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Jean Noel Heb

Jean Noel Heb

Entrepreneur dans l'âme, j'aime la liberté. J'ai besoin de me sentir libre pour exister et être heureux. En 2016, je fais le choix de m'expatrier en Roumanie pour y monter mon business.

Chroniques d'un entrepreneur expatrié: business malgré les restrictions

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Situation sanitaire qui se dégrade en Roumanie

Trois mois après mon dernier édito, ce que j’avais écrit se concrétise. Les gouvernements n’ont pas réussi à circonscrire l’épidémie de Covid, pour la simple et bonne raison que les populations supportent et respectent de moins en moins les restrictions. La Roumanie en est un parfait exemple, où les week-ends, les restaurants ouvrent leurs salles, alors même que seules les terrasses sont censées être ouvertes. Comment leur en vouloir ?

La seule alternative plausible à ce gigantesque bordel, c’est la vaccination (que l’on soit pour ou contre est un autre débat). Mais encore une fois, vu que ce sont des fonctionnaires qui s’occupent du déploiement, l’exécution est pour le moins… disons difficile ! Bizarrement, en Roumanie, les anti-vaccins sont bien moins virulents qu’en France. En Roumanie, il n’y a pas de sécurité sociale, donc quand vous allez à l’hôpital, vous payez de votre poche ! Cela change tout à la réflexion ! Comme d’habitude, beaucoup de gens se revendiquent libres sans vouloir en assumer les conséquences. Finalement, c’est comme la richesse. Pleins de gens veulent devenir riches, mais très peu sont prêts à faire les sacrifices pour !

La Roumanie ayant moins de moyens que nombre de pays européens, elle n’a pas pu fermer son économie comme d’autres. Sauf que depuis quelques jours, cela devient vraiment compliqué, au niveau sanitaire. Au programme du week-end, nouvelles restrictions, dont confinement le week-end… On va encore bien se marrer ! Heureusement que je peux aller au boulot !

Mais des projets qui se concrétisent

De mon côté, mes projets avancent plutôt bien. Nous démarrons la semaine prochaine les premiers chiffrages pour un nouvel entrepôt, puisque nous avons pu trouver un terrain ! Objectif : avoir un projet ficelé et un permis de construire d’ici la fin de l’année. Cela laisse de belles perspectives, surtout vu nos derniers chiffres et les discours de nos clients. Si nous continuons sur notre lancée cette année 2021, nous atteindrons les objectifs que j’envisageais d’ici deux à trois ans !
Cela est dû à plusieurs facteurs, le premier étant conjoncturel. Comme je l’écrivais, l’industrie et le bâtiment ont récupéré une partie de l’activité perdue dans les secteurs touchés par les restrictions. Tout le monde croule sous les commandes, on commence à manquer de matériel pour les honorer. Dans le bâtiment par exemple, on en arrive à une possible pénurie de bois ou de fenêtres, sans parler de la pénurie de main d’œuvre ! A mon sens, la situation restera la même tant que les restrictions de circulation dureront. Il devrait logiquement y avoir une baisse d’activité pour moi quand les restrictions disparaitront (si elles disparaissent évidemment).
D’un autre côté, les tendances de fond sont toujours à l’œuvre, et la difficulté à trouver de la main d’œuvre recommence à se faire sentir, en particulier en France. Je constate tous les jours que mon modèle est le bon, puisque je n’ai presque plus de souci de recrutement depuis environ 6 mois.

Au quotidien, j’ai plusieurs signaux me disant que mes clients seront « polis » avec moi dans ces prochains temps. Nous recevons des demandes de devis ou des appels d’offres pratiquement tous les deux jours. En 15 ans, je n’ai pas le souvenir d’en être là aussi tôt dans l’année (la haute saison démarrant pour nous en avril pour finir en septembre)! Il ne nous reste donc qu’à continuer notre conquête commerciale pour progresser. Pour cela, nous nous servirons de notre base de données commerciales, créée par mon père, avec 30 ans d’historique. Notre fonctionnement est simple, on travaille tous les jours sur la base d’anciens clients, et on se tient prêts à répondre à ceux qui arriveraient par eux-mêmes. En faisant un rapide calcul, travailler avec 30% de nos anciens clients, représenterait une augmentation de CA de 50% !

La main d’œuvre, ressource de plus en plus rare

Je suis de plus en plus convaincu que, demain, le problème ne sera plus de trouver un client, mais d’avoir la main d’œuvre pour réaliser le boulot en assurant une qualité de service correcte et constante au client ! Je vends un service de proximité aux industriels, je me dois donc d’être bon toute l’année. A mon sens, le seul et unique moyen de surmonter cet obstacle est simple, mais excessivement compliqué à mettre en place : Partager la valeur avec les salariés ! En partageant les revenus, vous vous assurez non seulement la paix sociale, la fidélité de vos salariés, puisqu’ils savent bien qu’ils ne pourront pas avoir d’aussi bonnes conditions ailleurs, mais également la compétence, puisque vous pouvez être exigeant sur la qualité du travail fourni. C’est du simple bon sens que de mettre cela en place dans son entreprise ! La compétence du dirigeant sera ensuite de vendre ce modèle économique à sa clientèle, tout en s’assurant que le contexte économique ne change pas de direction. Ce modèle ne peut être valable que dans un contexte de baisse de la concurrence et de concentration d’un secteur.

