Si les banques centrales restent inactives, une faillite bancaire privée généralisée se produira nécessairement lorsque les investisseurs se rendront compte que le bilan des banques européennes est plombé à hauteur de 4000 milliards d'euros, soit deux fois le budget de la France. Pensez-vous vraiment que les états vont laisser leurs banques faire faillite avec disparition totale de la liquidité et arrêt complet de l'économie ? Ce serait la cessation brutale de toutes les transactions, de l'octroi de crédit et une panique beaucoup plus épouvantable que celle de 29. C'est impossible ! La BCE ou les banques nationales finiront donc par monétiser les dettes européennes avec un effet inflationniste inévitable. La BCE le fait déjà en coulisse car la dette allemande est, elle aussi, en danger ! Nous rejoindrons donc le statut américain et britannique avec, je l'ai déjà dit, un avantage, nous sommes en retard dans ce processus et l'Allemagne limitera la production de monnaie à la quantité utile. Dans le même temps, l'économie va se contracter et le pouvoir d'achat, obéré par l'inflation et la récession, va décroître. Il ne faut pas rêver, nous ne sortirons pas de la crise de la dette sans souffrir. Mais l'inflation sera un moindre mal et ne sera pas nécessairement à deux chiffres. Cette crise devrait être limitée par la croissance des émergents qui vont continuer à tirer l'économie mondiale. Mais ces pays vont, eux aussi, subir la cyclicité des matières premières et auront donc une croissance plus chaotique.
L'Argentine qui a vécu le pire des scénarios a fait repartir son économie en 2002 lorsqu'elle a décidé de réinjecter de la monnaie pour permettre une reprise de la consommation et de la production. Il n'y a pour moi pas d'autre issue. La BCE devra acheter 1000 Md€ de nouvelles obligations pour répondre aux besoins de refinancement de l’Italie et de l’Espagne sur 2012-2015. Les USA approchent déjà les 3000 milliards de monétisation, leur inflation ne dépasse pour l'instant pas 4% et le dollar se porte beaucoup mieux que l'euro. L'explosion de la masse monétaire va donc se poursuivre. Les rentiers obligataires se feront donc lessiver car si les taux longs peuvent rester artificiellement bas, les biens tangibles vont s'apprécier en valeur faciale et le pouvoir d'achat de la monnaie va diminuer. Possédez beaucoup de biens tangibles et diversifiez !
Attention ! Les actions sont des parts de sociétés donc des biens tangibles. Elles vont remonter avec la monétisation. N'attendez pas de baisse majeure en euros courants. Elles pourront rebaisser ensuite avec la récession associée à la stagflation car les résultats ne suivront pas mais la monnaie aura moins de valeur et les actions ne baisseront pas autant qu'on l'imagine en monnaie courante, en tout cas beaucoup moins que ne le pensent les déflationnistes, partisans d'une faillite bancaire généralisée, soit disant organisée, mais non monétisée, donc d'une destruction globale de l'économie, punition suprême pour ces peuples occidentaux qui ont osé s'endetter pour pallier les effets de la mondialisation.
Je réfléchis depuis longtemps sur ce sujet. C'est Krugman, prix Nobel d'économie, pourtant fustigé par tous les déflationnistes, qui propose la bonne stratégie, car il est bien trop tard pour faire autrement.