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Gilles Lerat

Gilles Lerat

Ingénieur de formation, j’ai sauté dans le bain de la création d’entreprises dès ma sortie de l’école. Je me suis spécialisé dans la sécurité informatique. Après avoir revendu ma société à un groupe informatique, je me suis dirigé vers le cinéma, ce qui n’est peut-être pas la meilleure option, compte tenu de l’environnement économique actuel.

Je suis à la fois émerveillé en permanence par les prouesses technologiques actuelles et extrêmement inquiet des défis qui nous attendent sur les plans énergétiques, économiques, et surtout sur le plan démographique.

Entreprendre dans le milieu du cinéma - Introduction

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Quelques petits rappels utiles.


Cocorico ! Le cinéma est une invention française (comme la TVA et sans doute les fonctionnaires d’ailleurs). Comme quoi, on ne fait pas que des bêtises dans ce pays.

Bien que nous ayons très rapidement perdu le leadership au profit des américains et de leur mecque du cinéma qu’est devenue Hollywood, nous avons su garder une place tout à fait honorable, la deuxième selon Eric Garandeau, président du CNC.

La France dispose et de loin, du premier festival mondial sur le cinéma, en terme de notoriété. Cette notoriété du festival de Cannes est entretenue évidemment par l’afflux de vedettes, particulièrement américaines, mais aussi par le marché du film, le plus grand au monde.

Même si nous n’avons pas en France constitué de pôle dédié au cinéma comme les Indiens (Bollywood à Mumbai), les Nigérians (Nollywood principalement à Lagos et Onitsha), les Pakistanais (Lollywood à Lahore) ou même les Néo-Zélandais (Wellywood à Wellington), Paris reste une des villes les plus filmées au monde et de nombreuses équipes de tournage se succèdent dans notre belle capitale.

La «French touch» s’exporte très facilement : on ne compte plus les diplômés de l’Ecole des Gobelins qui travaillent sur les productions Disney ou Pixar (c'est le même groupe, d’ailleurs).

Europacorp est, quoi que l’on dise de leurs productions, une réussite exemplaire sur le plan européen, et va même jusqu’à damer le pion aux américains sur leur propre territoire (c’est le cas avec «Taken», film français tourné en anglais).

Une société comme Wild Bunch fait partie des leaders mondiaux dans le domaine des ventes internationales de films.

Au niveau purement technique, Technicolor (anciennement Thomson) s’impose comme le numéro 1 mondial des services de production et de post-production à destination des professionnels.

Même sur le plan des technologies Internet, Allociné est une réussite internationale. La nouvelle pépite du groupe Fimalac est certes un peu en retrait en termes de trafic par rapport à l’indéboulonnable IMDB.com d’Amazon, mais elle rayonne dans un grand nombre de pays.

Le tableau ne serait pas complet si l’on ne mentionnait pas Smartjog, filiale de TDF (de son ancien nom Télédiffusion de France), le numéro 1 mondial en télédistribution de contenus sécurisés (films et films annonces). Coïncidence, l’un de ses challengers n’est autre que Globecast, une filiale de … France Telecom (enfin, je voulais bien sûr parler d’Orange).

Tous ces exemples montrent clairement que l’industrie du cinéma est en France un secteur majeur, créateur de beaucoup d’emplois, et qui reste à la pointe des technologies …

On ne peut plus en dire autant malheureusement de tous les secteurs industriels en France.

A la base de ces succès, on peut citer paradoxalement le principe de fonctionnement du CNC, le Centre National de la Cinématographie, qui a finalement organisé une certaine forme de protectionnisme. Le CNC collecte une taxe sur tous les billets de cinémas vendus en France et les redistribue via un mécanisme de subventions aux productions françaises, européennes, voire aux productions du monde entier, … à l’exception de celles en provenance des Etats-Unis.

Toutes les caisses enregistreuses des salles de cinéma sont reliées au CNC, et donc la triche n’est pas vraiment possible.

Il y a d’autres facteurs également. Je ne m’étendrai pas sur tous…

Enfin si, un peu quand même : notre patrimoine littéraire par exemple. Saviez-vous qui est l’auteur le plus adapté au cinéma ? Et oui, c’est bien Alexandre Dumas ! Enfin, il y a peut-être Shakespeare avant lui, mais cela ne compte pas vraiment, car il est anglais nous ne sommes même pas sûrs que l’homme ait vraiment existé. Si l’on poursuit la liste des auteurs les plus adaptés au cinéma, on s’aperçoit que Jules Verne et Victor Hugo ne sont pas loin derrière.


Pourquoi entreprendre dans le cinéma ?

