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Assurance-vie et subprimes même combat !

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Dans cet article, nous revenons avec un recul d'un an sur les péripéties de la société H2O.

Cet exemple montre que l'assurance-vie en unités de comptes n'est aujourd'hui plus différente par construction, d'un subprime immobilier d'avant 2008; ce qui, vous en conviendrez, est quelque peu gênant.

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Commençons par H2O:

C
omme disait Coluche : « Si j'ai bien tout lu Freud ! »

H2O est une société anglaise détenue à plus de 50% par Natixis, qui gère différentes assurances-vie, dont un fonds « Multibonds » en unités de comptes ; c'est-à-dire pouvant inclure une part d'actifs plus à risque que les emprunts d'état.

Historique :

28 Août 2020
L'AMF bloque le fonds "Multibonds", car il a été détecté que 15% des actifs dans ce fonds étaient illiquides ou des créances douteuses.
Avec ce blocage, les souscripteurs
 – vous et moi - ne pouvaient plus ni verser, ni retirer des fonds et les intérêts étaient gelés.

Sauf que
 d'autres sociétés d'assurance-vie  (Generali, Spirica, Axa, BNP Paribas Cardif, Apicil, BPCE...) avaient aussi acheté des parts "Multibonds" et les avaient intégrées dans leurs propres produits.
Coup de chaud donc dans la profession, sachant que l'AMF n'intervient que rarement; qu'en cas de problème avéré.

Au passage, le DG de Natixis nous fait des déclarations aussi honteuses que surréalistes, comme quoi la banque avait bien réagi "dans l'intérêt de ses clients"; alors que c'est l'AMF qui est intervenue et que NATIXIS avait bien été incapable de contrôler sa filiale avant d'en aboutir à un blocage, signe de péril imminent.


13 Octobre 2020
Reprise des transactions.

Janvier 2021
Natixis annonce vouloir se séparer de sa filiale H2O.
Les parts de Natixis seraient rachetées, avec une grosse décôte, par Evergreen, une société créée et capitalisée dans ce but, à l'initiative de M. Lars Windhorst.
 
Par ailleurs, il faut savoir qu'H2O a investi dans des produits de la société Tennor Holdings aussi contrôlée par M. Windhorst. Et ces produits font partie des soucis d'H2O.

En d'autres termes, M. Windhorst a été à l'origine, en grande partie, des problèmes chez H2O et se propose maintenant - ET avec l'aval de NATIXIS - de racheter H2O à la casse, via un autre canal qu'il contrôle.

Ce sont les actionnaires de Natixis qui vont être contents! Quel talent ce patron de Natixis !


Juin 2021
Blocage de la vente d'H2O.
A la demande des autorités anglaises, semble-t-il.
Il y a une mouche dans le lait.

D'une part, les actifs dans Tennor seraient sujets à controverse et leur valorisation des plus délicates. Il faudrait peut-être même qu'H2O injecte jusqu'à 1.45 milliards d'Euros dans Tennor.

D'autre part, M. Windhorst est actuellement soupçonné en Allemagne, de manquement grave au code de régulation bancaire allemand, dans le cadre de la capitalisation et du financement d'Evergreen. (M. Windhorst a déjà un passé plus que sulfureux.)

En parallèle, la gestion de certains produits d'H2O semble être passée de Londres dans des filiales d'H2O au Luxembourg et sur une autre place.
Et il n'est pas clair que ces entités fassent partie du deal de revente d'H2O.

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Conclusion:

Quand tout est compliqué, il faut revenir à l'essentiel !

1. Les grandes banques ne savent pas contrôler leurs filiales d'assurance-vie; filiales qu'elles ne détiennent que partiellement. Ce sont avant tout des marques.

2. Les assurances-vie en unités de compte incluent une part d'actifs à plus haut rendement, donc à plus haut risque. C'est connu.
MAIS le produit est toujours vendu comme un placement relativement sûr et sous contrôle.
Or, 15% d'actifs à risque n'est plus un placement de père de famille, mais de pur spéculateur.

3. Vu les montants en jeu, on pourrait penser que les assureurs-vie vont surveiller le risque comme le lait sur le feu et qu'ils aient les équipes pour cela; en particulier, qu'ils détiennent les instruments financiers finaux en direct.
Or il n'en est rien.
Ils passent par des intermédiaires qui saucissonnent des produits compilés.

Ce n'est absolument pas différent des subprimes de 2008 avec l'immobilier.

C'est même pire qu'avec les subprimes, car:
  1. les responsabilités sont dispersées entre des entités dans différents pays avec chacune leur droit national. Juridiquement inextricable.
  2. avec les subprimes, on savait que c'étaient des produits dérivés, et ils étaient vendus entre professionnels. Avec l'assurance-vie en UC, c'est opaque et vendu à des individuels non-professionnels.
4. Des margoulins peuvent s'insérer dans le système sans qu'ils ne soient évincés, et ce malgré qu'ils aient été condamnés en justice dans le passé.

5. L'AMF a mis en œuvre les réglementations de gel des contrats d'assurance-vie.
Elle a montré 
que c'était une réalité et non une potentialité juridique.

Elle a montré qui sont les grands perdants: les investisseurs individuels.


L'assurance-vie, c'est plus ce que c'était, ma bonne dame !
A vous d'en tirer les conclusions à titre personnel, mais vous aurez été prévenus...

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