Frédéric Bastiat avait averti en son temps des dangers d’une mutualisation excessive associée à une déresponsabilisation croissante [1] :
« J'ai vu surgir spontanément des sociétés de secours mutuel, il y a plus de vingt-cinq ans, parmi les ouvriers et les artisans les plus dénués, dans les villages les plus pauvres du département des Landes [...] Dans toutes les localités où elles existent, elles ont fait un bien immense [...]
Leur écueil naturel est dans le déplacement de la Responsabilité. Ce n'est jamais sans créer pour l'avenir de grands dangers et de grandes difficultés qu'on soustrait l'individu aux conséquences de ses propres actes. »
Le système déresponsabilisant de la répartition associé à son fonctionnement par prestations définies a inévitablement abouti à un déséquilibre financier. Les difficultés de gestion du système ont été accentuées par la multiplicité des régimes existants, chacun tirant la couverture à soi et essayant de faire porter les efforts financiers sur les autres. Les dernières simulations du COR ont ainsi pris en compte 33 des principaux régimes de retraite obligatoires (de base et complémentaires) :
Un rééquilibrage du système peut se réaliser en jouant sur trois paramètres. On peut d’abord allonger la durée de cotisation (reculer l’âge de départ à la retraite), ce qui permet à la fois d’augmenter le volume de cotisations et de diminuer la masse des pensions. On peut ensuite accroître les versements de cotisations en augmentant le taux de cotisation. Enfin, une diminution des pensions versées peut s’effectuer en limitant ou gelant les revalorisations des retraites. Évidemment, il existe une quatrième piste qui consiste à ne pas avoir un système équilibré, et donc à devoir recourir à l’impôt et à la dette pour verser les retraites. Mais il est difficile de déterminer précisément l’ampleur de cette subvention publique dans la mesure où les déséquilibres des retraites des agents de l’État peuvent être compensés par une augmentation de la cotisation employeur, ce dernier étant …l’État.
Pour assurer sa pérennité, le système français a besoin de trouver un équilibre financier, ce qui nécessitera des réformes courageuses. Il faudra notamment introduire, le plus tôt possible, la retraite individuelle par capitalisation et remettre à plat le système par répartition. S’inspirant du modèle suédois, il devra être transformé en un système unique par points, fusionnant tous les régimes, et à cotisations définies. [1] Les Harmonies Économiques - 1850
Publié initialement par 24hGold