Divertir ses semblables ou les informer, ou les deux à la fois, est une noble activité.

Le cinéma est une industrie de prototype, ce qui implique un renouvellement constant des projets, des équipes, et des enjeux. Et c’est plutôt grisant.

Les artistes, techniciens et financiers de l’industrie du cinéma ont eu l’excellente idée d’organiser des cérémonies pour s’auto-congratuler. C’est ainsi que la cérémonie des Oscars, où même à plus petite échelle les Césars ou bien encore les BAFTA Britanniques diffusent la remise des médailles et perpétuent ce sentiment d’appartenance à une élite. C’est également très euphorisant … ou frustrant, selon les circonstances.

Je crois aussi que le développement de la robotisation et de l’intelligence artificielle aura de nombreux effets secondaires, notamment celui de laisser sur la touche de plus en plus de personnes dont il faudra bien occuper le temps libre. L’industrie du divertissement n’a pas dit son dernier mot,… même si personne ne peut prédire quelle sera la meilleure manière de raconter une histoire.

A titre personnel, je suis persuadé qu’il existe de réelles opportunités dans le créneau du cinéma, notamment en faisant se rencontrer ces deux univers que sont le cinéma et Internet. Il existe une foule de projets potentiellement intéressants qui n’ont pas encore été (à ma connaissance) mis en chantier, et j’en mentionnerai quelques uns à la fin de cette série d’articles.

« Investir dans le cinéma, vous n’y pensez pas ! C’est la crise, malheureux ! »

Et bien, contrairement à une idée répandue, le cinéma marche très bien en temps de crise ! De 2007 à 2012, le cinéma a connu en France 5 années de croissance consécutive. On ne peut pas dire que la croissance économique ait suivi le même chemin, malgré les incantations de notre bon président, Normal Ier.

En fait, le cinéma est une activité qui a su résister à toutes les crises, notamment la grande crise de 1929, et qui s’est développé, y compris en temps de guerre.

Inventé il y a plus d’un siècle, le cinéma a su garder toute sa place en tant qu’art majeur, le 7ème, et ce en dépit de toutes les autres produits de divertissement (télévision, jeux vidéo, Internet,…)

Et puis, travailler dans le monde du cinéma, c’est quand même autre chose que de passer ses journées à acheter de l’euro et vendre du dollar… tamponner des papiers.


Les différents métiers.

Nous l’avons vu, l’industrie du cinéma est plus importante qu’il n’y parait et regroupe des sociétés de formes et d’activités très diverses.

Dans cette série d’articles, que j’aborderai véritablement sous un angle entrepreneurial pour rester cohérent avec la rubrique principale du site Objectif Eco, je passerai successivement en revue les métiers de :

  • Producteur : cela se passe d’explications (enfin, je pense). C’est la société qui réunit le financement et gère la fine équipe chargée de mettre en application les délires hors de prix idées du réalisateur.
  • Distributeur : c’est le métier que je connais le mieux. Avec un petit entrefilet pour la catégorie des vendeurs de droit internationaux.
  • Exploitant : il s’agit de celui qui possède (ou qui loue) le cinéma. Il est donc en contact direct avec les clients. C’est un métier plutôt rentable par les temps qui courent.
  • Intermédiaire : le terme n’est pas très joli, je l’admets. Je range pêle-mêle les sites portails (tels qu’Allociné, IMDB), les sociétés de relation presse, les festivaliers,…
  • Les métiers d’avenir : c’est une catégorie à laquelle j’ai pensé spécialement pour les lecteurs d’Objectif Eco. Dans cette catégorie fourre-tout, je vais ranger des startups qui développent un produit en mode SaaS (Software As A Service) telles que Cinégo, des sociétés de mesure d'audience (comme Rentrak), et bien sûr des sociétés de crowdfunding (Touscoprod, Peopleforcinema,…)

Pourquoi se limiter à ces catégories ? Principalement, parce que je ne dispose pas d’une expérience suffisante dans les autres secteurs d’activité.
Après deux ans passés à apprendre péniblement les arcanes du métier, mon expérience est la plus aboutie au niveau de la production et de la distribution.

Mais aussi, parce qu’il n’est pas intéressant de parler de l’opportunité de monter une entreprise comme Technicolor ou Smartjog : les capitaux requis sont énormes, et les places déjà prises.

Quant au métier de chargé de relation presse par exemple, on est plus sur des logiques de service qui ne correspondront pas forcément, j’imagine, aux grandes ambitions de nos lecteurs. Et d’autre part, il s’agit davantage de métiers relationnels.

Nous commencerons donc, dès le prochain article, par une revue des opportunités et difficultés liées au métier de producteur.


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