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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

« Le retour des risques… »

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Mes chères contrariées, mes chers contrariens !

Cela fait à peine une semaine qu’Angela Merkel a été triomphalement réélue chancelière d’Allemagne et, comme prévu, dans nos éditions précédentes et depuis plusieurs mois… c’est à nouveau le bazar le plus complet en Europe.

Comme nous l’avions vu hier, l’Italie est dans une situation politique compliquée et dans une situation économique digne d’un coma dépassé. Avec plus de 130 % de dette sur PIB et un potentiel de croissance qui sera au mieux compris entre 0 et 1 % de croissance et des taux d’intérêt de presque 5 %, il ne faut pas être bien fort en maths pour comprendre que, quelle que soit la façon dont vous allez tourner et retourner le problème… l’Italie est morte, l’Italie est en faillite. Ce n’est qu’une question de temps et de capacité de la BCE à faire tenir encore quelques temps ce château de cartes qui menace de s’effondrer chaque jour au moindre souffle d’air.

Justement… le « Put Draghi »… c’est le concept, dans les salles de marché, qui désigne l’activation d’un LTRO massif par la BCE et l’achat de bons du Trésor, c’est-à-dire d’obligations souveraines (inférieures à trois ans) en cas de problème. Pour le moment, les marchés croient dur comme fer que si tout devait aller mal, la BCE interviendrait pour se substituer aux marchés et financer l’Italie quand bien même il faudrait pour cela faire quelques entorses aux règles et statuts régissant le fonctionnement de la Banque centrale européenne.

Le petit problème qui risque néanmoins de se poser c’est que les Allemands ne l’entendent pas de cette oreille, en tout cas par leur cour constitutionnelle, ce qui (si c’était le cas) aurait des conséquences dramatiques dans la mesure où l’euro ne tient que et uniquement parce que tout le monde veut croire que Mario Draghi, qui n’a encore rien fait, ferait bien tout ce qu’il faudrait s’il le fallait et que ce serait suffisant… Fondamentalement, rien n’est moins sûr. Cela reste une croyance qui repose uniquement sur l’idée que l’on sauvera l’euro quel qu’en soit le prix car il n’y aurait en cas inverse qu’une seule alternative… à savoir l’explosion de l’euro et de l’Europe.

En Grèce

Les autorités politiques s’occupent de la gestion des éventuels coups d’États d’extrême droite et embastillent chefs de partis et députés dans des conditions juridiques plus que douteuses, risquant de prouver, s’il en était encore besoin, au peuple grec que la démocratie a totalement disparu… ou à les relâcher dans quelques jours en en faisant des « martyrs » politiques… bien mauvaise alternative et aucune bonne solution.

Le combat contre l’extrême droite (si tant est qu’il soit plus légitime qu’un combat contre l’extrême gauche) ne peut être gagné qu’en s’attaquant aux raisons profondes de l’adhésion populaire (partout en Europe) à ce type d’idées que nous qualifierons de nationalistes.

Rester dans la même configuration de politique européenne ne peut que conduire à un ras-le-bol généralisé des peuples. Ceux qui veulent faire reculer l’extrême droite doivent s’attaquer aux causes et proposer des alternatives d’Europe… tout le reste n’est que bavardage.

En attendant qu’il arrive au leader d’Aube dorée ce qui était arrivé à Adolf Hitler en son temps (voici le point Godwin), à savoir qu’il fasse de la prison, qu’il soit libéré et qu’il prenne le pouvoir, la troïka qui est en Grèce actuellement pour établir un nouveau chèque afin de sauver encore une fois ce pays a décidé d’une « pause technique »… Nous pouvons penser qu’il y a donc quelques cadavres dans les placards grecs, voire que la Frau Angela nouvellement réélue ne veut peut-être pas faire un nouveau chèque…

En Espagne

Le Trésor espagnol prévoit que la dette publique du pays représentera 99,8 % du produit intérieur brut (PIB) fin 2014 avec un projet de budget élaboré par le gouvernement de Mariano Rajoy qui est fondé sur l’hypothèse d’une croissance de 0,7 % du PIB ainsi qu’un taux de chômage en baisse qui atteindrait 25,9 %, sans oublier une réduction du déficit budgétaire qui serait ramené à 5,8 % du PIB, contre 6,5 % prévu cette année…

Ces hypothèses sont évidemment totalement irréalistes ou en tout cas fortement improbables car cela fait beaucoup de paramètres économiques revus de façon positive et sans doute pas assez de façon progressive.
Il faut dire que là aussi une équipe de la troïka arpente la capitale espagnole et doit se pencher sur l’efficacité des programmes d’aides à l’Espagne… et il n’est pas évident que la senora Angela (la vraie patronne de l’Europe) souhaite payer pour nos amis ibériques de façon aussi répétitive qu’en Grèce.

