Je laisse au lecteur le soin de relire le cadre théorique de l'inflation expliqué dans cet article, qui est toujours valable.
J'écrivais en conclusion que:
"Structurellement, mon scénario principal est que l’on n’aura pas une envolée des prix."
J'ai eu juste ou bien?
Mais tout de même:
"Pour que le contraire arrive, il faudrait que la masse monétaire continue d’augmenter (sans plus de raison) et que cela soit injecté dans l’économie réelle.
Jeu très dangereux, alors que la reprise économique sera là et que tout cela sera très difficile, voire impossible, à piloter en macro-économie par les banques centrales.
Conjoncturellement, ce sera hautement volatile.
Il ne faudrait pas qu’une situation conjoncturelle élague l‘arbre des possibles encore plus et mène, de facto, à une situation structurelle non souhaitable.
Par exemple: une grande inconnue sera le prix de l’énergie."
Et donc un an après:
- Les masses monétaires ont continué d'exploser dans les grandes économies, au prétexte de la COVID. (J’ai été naïf sur les turpitudes et la prétention des banquiers centraux.)
- Les prix de l'énergie ont aussi explosé.
- Nous avons une crise ukrainienne qui, à mon avis, n'en est qu'à son début.
Personne ne sait si le diable pourra être remis dans sa boîte.
Ou plutôt, il est devenu évident que les banquiers centraux et la haute finance ne s’en préoccupent pas vraiment au-delà du discours.
Et la suite?
Au niveau macro:
Les banques centrales se sont laissées dépasser par l'inflation.
Mais il ne faut pas se tromper, ce n'est pas de l'incompétence.
Pas quand tant de banques centrales agissent de concert.
C'est une politique volontaire des meneurs, sans besoin de concertation. (Situation de type: Le premier qui courre le moins vite est celui bouffé par le lion.)
Va-t-on vers une réduction de la masse monétaire par les banques centrales?
On n’en prend clairement pas le chemin, du moins pas de manière directe. Le scénario qui semble se faire jour est celui de laisser l'inflation agir pour rembourser la dette en monnaie de singe.
Par ailleurs, la FED utilise les inverse-repos pour supporter les banques, sans avoir à augmenter les taux directeurs. C’est un jeu très dangereux, car on utilise des outils qui n’ont absolument pas été faits pour cela et pour lesquels il n’existe pas de modèles ni d’historique.
L’énorme avantage de la FED est qu’elle est la banque centrale qui imprime le dollar. Les USA peuvent exporter leurs problèmes en cas de perte de contrôle. Les USA ne peuvent laisser longtemps l’inflation européenne à 3-5% et la leur à 7-9%.
C’est peut-être ce qu’ils sont en train de faire avec l’Ukraine. Le discours est trop monolithiquement alarmiste. Les ukrainiens n’ont plus leur avenir en main.
Plomber l’Europe, c’est remettre en avant le dollar refuge.
Ainsi, au niveau macro, on a donc toujours une tendance structurelle inflationniste forte.
La question à laquelle il faut plutôt tenter de trouver une réponse est :
Les banques centrales vont-elles laisser les banques privées diffuser ces masses monétaires dans l’économie réelle, ou bien les stériliser en les bloquant dans les réserves au bilan, quitte à mieux rémunérer les dépôts ?
Les actifs financiers :
Mon avis est que les banques centrales vont vouloir éviter « quoi qu’il en coûte » un krach boursier ou immobilier.
L'alternative signifierait que les banques centrales n'aient plus la situation en main.
Ces actifs vont continuer de performer, mais avec des disparités et volatilités importantes entre zones et secteurs.
A fortiori, si volatilité aussi sur les changes.
Dans ce contexte, il faut donc continuer de trader sur les marchés boursiers, mais sur le court terme et en étant très réactif.
Pour moi, le buy & hold est actuellement suicidaire.
