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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

« L'exception in-kulturel française!»

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Nombre de commentaires : 1 réaction
virgin 


Mes chères contrariées, mes chers contrariens !

Je pense que, comme tous les gens normalement constitués, les événements du Trocadéro sont choquants et à plus d’un titre. Comme cela n’a rien d’économique, je ne développerai pas ce sujet. Néanmoins, cela pose la question du comportement et de l’éducation des gens.


Ces légers problèmes de bienséance sur la voie publique ne sont plus l’apanage d’une petite minorité de supporters excités.


C’est un article de Rue89 qui va nous permettre d’aborder cette thématique de façon purement économique.

Les soldes avant fermeture de Virgin

Suite à la chute des ventes de produits comme les disques, enfin les fichiers MP3 comme il faut dire maintenant, et la montée en puissance des sites de ventes par Internet, de nombreuses enseignes traditionnelles qui n’ont pas su s’adapter ferment toutes les unes après les autres.

Vous remarquerez au passage que ce ne sont pas les salariés qui n’ont pas su prendre à temps des virages stratégiques mais bel et bien les dirigeants de ces entreprises qui n’ont pas su faire face au changement, qualité qu’ils réclament pourtant doctement à leur personnel. Encore une fois, la qualité des managers n’est jamais remise en cause, pourtant, lorsque de grosses sociétés comme Virgin, qui ferme purement et simplement, ou comme Darty, qui finira par suivre avec son contrat de confiance qui va partir aux oubliettes, sans oublier la FNAC, qui se meurt en vendant désormais des Georges Clooney (c’est-à-dire des Nespresso), c’est bien une absence de vision des directions générales qui conduisent ces entreprises dans le mur.

Scènes d’apocalypse dans le Virgin des Champs-Elysées et partout en France

Alors lorsque le Virgin ferme et annonce la liquidation de ses stocks sur le mode tout à -50 % et tout doit disparaître, nous obtenons des scènes de pillages, d’affrontement, de haine, et de déferlement d’une espèce de populace lobotomisée à la consommation de masse par quelques décennies d’inculture crasse avec le résultat que vous pourrez visualiser sur les vidéos accessibles sur le lien ci-dessous.

C’est édifiant ! Une ruée hallucinante d’une foule qui tente de se gaver d’aïe-trucs comme les aïe-Phones, les aïe-Pad, les aïe-Pod, et autres aïe-débilités. Vous les verrez prêts à tuer père et mère, et je ne vous raconte pas les sentiments à l’égard du voisin de rayon ou du vendeur perché avec son mégaphone sur un tabouret pour tenter de ramener désespérément le calme.

Plusieurs enseignements sont à tirer d’une telle situation

Tout cela a été parfaitement écrit et décrit depuis des siècles. L’un des ouvrages les plus anciens relatifs à ce sujet étant le livre de Gustave Le Bon La psychologie des foules. Il n’y a pas plus con et dangereux qu’une foule en délire, qu’elle soit composée de hordes de crétins décérébrés de banlieue, « célébrant » une vague coupe du PSG, ou une horde de consommateurs en furie. Il y a, à l’arrivée, très peu de différence comportementale alors que manifestement la « sociologie » de la foule est différente dans les deux cas.

Deuxième enseignement, ces scènes d’hyperconsommation ne sont pas une première. Chaque année, au moment des soldes, je reste médusé par ces groupes de fous furieux capables de ramper sous un rideaux de fer de grande surface qui commence à peine de se soulever pour se ruer sur l’écran plat tant convoité en le prenant dans les bras, le serrant de toutes ses forces comme si sa vie en dépendait.

Nous avons été avilis tous autant que nous sommes à ce simple rang de consommateur. La possession est devenue notre seule raison d’être et d’exister. Si nous ne pouvons pas avoir, nous ne pouvons plus être. Cette surconsommation, qui n’est en aucun cas la voie au bonheur, est devenue la norme, de même que s’abrutir plusieurs heures devant des programmes de télé plus débiles les uns que les autres. Là aussi, c’est devenu tellement « normal » qu’à l’école (laïque, publique et républicaine), et je parle de la maternelle de mes enfants, on pose nos petites têtes blondes devant l’écran lorsqu’il pleut pour des séances de lobotomisation collective devant le petit écran, et ce n’est pas pour regarder un reportage éducatif. Forcément, il pleut. Quand il pleut, des enfants ne peuvent pas courir dans une cour de récréation… Alors pour les « relaxer », à moins que ce ne soit pour relaxer les maîtres, tout le monde devant la télé. Quel calme. Un enfant devant un écran est en enfant qui vous fout la paix. Voilà la réalité.

Nous conditionnons nos enfants dès leur plus jeune âge à devenir ces hyperconsommateurs, décérébrés et ne croyant plus en rien, et d’ailleurs devenus incapables de tout raisonnement.

