Acrithène
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Acrithène est doctorant en finance, auteur d'un blog où il tente de combler le fossé séparant la science économique du grand public.
Le Blog d'Acrithène
Les journalistes, leur anglais et l’économie
Audience de l'article : 2198 lecturesMais ce qui m’intéresse dans cet évènement, c’est l’opportunité de dénoncer ma profession subventionnée préférée : les journalistes. Ces gens qui pour beaucoup n’ont aucun scrupule à écrire pour des dizaines de milliers de lecteurs des articles sur des sujets dont ils ignorent le B-A-BA. Et je ne parle pas ici d’une incompréhension légère qui ne devrait intéresser que les spécialistes.
Le prix récompense Jean Tirole « for his analysis of market power and regulation ». Il n’y avait que six mots à traduire correctement. Et Google Translate proposait une traduction acceptable. Pourtant, le journaliste du Monde, se déclarant « spécialisé en macroéconomie et finance » a traduit littéralement « market power » par « pouvoir du marché ». Comme s’il avait lu « power of markets ». Puis, il a écrit au moins deux pages sur le sujet.
Le souci est que le « market power » (« pouvoir de marché ») désigne la capacité d’une entreprise à imposer son prix au marché. Il est donc davantage question de l’impuissance du marché et du besoin de régulation qui en découle. En somme, il s’agit d’un contre-sens total. Mais surtout d’une preuve de l’ignorance d’un concept assez répandu et dont toutes les entreprises se soucient. Après tout, la recherche « market power » renvoie pas loin de trois millions de pages sur Google !
Les journalistes de Libération, du Point, des Echos, du Huffington Post, de France3, de France Inter, etc. se sont montrés encore plus limpides dans leur incompréhension totale du sujet évoqué en traduisant « market power » par « puissance du marché ».
Évidemment, on pourrait juste s’amuser avec cynisme de la situation. Après tout, ces journalistes écrivent des chapeaux d’articles dans lesquels ils démontrent qu’ils ne savent même pas de quel sujet ils sont censés parler. C’est ensuite sans complexe qu’ils écrivent deux pages et signent de leur nom. Et le tout passe comme une lettre à la poste (disons allemande) malgré des milliers de lecteurs.
Cela en dit long sur le niveau d’anglais et de culture économique en France. Aussi on comprend mal pourquoi ces gens qui produisent des externalités négatives (de la pollution intellectuelle) sont subventionnés à le faire et bénéficient d’une niche fiscale sur l’impôt sur le revenu. Certes, la liberté d’expression doit protéger le droit d’écrire des âneries. Mais rien ne justifie que le contribuable paye pour cela. Comme pour La Poste (française cette fois), il est urgent de soumettre la presse à la puissance du marché. Il n’y a aucune honte à ignorer des choses. Il y en a davantage à l’étaler dans les journaux. Et encore davantage à prendre l’argent de ses concitoyens pour cela.
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