Les états ne peuvent simplement laisser pas le champ libre aux cryptos privées.
Ils perdraient l'un de deux piliers sur lequel repose tout état: le monopole d'émission de la monnaie.
(L'autre étant la force légitime.)
Ce qui va se passer à mon avis:
1) Les états démocratiques peuvent difficilement interdire ouvertement et sans raison les cryptos privées.
Mais par contre:
- ils vont mettre une pression énorme sur tous les émetteurs privés (ex: Facebook avec la reculade sur le Libra)
- ils vont faire en sorte que les cryptos privée partent en flammes (avec un tonitruant, vous voyez l'état, ça sert à quelque chose !)
- ils vont les décrédibiliser comme les outils de satan de la la mafia. (Ce qui n'est pas faux...)
2) La Chine ne reculera pas, pour des raisons de politique interne et étrangère.
3) Même si les autres grandes puissances ne voulaient pas y aller, elles n'auront pas le choix, ne serait-ce que pour des questions géo-politiques.Exemple: que l'E-yuan devienne de facto la devise de l'Afrique - un nouveau franc CFA - est impensable.
4) La dernière raison pour laquelle les cryptos étatiques verront le jour est que ce sont des devises de remplacement toutes trouvées quand les monnaies actuelles - et en particulier l'Euro - éclateront du fait des dettes irremboursables, du gonflement de M2, etc...
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Cela pose évidemment des problèmes démocratiques majeurs.
La puissance d'une minorité sur une majorité nécessite de moins en moins de ressources, avec le numérique (ou les drones dans un autre registre).
Pour rappel, combien de temps a-t-il fallu aux nazis pour mettre en place quasiment tout leur arsenal légal une fois arrivés au pouvoir via les urnes: environ 6 mois...
Et avec beaucoup moins de moyens et de facilités qu'aujourd'hui. (Je vous conseille la visite de Dachau, où tout cela est bien expliqué.)
Imaginez aujourd'hui ce qu'ils feraient des comptes en banques des juifs et opposants avec une crypto monnaie.
Il a fallu des années pour piller l'immobilier et les oeuvres d'art des juifs.
Avec le numérique, en un week-end ce serait plié, et "gràce" à quelques dizaines de personnes seulement.
On pourra bien nous assurer que, dans les démocraties, des garde-fous seront mis en place pour préserver la vie privée, la liberté et tout le monde il est beau...
1) La réalité est que ces outils, même si initialement "parfaits" dans l'esprit, pourront être détournés/modifiés de leur objet initial.
Et ce d'autant plus facilement que ce ne sont que des lignes de codes à écrire.
2) Même sans intentions anti-démocratiques, Il y aura une lutte concurrentielle entre ces devises.
Cette concurence influera sur leurs spécifications et leur fonctionnement.
Elles ne pourront être blanches comme la colombe.
L'efficacité primera sur l'éthique, au détriment de la démocratie.
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Pas gai, gai tout cela, sur l'avenir de nos modèles politiques chéris.
Si vous êtes un optimiste, vous direz qu'un équiilibre se trouve toujours dans le combat entre la lance et le bouclier.
Si vous êtes un pessimiste, vous repondrez qu'il a juste fallu 60 millions de morts la dernière fois pour parvenir à cet équilibre. Combien la prochaine fois?
Mais comme vous êtes vraiment un optimiste invétéré (grand fou), vous direz que cela fera du bien à la planète d'avoir moins d'êtres humains dessus.
Certes, nous devrons avoir moins d'êtres humains sur Terre, mais si l'on pouvait trouver d'autres moyens d'y parvenir, ce serait plus civilisé, ne serait-ce pas...
Pour finir sur une note de réel optimisme, trois points majeurs qui pourraient mettre tous ces beaux plans par terre:
1) La quantité d'énergie qu'il faut pour entretenir tout ce bouzin. (Un billet de banque ne consomme que peut d'énergie après son émission.)
2) La fragilité face au digital: les états et les utilisateurs seront-ils prêts à voir leur économie paralysée en quelques secondes, avec des transactions bloquées, voire des capitaux irrécupérables?
Ma conviction est que non.
Cela veut dire que d'autres systèmes alternatifs perdureront et/ou que la portée des cryptos étatiques sera réduite (par exemple à certains acteurs économiques)
3) En cas de crise, des alternatives privées verront le jour de toute manière, même illégales. Les gens ne peuvent rester à crever de faim.
En Irlande, quand les banques ont été fermées pendant des mois, des solutions alternatives ont été trouvées (voir l'épisode des bons Guinness !).
OK. A ce stade, beaucoup de questions et peu des réponses.
A titre de petit individu, que puis-je faire?
S'adapter et ne pas se mettre entre le marteau et l'enclume.
1) Se tenir à l'écart des cryptos tant privées (car s'opposant à la raison d'état) qu'étatiques (si vous êtes un démocrate).
2) Miser sur les petites communautés humaines.
Les solutions viendront du niveau local devant la faillite des grands systèmes.
3) Pour ceux qui le peuvent, s'expatrier dans de petits pays.
Les petits pays auront de multiples avantage:
- ils seront peut-être trop petits pour avoir pu se payer leur crypto.
- la cohésion culturelle et le fait que les gens se connaissent physiquement plus facilement
- la capacité à déployer rapidement et efficacement des solutions alternatives là l'ensemble du groupe humain
En Europe, pour moi, l'Allemagne a cette culture; avec en plus la "rusticité" rémanente de l'Allemagne de l'Est.
4) Prendre part à des réseaux qui comprennent la situation et qui pourront réagir et se protéger mutuellement le moment venu.
5) Etudier l'histoire des monnaies altenatives.