Les biens financés par l’emprunt:
Quelles politiques des banques centrales vis-à-vis de la création monétaire par le crédit?
Les banques centrales ne peuvent finir de tuer la rentabilité des banques commerciales en les empêchant de placer leurs liquidités à des taux corrects.
Elles ne peuvent pas non plus laisser les bulles financières enfler, en situation d’inflation au quotidien.
Le jeu sera fin entre lâcher du lest sur les conditions de création de crédit ou impulser une baisse de la masse monétaire; dans le dernier cas, au risque de provoquer une nouvelle crise de l'immobilier.
Par ailleurs, les ménages et entreprises auront-elles encore simplement assez de pouvoir d'achat pour de l’immobilier ou une automobile, alors que l'augmentation des prix des biens du quotidien impacte leur budget ?
Dans ce contexte inflationniste, a-t-on intérêt à s’endetter par emprunt, pour rembourser en monnaie de singe sur 10 ou 20 ans?
La réponse est oui MAIS à condition:
1. de ne financer que des biens dont la valeur ne risque pas de s’effondrer sous le capital restant dû
2. de conserver des liquidités pour faire face à des demandes de remboursement anticipé du capital
3. d’être capable de continuer à financer ces biens, même s’ils ne génèrent plus de revenus.
Le premier point devrait être une évidence. La valeur de revente doit couvrir le capital restant dû !
Et pourtant, on entend tant de « conseillers » financiers avancer l’argument des années 60-70 pour justifier un emprunt aujourd’hui; sauf que dans les années 60, on était dans les trente glorieuses.
Le second point est aussi important.
En cas de crise bancaire, les banques devront faire rentrer de l’argent. Avec l’accord plus ou moins tacite des gouvernements, qui n’auront pas le choix, les banques pourront exiger remboursement au moins partiel du capital. (Vérifiez vos contrats de prêt.)
Il est donc sage de conserver des liquidités pour y faire face.
Bien sûr pas dans la même banque, voire la même zone économique que celle de votre emprunt !
S’endetter dans un pays d’Europe du Sud pour financer des actifs en Europe du Nord n’est peut-être pas stupide.
Si l’Euro explose : remboursements en devise faible et rentrées en devise forte.
Si l’Euro n’explose pas, pas d’exposition au risque de change. Investissement dans une zone à économie forte.
Dans ce contexte, cela signifie que les gagnants seront ceux qui auront des réserves et accès à des financements internationaux: encore les acteurs aux patrimoines nets les plus élevés.
Les biens et services du quotidien (B2C ou B2B)
Fondamentalement, la tendance structurelle est inflationniste pour les biens et services du quotidien.
Plusieurs milliards de personnes aspirent au niveau de vie occidental de base. (800 millions de chinois, autant d'indiens, les indonésiens, brésiliens...)
C'est 6 ou 8 fois, le nombre de personnes en Europe.
Les tensions et concurrences sur les approvisionnements sont inévitables.
A cela s'ajoutent les pénuries liées à la désorganisation de la logistique mondiale.
Pour ces biens du quotidien, l'inflation a peu de chance de diminuer dans les semestres à venir.
Mais mon scénario principal est celui d'une grande disparité suivant les biens et services, ainsi que les zones géographiques.
Pour moi, c’est impossible à prévoir de manière structurelle (autrement utile qu’à stocker 10 kilos de pâtes).
Il n'y aura que des niches à découvrir et exploiter.
L'énergie:
Les prix de l'énergie sont autant politiques que de marché.
Pour moi, strictement impossible à prévoir, même un ou deux trimestres à l'avance. C'est un jeu qui résulte de trop de forces invisibles pour le quidam.
La seule approche viable est le trading de court terme.
Les devises : Idem
That’s all folks !
Pour ceux que cela intéresse et qui souhaitent apporter leur contribution, ces sujets sont débattus et étudiés en détail dans le cadre de notre club ENC.
N’hésitez pas à me contacter. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.