La question qui se posera fatalement sera bien, à un moment ou un autre, comment faire éclater l’euro proprement et de lui-même sans laisser à penser que tout ceci n’est la faute que de l’Allemagne… En réalité, c’est la seule question qui occupe l’esprit des dirigeants allemands qui ne veulent pas être tenus responsables d’un éclatement européen… Sinon cela fait belle lurette qu’ils auraient envoyé paître tous les pays « du club Med ».

Aux États-Unis

Ce soir, personne ne veut croire à une fermeture de l’État fédéral… pour cause de budget pas voté. Tout le monde espère encore un accord de dernière minute comme celui de 2011 qui avait été obtenu à 1 heure seulement de l’échéance.

Pourtant il y a, à mon sens et je peux me tromper, deux signes très différents des dernières fois. Tout d’abord, Ben Bernanke, le patron de la FED, a reconduit il y a une semaine sa politique monétaire ultra-accommodante alors que le contraire était attendu, laissant penser qu’il est au courant de choses que l’on ignore comme le fait que les républicains ne céderont pas.
Autre élément, la situation sur les marchés est très différente (à tort certes mais différente quand même) de ce qu’elle était il y a deux ans où la fébrilité était à son paroxysme, laissant sans doute croire aux républicains que bloquer l’État fédéral ne sera pas trop catastrophique.

Ces deux éléments à eux seuls pourraient nous faire craindre un arrêt du fonctionnement des administrations non utiles. Il se peut également que les républicains souhaitent prouver que l’on peut couper dans les dépenses… sans pour autant détruire l’ensemble de l’économie US.

Nous serons fixés dans les prochaines heures.

Les sujets divers…

Comme le Portugal qui poursuit sa dégringolade ou la Slovénie dont on attend d’une semaine à l’autre une demande d’aide officielle auprès de la troïka, sans évidemment oublier Chypre qui va de plus en plus mal mais avec 70 % de son PIB il était impossible qu’il en soit différemment.

Enfin en France

Ça y est, une partie des erreurs dans les chiffres communiqués sur la baisse du chômage a été élucidée.
Il s’agirait… d’un bug massif chez SFR qui est le prestataire de Paul Emploi pour l’envoi de SMS de rappel d’actualisation auprès des chômeurs distraits… Comme les SMS n’ont pas été envoyés… nos chomistes chômants ont oublié de pointer… Ils ont été radiés, provoquant ainsi une baisse artificielle du taux de chômage.

Pourtant, cela n’a pas empêché ce gouvernement, ses membres et jusqu’au président de se réjouir de chiffres que l’on savait faux dès le départ. Aucune retenue. Aucune réflexion. Aucun temps laissé pour que les choses s’éclaircissent et la volonté systématique de faire des « coups de communication »… quitte à passer pour des crétins tout de suite après. Nous sommes au degré zéro de la politique.

Évidemment, notre gouvernement persévère dans l’erreur en expliquant par la voix de son sinistre de l’emploi que :

« Cela reste la première baisse depuis 27 mois et la plus importante depuis décembre 2007. Le ministre du Travail prend acte de cet incident et de l’évaluation de son impact sur la baisse observée en août. Août est aussi le quatrième mois consécutif de reflux chez les moins de 25 ans, ce qui fait dire à Michel Sapin que, pour les jeunes, l’inversion de la courbe est déjà une réalité… »

En revanche, la courbe de la bêtise gouvernementale ne s’est toujours pas inversée, en réalité c’est la courbe de la crétinerie politique qui ne s’inverse pas, et lorsque je contemple tous les pays… nous ne sommes pas les seuls dans ce cas.

À demain… si vous le voulez-bien !!

Charles SANNAT

Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com.
Article du Point sur le bug qui fait baisser… le chômage. Lire ici pour le croire.
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