Charles Sannat
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Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.
« 68arts…!»
Audience de l'article : 2487 lecturesComme vous n’avez pas pu y échapper, vous êtes certainement au courant que nous avons un léger problème de financement de nos retraites.
J’entendais encore hier une « jeune » retraitée m’expliquer qu’elle « avait cotisé 40 ans, alors sa retraite elle ne l’avait pas volée ». Son raisonnement est en partie faux. Certes elle a bien cotisé, mais les cotisations qu’elle a payé pendant 40 ans (et ce n’est pas elle qui en fixe le montant) n’ont jamais reflété le coût réel des retraites à venir mais celles du passé...
En clair, elle aurait dû, comme des millions de salariés de la génération du baby-boom devenant la génération du papy-boom, qui va se transformer inévitablement en clash des générations, payer beaucoup plus.
Ses cotisations ont été mal calculées (volontairement) afin de ne pas lui faire payer le véritable prix de la retraite à 60 ans.
Peu importe que l’on soit pour ou contre la retraite à 60 ans (à titre personnel j’y suis favorable et en tant qu’observateur, à part pour de très rares fonctions, il n’y a plus de boulot passé 55 ans pour 80 % de nos seniors).
La réalité, c’est que la retraite à 60 ans a un prix. On accepte de payer ce prix ou pas. Comme l’argent ne tombe pas du ciel – sauf du côté de la Banque centrale américaine –, si on paie le prix de la retraite à 60 ans c’est autant d’autres choses que l’on ne peut pas faire ni payer. C’est un choix politique et démocratique.
Le coût des retraites de cette génération a été courageusement reporté sur les générations suivantes.
Capital spécial retraite !
C’est le magazine en vente chez votre marchand de journaux et c’est dans le numéro de juin 2013 !
En gros, c’est un dossier spécial qui répond à la question « dis-moi ton âge et je te donnerai ta date de départ à la retraite à taux plein ».
Le principe est simple. Plus on est « vieux » aujourd’hui, plus on aura une « belle » retraite. Plus on est jeune, plus on se fera couillonner.
C’est classé par tranche d’âge. Alors je me précipite sur ma catégorie. Page 124 pour les 35 à 45 ans. Et le tableau m’indique qu’il faut que je cotise 51 ans pour avoir ma retraite à taux plein. 51 ans ! Je répète… 51 ans.
Ayant commencé à travailler à 22 ans, je pourrai toucher une pension complète vers 73 ans.
J’en rigole encore.
Une génération massacrée pour le bon plaisir des soixante-huitards !
Cela peut sembler une insulte à une grande partie d’entre vous mais ce n’en est pas une. Attendez de voir les explications et vous comprendrez l’étendue dramatique du sujet… et donc que quelles que soient les promesses qui seront faites à cette génération des soixante-huitards, de toute façon elles ne pourront pas être tenues.
La preuve
Ma génération, les 35-45 ans, est la génération qui est actuellement au travail. Donc en gros, c’est nous qui allons vous payer !
Nous avons des enfants en bas âge et plus d’allocations puisque nous sommes des « zaisés » (un zaisé, c’est quelqu’un qui a simplement un travail).
Nous devons faire face à une partie importante des augmentations d’impôts pour payer les dettes, ou plutôt les intérêts (de vos dettes d’ailleurs, enfin de celles de votre génération de soixante-huitards).
Nous devons faire face à un marché de l’emploi déprimé et dépressif, ce qui a pour conséquence que nos salaires sont assez miséreux et progressent pas ou peu (en moyenne). L’idée étant qu’avoir une augmentation aujourd’hui, c’est avoir un emploi. Ouf.
Nous devons faire face à un prix de l’immobilier particulièrement exorbitant puisqu’il n’a jamais été aussi haut, en partie en raison de la génération des soixante-huitards qui s’est mise à préparer sa retraite il y a 10 à 15 ans, faisant grimper les prix de l’immobilier le tout avec des taux d’intérêt historiquement bas.
Nous devrons financer les études de nos enfants de plus en plus coûteuses.
Nous devrons sans doute financer en grande partie la dépendance de nos parents et des parents des autres tant qu’on y est, à savoir les soixante-huitards du 5e âge (pour le moment, on a le temps, vous êtes en forme).
Avant, il faudra que nous financions vos dépenses de santé pour que vous puissiez atteindre des âges respectables. Et là, comme vous êtes nombreux, ça va vraiment nous coûter très cher.
Les générations plus jeunes n’arrivent pas à trouver de travail puisqu’il n’y a plus de travail. Donc la base des travailleurs taxables se réduit comme peau de chagrin et le nombre d’actifs par retraité est dramatiquement bas.
Ce que croient les soixante-huitards, les fonctionnaires, les régimes spéciaux !
C’est qu’ils devront sans doute se contenter d’une retraite un peu plus faible.
Les fonctionnaires pensent qu’avec une bonne grève le gouvernement reculera.
Que les régimes spéciaux ne seront pas touchés.
Qu’on pourra demander aux mêmes de raquer, c’est-à-dire que l’ensemble des parents de France deviennent les rentiers séniles de leurs enfants !
Fin des provocations utiles !