Troisième enseignement, et c’est sans doute le plus important en ce qui nous concerne dans ces colonnes, lorsque que vous voyez un déferlement aussi important de haine, car il s’agit bien de haine, uniquement pour quelques produits inutiles et soldés, je vous laisse imaginer ce qui se passerait si tous ces gens avaient faim, je ne sais pas moi, par exemple parce que les banques seraient fermées quelques jours ou quelques semaines, par exemple comme à Chypre, et par exemple parce que les banques n’iraient pas bien, même si notre Président nous « confirme avec certitude que la crise financière est derrière nous » !

Là, mes chers amis, si un tel événement devait se produire, j’espère vraiment que vous avez suivi nos conseils et rempli un peu votre plan épargne boîtes de conserve qui vous évitera de devoir affronter cette foule en délire qui n’hésitera pas à tuer un concurrent qui convoite la même pitance, à savoir un paquet de nouilles de marque de distributeur. Le dernier des rayons et il n’y en aura qu’un qui mangera ce soir…

Je ne sais plus qui disait que « seuls 3 repas séparent le monde de l’anarchie ». Ce qui est vrai pour la bouffe l’est également devenu pour les aïe-trucs à -50 % qui se revendent comme des petits pains sur le Bon Coin !

La culture et l’éducation doivent revenir au centre des préoccupations

Au moment où les députés votent la loi Fioraso sur les cours en langue anglaise dans nos universités pour rendre les facs françaises attractives, il faut bien se rendre compte que derrière l’exception culturelle française, nous faisons face en réalité à la normalité in-culturelle !

Réduction de pensées complexes à 140 caractères grâce aux pôgrèès de Twitter.

Réduction de la pensée à travers un « mauvais anglais » extrêmement réducteur venant saper la richesse de la langue française.

Réduction de la pensée à travers une école s’apparentant de plus en plus à une garderie qu’à un lieu d’apprentissage des savoirs.

Réduction de la pensée via les SMS sur le même principe que Twitter.

Réduction de la pensée via les séances de lobotomisation collectives de la télé en particulier des émissions de télé-réalité et les séries made in América où le but du jeu est de vous faire partager au plus près le travail du médecin légiste qui découpe des macchabées en gros plans, que ce soit celui des experts Miami, New-York, San Francisco ou Los Angeles. Même les séries françaises découpent leur cadavre, je pense à la dernière en date sur laquelle je sois tombé « Jo » !

Réduction de la pensée, augmentation de la violence à la télé, tout cela nous conduit inexorablement vers une réduction massive de l’intelligence collective à laquelle personne ne trouve rien à redire.

C’est plus de 3 000 études scientifiques qui montrent toutes la même chose, à savoir que l’augmentation de la violence dans les rues est liée à l’augmentation de la violence télévisuelle (les jeux vidéo c’est pareil).

Nous avions moins de violence dans les rues lorsque les gamins regardaient Sissi impératrice ou La maison dans la petite prairie (ou l'inverse). C’est une évidence.

Je vous conseille de voir, de revoir, et de faire passer cette excellente conférence de Michel Desmurget dont vous avez le lien ci-dessous sur les ravages de la télé sur nous et encore plus sur nos enfants.  Il est à noter d'ailleurs de plus en plus d'initiatives prises par des enseignants "résistants" pour des semaines sans écran ou sans TV !

Oubliée l’économie de la connaissance dont on nous rabâche les oreilles !

Il faut former pour être compétitif dans ce nouveau monde de l’économie de la connaissance !

Il faut innover ! Déposer des brevets !

Il faut être créatif !

Il faut monter en gamme pour faire comme les Zallemands !

Mais tout cela demande de la culture, du savoir, à un moment où nous ne donnons qu’une sous-kulture au plus grand nombre.

Pourtant, actuellement, que ce soit à Paris ou en Province, dans chaque magasin Virgin, c’est le même spectacle pathétique qui se reproduit et je dois vous le dire cela me remplit d’une très grande tristesse pour l’avenir de notre pays qui fera face à des difficultés économiques de plus en plus importantes.

La « disette » de croissance sera insupportable pour tous ces gens. Pourtant, on ne peut pas dire que tout cela manque d’énergie !

La seule chose qui me vienne à l’esprit lorsque je contemple de ce genre de choses, c’est que nous sommes devenus lamentablement et collectivement inkult !


Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/

Ceci est un article 'presslib', c'est à dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, Directeur des études économiques.  Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitementwww.lecontrarien.com 


http://www.rue89.com/2013/05/16/soldes-a-virgin-etes-comportes-comme-pourritures-242388

http://www.boursorama.com/actualites/virgin-3-jours-de-destockage-et-des-objets-casses-b29ab37390d572fec99c9fc74b7659fa

http://youtu.be/NvMNf0Po1wY

Michel Desmurget




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1 Commentaire

  • Lien vers le commentaire JOhn lundi, 20 mai 2013 18:25 Posté par Stark

    On devrait être plutôt satisfait que les "gens" se bousculent pour acheter des biens de consommations accessoires plutôt qu'ils aient à s'étriper pour de la nourriture non ??