J’ai également expérimenté la difficulté de perdre du poids, et surtout pourquoi le business des régimes est tellement lucratif… Je travaille depuis six mois maintenant avec un nutritionniste. J’ai perdu environ 12 kilos depuis octobre dernier, en faisant du yoyo sur les 2 derniers mois. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la perte de poids est une activité exigeante, surtout en terme de discipline ! Vous sortez ne serait-ce que deux repas sur la semaine de votre plan d’alimentation, et la semaine de travail et de discipline est foutue ! Pas étonnant que le business de la minceur soit aussi gigantesque !

Je me suis assez bien repris depuis trois semaines, puisque mon poids recommence à baisser régulièrement, mes performances physiques augmentent et surtout, je me sens beaucoup mieux physiquement. Le travail que je mène depuis deux ans avec mon coach commence à payer. Je dis souvent que mon coach est l’un des plaisirs que la Roumanie m’a apportés, puisqu’il ne me coûte qu’environ 150 Euros par mois. Impossible de trouver ce rapport qualité-prix en France ! Et par conséquent, impossible de progresser aussi rapidement et surtout aussi longtemps !

Travailler sur le temps long est d’une importance capitale pour qui veut progresser

Je trouve certaines choses étranges et l’une d’entre elles, c’est que peu de gens font des plans de vie sur plusieurs années. On surestime souvent ce que nous sommes capables de réaliser en un an, mais on sous-estime également beaucoup ce qu’il est possible de faire en dix ! Par exemple, j’ai mis 7 ans à me former pour devenir chef d’entreprise et reprendre la société familiale. J’ai repris le sport sérieusement il y a deux ans pour retrouver une santé et une vitalité correcte mais je ne commence à avoir des résultats sérieux que maintenant. Le plus difficile là-dedans pour moi est qu’il n’y a qu’un seul moyen de progresser : l’entrainement, c’est-à-dire la répétition, encore et encore. Cela doit être pour ça que le changement est si difficile à atteindre pour l’être humain. Sauf quand on le lui impose…

Jean-Noël
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2 Commentaires

  • Lien vers le commentaire Jean Noel Heb lundi, 29 mars 2021 14:00 Posté par Jean Noel Heb

    Bonjour Fab,

    Le vrai problème n'est pas de trouver des salariés. Il est de trouver de BONS salariés.

    La réalité crue du terrain est simple mais assez inavouable en France... Les seuls qui sont régulièrement sur le marché du travail sont les salariés qui sont mauvais (que ce soit en terme de compétence (le moins grave puisque cela se travaille) ou en terme d'implication personnelle (c'est le pire, on ne peut pas changer une personnalité). Les bons, eux, ont déjà un job et doivent donc être débauchés.

    De plus, mon entourage ne veut pas me croire quand je lui dis que la plupart des gens ne cherchent pas un travail mais un salaire. En clair, quand on a plus envie de bosser, on demande une rupture conventionnelle et on va glander deux ans au chomage (j'ai vu cette situation plusieurs fois). Ce sont souvent ces gens-là qui ne comprennent pas pourquoi ils n'avancent pas dans leur carrière ou leur rémunération.

    Il ne faut pas non plus oublier que la profession de chauffeurs routiers est certes peu qualifiée (formation équivalent à un BEP), mais elle est aussi et surtout difficile (que ce soit sur les horaires ou physiquement pour certaines spécialités, dont la nôtre).

    La seule manière de remédier au problème et d'améliorer les conditions de travail dont le salaire et de surenchérir par rapport à la concurrence.

    Il y a effectivement eu un effet avec la crise sanitaire, mais il aura duré moins de six mois. Et quand une entreprise se sépare de personnel, elle commence par les mauvais et les vieux. On a là une tendance conjoncturelle qui va à l'encontre d'une tendance structurelle sur le marché du travail. Dans tous les cas, la crise du Covid n'aurait fait qu'atténuer, pendant un moment plus ou moins long, le problème des RH dans les PME. Elle n'inversera jamais la tendance structurelle.

    Jean-Noël

  • Lien vers le commentaire Fabrice lundi, 29 mars 2021 07:52 Posté par fabulousfab

    Bonjour Jean-Noël,

    Merci de nous tenir informés, tu es le seul d'OE à exercer une activité "non virtuelle".
    En revanche, je suis étonné par ton analyse sur la main d'oeuvre. Avec la crise provoquée par le coronavirus, je pensais que tu n'aurais pas de difficultés à trouver, surtout dans ton secteur où la main d'oeuvre n'est pas très qualifiée.