Si vous avez tenu jusqu’ici, je vous en remercie et j’arrête mes provocations sur les membres de la génération du baby-boom.
J’espère simplement que vous avez compris que le financement des retraites actuelles allait peser sur une toute petite minorité qui a encore un travail, et plus pour longtemps puisque beaucoup d’entre nous allons être sortis du marché de l’emploi pour être remplacés par des robots humanoïdes.
Le paiement des retraites ne sera pas possible.
Le paiement des soins médicaux pour nos seniors ne sera plus possible.
Ce paiement ne pourra pas reposer sur une génération des 35/45 ans qui n’en ont juste pas les moyens. C’est mathématiquement impossible. Tout le reste, c’est de la littérature et de l’enfumage politique à visée électorale. C’est du flan, du mensonge…
Le rapport commence à fuiter !
Comme il faut préparer le bon peuple à la rééééforme des retraites, on fait savamment fuiter quelques pistes sur lesquelles travaille le gouvernement afin de sonder et voir les réactions et l’opposition. On fera passer la loi cet été, pendant que vous êtes tous en vacances avec enfants et petits-enfants !
Les régimes spéciaux seront sans doute attaqués car politiquement ce serait injustifiable.
On demandera encore plus au privé pour que les fonctionnaires aient l’impression de moins perdre que les zautres.
On reculera encore l’âge de la retraite à taux plein, on taxera vraisemblablement les retraités actuels à coup de CSG et de suppression d’abattement, ce qui reviendra à baisser les retraites… En augmentant les zimpôts.
Le gouvernement dira que sa réforme est JUSTE car les femmes atteintes de maladies orphelines, mères de 3 enfants ou plus, ayant travaillé au moins 25 ans de nuit, atteintes d’un cancer et bénéficiant du régime des affections de longue durée… pourront partir à 60 ans ! Ouf, j’ai eu peur que ce soit pas JUSTE, mais ce sera forcément JUSTE… puisque c’est la gôche.
On vous promettra qu’avec cette réforme ce sera la bonne !
Et on vous mentira en toute connaissance de cause. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a personne capable de payer ces pensions, et que si on prend en compte les engagements de retraites des fonctionnaires… c’est 4 300 milliards de dettes pour notre pays. Merci, au revoir les finances publiques. System Failure. Game Over. Fini, terminé, wallou…
Y a plus de pognon. Réforme ou pas. Y a plus d’argent. Vous n’aurez pas vos retraites. Elles vont baisser, diminuer, être taxées, réduites, coupées en morceaux, laminées…
Il faut donc vous y préparer…
Bon je sais, dit comme ça ce n’est pas très vendeur.
Mais n’oubliez pas qu’en plus vous allez perdre votre épargne quand les États feront faillite. Vous serez vieux, ruinés, sans épargne, et ne touchant plus qu’une pension de misère alors qu’on vous avait promis la lune. Raté !
Donc il n’y a pas 36 solutions (non, non, louer des appartements très cher à vos enfants insolvables ne va pas fonctionner très longtemps).
Un lopin de terre avec un potager, un poulailler et un plan épargne boîtes de conserve (PEBC), éventuellement une maison suffisamment grande pour abriter le reste de la famille du genre vos enfants et petits-enfants.
La misère est plus supportable au soleil, loin des villes et du froid, dans la dignité et à plusieurs. Et puis vos enfants seront sans doute ravis de profiter de leurs parents.
Bref, nous avons simplement oublié que la première solidarité est la solidarité de la cellule familiale. Une valeur que nous allons retrouver par la force des choses. Et regardez comme nos zamis socialistes sont avance sur leur temps. Avec le mariage pour tous, en fait, ils ont voulu que tous puissent avoir une famille… parce qu'au rythme où vont les choses… c’est bien l’union des familles qui permettra de faire face au tsunami des retraites qui arrive sur nous. D’ailleurs, s'il n’arrivait pas, on ne se fatiguerait pas à faire une réforme.
Mais il est temps pour chacun de nos amis retraités, jeunes ou moins jeunes, de faire un véritable stress test personnel.
Comment gérez-vous une situation où votre pension a baissée de 50 % ? C’est ce qui va se passer. Personne ne vous le dira. Vous le découvrirez petit à petit, comme à chaque fois.
Bon courage à tous nos aînés car c’est au moment où ils seront fragilisés et vulnérables que l’État les abandonnera en rase campagne et c’est aussi aux enfants à se préparer à aider les parents, car je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne il est hors de question de voir mes parents dans une situation de dénuement importante. Allez, je vous laisse, j’ai quelques piécettes à mettre de côté au cas où… pour ma maman !
Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
Ceci est un article 'presslib', c'est à dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, Directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitementwww.lecontrarien.com
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1 Commentaire
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mercredi, 05 juin 2013 17:56
Posté par
tartemolle
Charles, la seule solution pour les 35 ans aujourd'hui: la fuite à l'étranger en choisissant le bon pays, et il y en a pas mal !
Pour les 68arts qui vont se faire euthanasier, pour ceux qui ont moins de 65 ans, essayez aussi de partir à l'étranger si vous avez quelque chose à vendre; et pour les autres petits boulots ou dos rond en entrant en dé-consommation