Alors, est-ce si simple de spéculer sur du terrain agricole ?
Oui et non…
Oui dans le principe, pas tout à fait dans l’application.
Il faut tout de même connaître un certain nombre de choses, citons-en quelques-unes :
- quels sont les terrains à fuir car ils ne deviendront jamais constructibles ?
- comment utiliser les documents mis à votre disposition ?
- quels sont les critères à retenir dans le choix d’un terrain ?
- quels seront vos interlocuteurs incontournables ?
- à qui devez-vous refuser de louer votre terrain, pour ne pas courir le risque de voir s’envoler vos bénéfices ?
- Quelles sont les villes et les régions à privilégier ?
Vous allez devoir vous montrer astucieux.
Les mairies, les régions et différentes autorités, tentent depuis des années de réguler la croissance des villes et villages.
Il existe donc différents plans de développement dont la conséquence indirecte devrait être de rendre difficile la spéculation sur du terrain agricole ; en effet, la ville ne doit se développer que dans les zones prédéfinies …
Mais il suffit de regarder 10 ou 20 ans en arrière pour voir que ces plans sont constamment pris en défaut (la preuve : sinon, il serait inutile de les modifier si souvent !)
Prenons quelques exemples :
· Qui aurait prévu l’effet TGV (la flambée des terrains situés près des villes desservies par les nouvelles lignes TGV, principalement dans le sud) ?
· Qui aurait pensé qu’un terrain rocailleux, venté, loin de tout, serait une aubaine pour implanter des éoliennes ?
Certes, là, il s’agit d’une construction particulière, avec une forme de location du terrain, mais c’est aussi très profitable. Idem pour les lacs ventés devenus des spots très fréquentés par les amateurs de planche à voile et autre kite-surf, ou les sites désertiques écrasés de soleil (pour le photovoltaïque, bien que cette dernière piste soit provisoirement moins porteuse).
· Qui aurait prévu que, à cause du développement des vols low-costs, les Anglais allaient envahir certaines régions (Alpes, Lubeyron) et faire exploser les prix ?
· Qui aurait deviné que La France deviendrait championne du monde de la résidence secondaire ?
L’implantation d’une grosse usine (comme Toyota, à Valenciennes) ou d’un gros centre (de recherche, comme Iter) crée une énorme demande qui oblige à adapter les fameux plans…
Brusquement, il faut loger des milliers de personnes, il faut libérer des espaces pour la sous-traitance, il faut rendre constructibles des terrains que l’on n’avait pas prévu de rendre constructibles !
A plus petite échelle, on retrouve les même conséquences ; si, dans une petite commune, s’installe une grande surface, se crée une usine d’embouteillage ou s’ouvre un petit aéroport, il faudra bien libérer des terrains pour héberger les salariés ou retenir les touristes.
A encore plus petite échelle, si vous achetez une maison qui est à la limite d’un terrain non-constructible, il peut être intelligent de l’acheter : au pire, vous en ferez un très grand jardin, au mieux, si cela devient constructible, vous pourrez diviser votre parcelle, voire faire un lotissement !
Voici deux exemples réels :
· Les heureux propriétaires de terrains situés à proximité de (futurs) grands parcs d’attraction ont ainsi vu le prix du mètre-carré passer de moins d’un euro à plusieurs dizaines d’euros !
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· A Geipolsheim, dans le Bas-Rhin, des terres agricoles valant 0,61 € le m2 ont été vendues 15 €, soit 24 fois plus lorsqu’il a fallu créer des routes d’accès à l’aéroport voisin.
Gilles Boulet, fondateur de la revue ARRONDIR SES FINS DE MOIS et du site www.commentspeculer.com