L’Europe a faim… Nous allons longuement revenir dans cet édito sur cette nouvelle réalité, hélas, dramatique. Je peux être libéral mais s’il y a bien une chose que je considère comme insupportable, ce sont les gamelles vides et sur ce point précis, je suis particulièrement socialiste ! L’Europe aura également sans doute bientôt froid… et souffre d’une véritable pénurie de médicaments !
Ce week-end, l’un de mes enfants s’est mis à se tordre de douleur en me couinant et en me hurlant dans les oreilles d’une façon inhabituelle et nous, les parents, quand un enfant hurle d’une façon inhabituelle… ça nous inquiète bigrement. Évidemment, et tous les parents ont connu cette situation, c’est la loi de l’emmerdement maximum, cela ne se passe pas pendant les heures d’ouverture de votre pédiatre préféré… ce serait trop simple. Il est 2 heures du matin… on appelle SOS médecins… Désolé, on n’a personne de disponible, c’est pour un enfant ? Faites le 15. Je fais le 15… je décris les symptômes (avec le marmot qui hurle derrière ça rajoute à l’ambiance dramatique), au 15 on me demande : « Avez-vous une voiture ? » Ben oui… une Dacia (ça, au 15, ils s’en fichent). Ok, vous emmenez votre enfant aux urgences pédiatriques les plus proches… Ok, papa part à 2 heures du mat’, complètement ravi (vous imaginez, le marmot me hurle toujours dans les oreilles). J’arrive aux urgences (faut se garer en général loin de l’entrée sinon ce n’est pas drôle, porter le gosse sur 500 mètres qui se tort dans tous les sens). Là, à l’accueil, on me dit : « Haaa, désolé Monsieur, les urgences sont fermées, on est complet, on prend plus personne… Allez à tel hosto ! » Bon ben ok… 500 mètres retour avec le hurlant sur les épaules… et nous voilà repartis. Évidemment, à 3 heures du matin…. Il y a des contrôles de police… Du coup, je m’arrête (toujours avec le hurlant), faut souffler dans le ballon ! Pas de problème, soufflons mais alors très vite hein… parce que là j’ai un hurlant derrière et je suis comme qui dirait un peu pressé… Bon, flic gentil, je souffle, c’est vert, je repart et il m’épargne le contrôle de tous les papiers du véhicule (ma Dacia). Deuxième hosto… on prend mon gamin tout de suite (papa est très content vu qu’il est déjà 4 heures du mat). Lavement, nettoyage du ventre, désinfection des organes et tout le tremblement ! Le petit arrête de hurler…. (quel soulagement). Ordonnance, médicaments, antibio et tout le tintouin dont bien sûr un truc dont le nom est le Débridat pour calmer les douleurs de ventre.
Pharmacie de garde (super pratique à trouver, faut passer par le commissariat, donner vos papiers pour avoir l’adresse). Il est 5 heures du matin.
Évidemment… la moitié des médicaments sont dits pudiquement « manquants ». Voilà où je voulais en arriver. Le pharmacien me montre ses papiers, dépité. « Regardez monsieur, j’ai deux pages A4 (écrit en petit) de références manquantes, le Débridat je n’en ai plus depuis deux semaines… – Et on peut remplacer ce truc par quel autre bidule ? – Ben par rien d’autre monsieur car pour les zenfants, on n’a pas grand-chose pour calmer les douleurs de ventre… Enfin, on a le Débridat… – Ok, alors je fais comment ? – Heu, là, j’ai un lot de boules Quies en promotion. Votre gosse va continuer à hurler… mais vous l’entendrez pas… – Ok, je prends les bouchons d’oreilles (mais non je plaisante).»
Médicaments manquants… Et le Débridat, ce n’est pas un anticancéreux ou un antibio où là, le risque, ce n’est pas de souffrir et de casser les oreilles parentales, non, le risque c’est juste de mourir ! Ainsi, en Europe, en France, à la veille de 2014… les médicaments de bases commencent à manquer. Nous n’avons plus de labo en France. Plus d’usine. Nous sommes devenus dépendants. Nous ne fabriquons plus les principes actifs, alors que nous dépensons des centaines de milliards d’euros collectivement via la Sécu et nous enrichissons des labos par milliards… qui ne nous livrent même plus. C’est un scandale et une honte.
J’avais déjà eu l’occasion d’attirer l’attention des lecteurs sur ce sujet concernant les pénuries de médicaments. J’ai pu, ce week-end, l’expérimenter. Donc c’est bien réel. Pourtant, les soins, c’est bien stratégique. Cela fait partie des intérêts vitaux de notre pays. Et pourtant, nos mamamouchis de drôate comme de gôche sont muets sur ce point précis… et nous occupent avec tous les faux problèmes possibles.
Sinon, astuce pour passer pour un héros auprès de votre femme (ne jamais jeter de médoc et surtout ne rien ramener à la pharmacie sauf quand c’est périmé de 30 ans). Descendre à la cave. Passer par les totems de boîtes de raviolis. Aller au fond. Farfouiller dans votre caisse à médoc non utilisés. Revenir avec un flacon de Débridat (presque pas périmé) !! Vous êtes un héros, et votre femme vous fait la promesse de vous laisser stocker tout ce que vous voulez autant que vous le voulez (ne pas trop tenir compte de cette promesse qui va durer 15 jours car là, elle est encore en état de choc).
