La Roumanie a imposé les mêmes restrictions ou presque que la France. Les écoles et universités ont fermé plus tôt, le confinement général a été décrété deux ou trois jours après la France. Les deux premières semaines étaient vraiment spéciales, avec plus personne nulle part. Puis, le pays s'est habitué. Depuis quelques jours, il y a un peu plus de circulation et d'activité, même si cela reste globalement très bas.
La crise et ses conséquences
Il m'a fallu du temps pour reprendre mes esprits et commencer à comprendre ce qu'impliquait cette crise. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cela va faire mal, très mal! Notre niveau d'activité remonte un peu, nous sommes actuellement à 30-40% de l'activité habituelle sur avril (contre 10% à fin mars). J'espère atteindre 50 à 60% à fin mai. Il est à présent très clair que nous mettrons plusieurs mois à retrouver une activité satisafaisante. Toute la question sera de savoir ce que veut dire satisfaisante! Et mon instinct me dit qu'il est peu probable que nous retrouvions avant un long moment les niveaux d'activités de 2019.
J'ai passé la dernière semaine à aligner des chiffres et reprendre tous les coûts de l'entreprise. Evidemment, difficile de prévoir les recettes, mais des hypothèses peuvent être assez facilement imaginées. Il m'a fallu prendre des décisions difficiles dès le début de crise.
- La première, qui a sauvé nos mois de mars et d'avril, arrêter TOUTE l'activité dès le début de la crise et limiter au maximum nos pertes. Il est très facile et rapide de faire des pertes dans le transport... J'espère que le pire de la crise (en tout cas sur le niveau d'activité) est passé et que l'activité pourra un peu se redresser.
- Appeler tous mes clients pour avoir leur avis sur la suite et surtout, sur leur niveau d'activité. Cela devrait s'améliorer dans les prochains temps.
- Procéder aux premières suppressions de postes, étant donné que le dispositif de chômage partiel n'existe pas ou très peu en Roumanie.
- Préparer un plan d'économie drastique (personnel, investissement) qui variera en fonction du niveau d'activité.
- Me séparer rapidement de certains véhicules qui sont devenus inutiles.
- Revoir tous les plannings des équipes et jouer sur les congés, repos et dispositif de chômage partiel qand ils sont disponibles.
- Doubler notre trésorerie via des crédits de trésorerie.
Je dévore en ce moment un maximum d'informations économiques et politiques et je pense ne pas m'être trompé dans mes dernières prévisions. Nous essaierons d'abord d'aller vers plus d'Europe et de coordination. Les politiciens n'ont pas le choix sur ce plan là s'iils ne veulent pas (trop) s'exposer à de gros troubles sociaux.
Comme je m'y attendais, les règlementations européennes dans le secteur vont changer encore plus rapidement que prévu pour tenter de protéger les entreprises des pays de l'Ouest. J'ai commencé à me préparer à cela. Cela provoquera un changement majeur dans mon business model, mais ce n'est pas ça le plus important. Le plus important est de voir le changement, de l'accepter même s'il ne plait pas et enfin de s'adapter.
Nous ne sommes qu'au début de cette crise. Vu son ampleur, je pense que nous en subirons les conséquences pendant les 5 voire 10 prochaines années. On a pu voir cette semaine les premières compagnies aériennes annoncer leurs premières suppressions de postes, et ce n'est que le début: l'aéronautique, le tourisme, le transport de personnes seront touchés de plein fouet et à mon sens, l'automobile et le bâtiment le seront aussi. Je n'imagine pas les consommateurs faire des investissements s'il a peur de l'avenir. L'économie est une histoire de confiance dans le futur!
Dans le transport par exemple, qui est un secteur très atomisé avec énorméent de PME, les premières victimes de la crise commenceront à apparaitre à partir de juin ou juillet cette année, pour la simple et bonne raison que les entreprises ont pour la plupart seulement 1 à 2 mois de CA en trésorerie. En clair, si les banques n'ont pas accordé de crédits à ces entreprises, elles n'auront JAMAIS les fonds pour reprendre une activité (il faut bien sûr avoir un à deux mois de trésorerie avant d'encaisser les premiers règlements clients). Pour faire simple, SEULS les plus forts, les plus agiles et les plus malins survivront à cette crise!
N'oublions pas non plus qu'un fort mouvement de concentration avait été amorcé dans les secteur ces 4 ou 5 dernières années, du fait du départs en retraites des baby boomers. A qui un baby boomer pourra-t-il vendre sa société en pleine crise économique, et surtout à quel prix? Des opportunités apparaitront invariablement, comme avec toute crise. Il suffit d'être attentif!
Je suis également convaincu que si le déconfinement démarre en France le 11 mai, c'est pour la bonne et simple raison que l'état ne peut se pas se permettre de telles dépenses pendant longtemps. Si je pousse le raisonnement jusqu'au bout, je suis amené à penser qu'un second confinement ne sera pas faisable économiquement, vu la situation économique. Je suis prêt à parier que même en cas de second confinement qui serait indispensable, on ne le fera pas, pour la simple et bonne raison qu'on ne porra pas le financer... Très logiquement, je me dis que cette crise fera nombre de chômeurs, qui chercheront à se reconvertir.
N'y aurait-il pas ici une nouvelle opportunité? Vu l'effroyable inculture économique française, vendre de l'expertise en entreprenariat ne seriat peut être pas idiot!
Malgré les difficultés qui arrivent, je ne peux pas m'empêcher de penser: vivement la suite!
Jean-Noël
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