps que le genre d’aberrations ci-dessous sera effectif :
La purge doit se poursuivre. Elle ne s’arrêtera que lorsque tous les prétendus stablecoins auront prouvé qu’ils ont une vraie corrélation entre leur valeur en dollars et la valeur détenue. Et cela ne risque pas d’arriver vu les montants en jeu :
Il est beaucoup plus efficace de prétendre disposer de 69 milliards que de les détenir en vrai, surtout lorsque vous n’avez pas de siège social, que personne ne connait le nom de votre PDG et que tout votre fonctionnement est complètement opaque.
On peut dire la même chose des NFTs. Il y a eu un engouement extraordinaire avec ces produits et cela devrait se calmer le temps qu’ils reviennent à leur valeur intrinsèque : zéro (ou très peu).
La destruction de valeur des NFTs entrainera une destruction collatérale de la plupart des cryptos et une sortie des investisseurs opportunistes.
A la fin, il n’en restera qu’un.
Le choix de décider ou non d’investir dans les cryptomonnaies vous appartient. Par contre, si vous décidez d’investir dans des cryptomonnaies, pourquoi ne pas se poser les questions suivantes :
La crypto monnaie dans laquelle vous envisagez d’investir est-elle une monnaie décentralisée ou bien un moyen d’échange décentralisé permettant d’écrire des contrats intelligents ?
Dans ce dernier cas de figure dans lequel on placera Ethereum, Cardano, Polkadot, Tezos … Ces projets devraient-ils être valorisés comme monnaie ou bien comme une entité porteuse d’un projet de développement ? Et si c’est le cas, il faut s’intéresser aux revenus, aux bénéfices, aux perspectives de croissance. A mon avis, poser la question, c’est déjà y répondre.
Reste les projets cryptographiques qui se focalisent uniquement sur la problématique de proposer une monnaie alternative, fonctionnelle et décentralisée.
C’est le cas du Bitcoin, du Ripple, du Stellar Lumens, du Monero,…et de bien d’autres.
Encore faut-il que cette cryptomonnaie fonctionne en adéquation avec un monde dans lequel les ressources sont finies, et cette fois la liste des véritables prétendants est bien plus courte.
Pendant que la plupart des projets de cryptomonnaie décentralisée s’efforcent de faire croître leur nombre d’utilisateurs ou de faire valoir ses caractéristiques ( par exemple de confidentialité dans le cas de Monero, Zcash,…), Bitcoin continue son développement, comme indifférent à sa propre valorisation. Abandonné par son créateur, Bitcoin est de fait, la seule cryptomonnaie véritablement décentralisée, qu’aucun échange ne peut se permettre d’ignorer.
La manière dont le développement de Bitcoin se poursuit, imperturbable aux soubresauts de sa propre valorisation est illustrée tout particulièrement par la manière dont s’est faite, presque en catimini, l’adoption d’Erlay, une proposition pour améliorer algorithmiquement la gestion de la bande passante entre nœuds bitcoins pour relayer les transactions non encore confirmées.
Il s’est écoulé plus de 3 ans entre la première proposition de mise en oeuvre d’Erlay au travers d’un document B.I.P. (Bitcoin Improvement Proposal) et l’implémentation effective dans le code (Bitcoin Core), ce qui prouve à quel point la manière de modifier le code est précautionneuse.
Le code d’Erlay est passé au travers d’années de discussions et de révisions avant d’être ajouté aux nœuds, ce qui prouve le niveau de sérieux des personnes qui travaillent sur le projet Bitcoin.
Il s’agit d’un projet visant à améliorer la monnaie telle que nous la connaissons. Donc chaque étape doit être mûrement réfléchie.
Si vous souhaitez investir dans une cryptomonnaie, rappelez-vous que vous ne faites rien d’autre que d’échanger votre argent exprimé dans votre monnaie d’usage ( euro, dollars US, franc suisse) contre une autre monnaie qui vous semble plus prometteuse sur le long terme.
Un peu comme si vous échangiez des yens contre des dollars.
A la fin de vos réflexions, lorsque vous aurez passé un temps infini à soupeser la validité de tel ou tel argument, il ne vous restera que 2 options :
· Soit vous n’investissez pas dans les cryptos.
· Soit vous investissez dans le Bitcoin et vous prenez le temps de maitriser l’écosystème, c’est-à-dire que vous possédez vos coins (vos clés privées) si possible, vous faites tourner votre propre « nœud bitcoin » et vous ne vous préoccupez plus de la traduction du cours en monnaie fiduciaire.
En somme, vous en revenez à la philosophie originelle de Satoshi Nakomoto.