Il est 6 heures du matin… vous pouvez aller enfin ronfler en paix, le gamin ne se tort plus dans tous les sens dans de furieux hurlements (au passage, bénissez la médecine moderne et ces enfoirés de fonctionnaires qui nous coûtent si cher mais qui s’occupent de votre gamin à 4 heures du matin).
7 heures : le connard du dessus (qui était très sympa jusqu’à la veille) vient de décider de percer ses murs pour monter sa nouvelle cuisine équipée… (Heureusement, j’avais quand même pris le lot de boules Quies en promotion.)
Revenons-en maintenant aux ventres vides.
La famine touche l’Europe
C’est un article du Matin en Suisse qui est un journal tout à fait sérieux et reconnu.« L’Europe a faim. C’est une enquête réalisée en Grande-Bretagne qui vient rappeler que la crise est toujours bien présente dans de nombreux pays. Une lettre envoyée la semaine dernière au British Medical Journal par une association de médecins fait état de l’accroissement alarmant du nombre de personnes hospitalisées pour malnutrition : elles étaient 5 400 l’an dernier, soit presque deux fois plus qu’en 2008 quand la crise des subprimes a frappé le Royaume-Uni et ses 53 millions de sujets. »
« Pour ces médecins, ces chiffres ne sont qu’indicatifs. La véritable mesure de la pauvreté se fait par le recensement des personnes ayant besoin d’une aide alimentaire. Elles ont été plus de 347 000 en 2012, contre 26 000 en 2008 (les chiffres de l’année actuelle ne sont pas encore connus). La faute en incombe à la crise, certes. Mais la politique de rigueur budgétaire qui l’accompagne est tout autant responsable de la hausse du chômage et de la baisse des revenus. »
Étant trop fatigué en raison de ma nuit blanche (et non je ne suis pas allé danser), je m’épargne le calcul d’augmentation en pourcentage. Mais passer de 26 000 à 347 000 c’est juste beaucoup plus que 10 fois plus… donc c’est une augmentation énorme et alarmante. À côté de ça, on vous vante le miracle de la reprise au royaume de sa très gracieuse majesté… Vous avez le droit de rester sceptiques.
Les magasins sont pleins mais les gens ont faim !
Et là, Matin se lance après dans un recensement de la carte de la famine en Europe. Pourtant, pour l’alimentation, ce n’est pas encore comme pour les médicaments. Il n’y a pas de pénurie ou de rupture d’approvisionnement. Les magasins sont pleins… mais les gens ne peuvent pas acheter à manger.Je me souviens encore des promesses de l’Europe, vous savez, celles où on nous vantait le développement économique, la richesse, la prospérité et la paix, raison pour laquelle il fallait absolument signer le traité de Maastricht sans quoi notre avenir serait noir.
20 ans après (le temps passe vite), cette Europe des peuples affame ses peuples, ses femmes, ses hommes et ses enfants sans que cela ne pose de véritable problème d’ordre démocratique (pour le moment).
Grèce, le pays le plus touché
« La Fédération internationale des Croix-Rouge rappelle dans une étude publiée en novembre que la Grèce a été le pays le plus touché par la crise dans l’Union européenne. L’insécurité alimentaire dans certaines régions dépasse 60 % de la population. » 60 % de la population… la majorité des Grecs ont faim, raison d’ailleurs pour laquelle plus de 60 % des Grecs des villes souhaitent repartir aux champs. La misère est plus facilement supportable à la campagne, surtout si vous avez un potager, et comme vous n’avez pas de travail… vous avez du temps pour bêcher !Je vous indique également en annexe un lien vers le site politique actu concernant la situation en Grèce.
« Jeudi, une scène insolite s’est déroulée au cœur d’Athènes, sur la place Syntagma, juste en face du Parlement : des agriculteurs venus de Thèbes, à 83 km de la capitale, distribuent 50 tonnes de patates et d’oignons gratuitement. Annoncée à la télévision, la distribution tourne vite à l’émeute. Tout le monde se précipite sur les étals. À nouveau des disputes, des cris. «On n’avait pas vu ça depuis l’Occupation», peste Andreas qui observe le spectacle à distance. L’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale avait provoqué une terrible famine qui reste dans toutes les mémoires. »
« Mais si le mot revient si souvent pour décrire le retour de la faim qui frappe les classes moyennes, c’est aussi en référence aux diktats de Bruxelles, et plus encore de Berlin. »
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’en Grèce les pauvres ne sont pas les « zautres ». C’est vous. Les affamés ce ne sont plus les SDF ou les marginaux. C’est vous. Les classes moyennes.
Espagne, cantines scolaires ouvertes même pendant les vacances !
On y apprend plein de choses « rassurantes » du type :« En Espagne, près de 22 % des 47 millions d’habitants vivent actuellement sous le seuil de pauvreté. »
Ou encore « dans un rapport, l’association caritative catholique Caritas précise avoir nourri, l’année passée, près d’un million d’Espagnols affamés, soit deux fois plus qu’en 2008, quant à la Croix-Rouge, elle révèle avoir distribué de l’aide alimentaire à 1,2 million d’habitants en 2012 contre 0,5 million en 2009. » Là aussi, je vous épargne le calcul de l’augmentation en pourcentage… ce serait trop déprimant.
« Les gens qui fouillent les poubelles sont tellement nombreux que celles de certains supermarchés sont fermées à clé pour éviter que les déchets soient ensuite éparpillés. » C’est vrai ça, nous devrions même mettre en prison ces dangereux pauvres, et je compte sur le bon sens de notre garde des sottes pour pénaliser, dans sa future réforme pénale, la récupération de bananes et dépénaliser la fumette de cannabis.
Enfin, on se rend compte également que « le pays a aussi été choqué d’apprendre que des dizaines d’écoles sont restées ouvertes durant les vacances d’été afin que des milliers d’enfants puissent recevoir au moins un repas complet quotidiennement à la cantine scolaire… » Comme quoi, de l’instruction publique il est facile de passer à l’alimentation publique… sauf qu’en arriver à ce point-là de déliquescence sans que l’on se pose les véritables questions sur notre descentes aux enfers collective ne cesse de me laisser pantois.
Italie, la Croix-Rouge sur les dents
Tout pareil, et ce n’est pas bon du tout. L’Italien a faim. Pizza ou spaghettis sont manquants dans les assiettes de nos copains transalpins.Autriche, des migrants affamés
Passage assez « drôle » concernant l’Autriche : « L’Autriche, où la Croix-Rouge a alimenté 150 000 personnes l’an dernier, contre 7 500 en 2009. Ce ne sont toutefois pas les Autrichiens qui forment la majorité des démunis du pays, mais les migrants qui y viennent dans l’espoir de trouver un emploi… » Ben si ce sont des migrants, c’est nettement moins grave…France, Les Restos du Cœur
Pensez à donner pour ceux qui le font car les Restos du Cœur sont l’une de nos associations les mieux gérées et pour info, l’État français, dans sa grande générosité, donne environ 5 millions par an aux Restos du Cœur sur les 30 milliards dépensés dans le financement des boulistes de Tulles et des joueurs de ping-pong de Corrèze.« En France, plus de 9 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté dont 4 millions viennent chercher de l’aide auprès des associations d’aide alimentaire, parmi lesquelles les Restos du Cœur. »
Heureusement, quelques milliers d’enfoirés français donnent plus de 150 millions d’euros par an, sans doute des gens qui ont un peu de sous, qui sont excédés par les impôts (comme moi) et très socialistes pour la gamelle (comme moi).
N’imaginez pas que la France sera épargnée.
N’imaginez pas que les Grecs, qui ont vécu au-dessus de leurs moyens, ne préfigurent pas ce qui va nous arriver.
N’imaginez pas que vous ne devrez pas passer à la caisse et qu’à un moment, il va falloir tailler dans les dépenses en France. Que cela vous plaise ou non… il va falloir vous débrouiller.
N’imaginez pas que ce qui se passe en Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal et déjà un peu chez nous, en fait de plus en plus et les statistiques des Restos du Cœur sont les meilleures, ne va pas s’empirer.
La situation s’aggrave. Notre pouvoir politique est impuissant et dépassé par une situation de crise sans précédent, sans imagination et sans courage.
Alors, stockez. Stockez vos médicaments, stockez vos spaghettis et vos raviolis. Achetez votre lopin de terre à la campagne. Apprenez à faire un potager. Assurez le tout avec un peu d’or et d’argent. Car l’Europe a faim, et l’on peut se protéger de la faim. Encore faut-il laisser tomber à temps le superflu comme l’aïe-Phone et les tablettes aïe-Pad pour se préparer à des moments difficiles. Encore faut-il prendre conscience que nous ne sommes pas invulnérables et que ce qui se passe est un mouvement gigantesque de paupérisation mondiale. À tous ceux qui attendent avec des sous à la banque en espérant que les prix de l’immobilier baisse dans les grandes villes, envisagez d’acheter votre maison à la campagne pour le prix d’un studio à Paris et encore… avant négociation ! Pour les autres, renforcez chaque mois vos PEBC (épargne boîte de conserve), coupez dans toutes vos charges, réduisez vos dépenses, et n’achetez rien ou presque à Noël car c’est avant tout de l’argent foutu en l’air dans des tonnes de cadeaux qui ne font même plus plaisir, y compris à nos enfants blazés d’une telle profusion de plasturgie chinoise. Achetez en brocantes, sur le bon ou le mauvais coin… bref, redevenez paysan, car les temps qui arrivent seront difficiles, mais personne ne vous le dira, car ce n’est pas vendeur, ce n’est pas optimiste, ce n’est pas positif…
Préparez-vous à avoir faim, car l’Europe a déjà faim !
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez-bien !!
Charles SANNAT
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Article du Matin en SuisseArticle de Politique-Actu sur la Grèce