Charles Sannat
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Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.
«Hollande se rebiffe…!»
Audience de l'article : 2163 lecturesJe dois vous avouer que j’ai suivi avec amusement le dernier psychodrame présidentiel suite aux propos tenus par la Commission européenne qui a donné fort gentiment sa feuille de route au gouverneur de la France placé sous protectorat européen.
François Hollande n’est plus qu’un petit marquis
Car c’est finalement bien cette réalité que montre cruellement cette dernière affaire européenne. La France, mais c’est également le cas pour tous les autres pays européens, n’est plus qu’une province européenne, administrée par le préfet Hollande.
Il faut dire qu’après plus de 30 ans d’abandons réguliers et successifs de pans entiers de notre souveraineté, il ne nous reste plus grande autonomie. Peu importe que l’on soit pour ou contre, c’est désormais un fait. C’est Bruxelles qui dirige l’Europe entière ou presque. Les Parlements nationaux ne sont plus que des chambres d’enregistrement des directives européennes transcrites avec zèle dans les droits locaux. Du calibre des noix jusqu’à la cuisson du camembert au lait cru qui est cuit l’Europe impose.
Notre Président qui a un charisme assez proche de celui d’une huitre se voit trop souvent reprocher de ne pas faire assez Président, de ne pas être assez autoritaire, ou encore de ne pas faire preuve d’assez de leadership.
Alors notre mamamouchi national en chef s’est rebiffé !
« L’Europe n’a pas à nous dire ce que nous devons faire ! » Voilà les paroles présidentielles, des paroles fortes, des paroles de chef, des paroles qui d’ailleurs ne resteront que des vaines paroles et qui ne représentent qu’un exercice de style, un exercice de communication destiné uniquement à un usage interne sur le mode, « je suis votre chef et le chef de toutes les huîtres » et c’est môa qui décide… sauf qu’évidemment, il ne décide plus grand-chose.
D’ailleurs, dès la conférence sociale qui s’ouvre très prochainement, ce sont les retraites qui vont être réformées. Il faut comprendre qu’en gros, on touchera moins et surtout, comme d’habitude, on paiera sans doute beaucoup plus d’impôts ou de cotisations sociales qu’avant, exactement comme nous le demande l’Europe !
Olli Rehn choqué par les propos de Hollande
Olli Rehn (pauvre petit garçon qui a été choqué) est le commissaire européen aux Affaires économiques, et un article du Figaro nous apprend qu’il n'a pas apprécié que le président français le renvoie dans ses cordes, après la publication des recommandations de Bruxelles.
Il n’y a donc personne pour lui expliquer que François finira bien par obéir parce que finalement, il n’y a pas 36 solutions. L’Europe, tu l’aimes ou tu la quittes comme disait l’autre ! Car finalement, le débat principal se situe à ce niveau.
On ne peut pas vouloir être dans l’Europe et ne pas jouer les règles de l’Europe.
On ne peut pas vouloir une monnaie unique (et pas commune) et ne pas respecter des règles uniques.
On ne peut pas abandonner sa souveraineté en toute connaissance de cause et vouloir continuer à l’exercer.
On ne peut pas confier un mandat à l’Europe pour négocier un traité transatlantique pour après se rendre compte que cet accord s’imposera à nous (comme aux autres).
On ne peut pas faire le grand écart permanent.
Si je comprends les arguments des europathes, j’estime qu’ils font désormais fausse route et que ces arguments sont mauvais. Ils ne sont plus adaptés. Mais, et c’est important, il faut être cohérent et la France manque cruellement de cohérence européenne.
C’est justement ce qu’a rappelé fort intelligemment notre commissaire politique aux affaires économiques Olli Rehn en disant : « Ce qui m'étonne un peu, c'est de voir la France d'un côté souligner la nécessité d'une gouvernance économique de l'euro, et de l'autre critiquer la Commission pour des recommandations justifiées. »
Il a sur ce point parfaitement raison.
Il y a quelques jours seulement, lors de sa conférence de presse semestrielle, le président de la République expliquait avec des trémolos européistes dans la voix qu’il fallait un président permanent de l’Eurogroupe, qu’il fallait encore plus d’Europe, qu’il allait lancer une nouvelle initiative européenne et que nous allions voir ce que nous allions voir. Que l’Europe n’était forte que lorsqu’elle avançait… et qu’avec nos grands « zamis » les « Zallemands » nous allions faire encore plus d’intégration.
Je suis bien sûr opposé à de telles idées mais, encore une fois, on peut être pour et parfaitement respectable si tant est que l’on soit cohérent.
Plus d’intégration rime forcément avec plus d’abandon de souveraineté. À ces niveaux de responsabilité, il est calamiteux de tenir un double langage de ce niveau. Le lundi je veux plus d’Europe, mais le mardi, il ne faut surtout pas que l’Europe nous dise ce qu’elle attend de nous…
Les choses ne peuvent pas fonctionner ainsi.
Le calcul politique à la petite semaine de François Hollande et des autres !
Voilà l’analyse du Figaro que je partage totalement et qui est parfaitement exacte. Je cite :
« Le souci de François Hollande - et de Nicolas Sarkozy avant lui - d'inscrire la « gouvernance » dans le cadre plus restreint des 17 pays de l'euro répond à un autre objectif : réduire le poids du Royaume-Uni et des pays du Nord, au profit des Méditerranéens dont les positions sur les déficits et la dette sont jugées plus proches de l'Élysée. Sans surprise, l'actuel président néerlandais de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a fait savoir vendredi que son pays «ne voit pas l'intérêt d'une institution supplémentaire». À l'Élysée, jeudi, Angela Merkel s'est d'ailleurs bien gardée de soutenir le président sur toute la ligne. Ses réticences à une politisation de l'Eurogroupe sont connues, tout comme son aptitude à jouer David Cameron contre François Hollande, quand c'est nécessaire. »
Après la lecture de ces quelques lignes, vous avez une idée beaucoup plus claire du rapport de force que le Président français tente d’instituer en Europe avec l’aide des pays du Sud disons-le contre les pays du Nord.
Vous voyez également que nos grands « zamis » les « Zallemands » ne se précipitent pas pour accepter les propositions de « grandes avancées européennes » proposées par Paris.
La France doit régler ses problèmes et chercher des alliances
Peu importe que l’on soit pour ou contre la monnaie unique et l’Europe.
Ce qui est certain, c’est que l’on poursuive l’aventure européenne ou qu’on l’arrête, la France doit avant tout régler ses propres problèmes et nous n’en ferons pas l’économie. Nous payons 40 années de lâcheté et de démagogie financière et politique.
L’heure des comptes a sonné, avec ou sans l’Europe l’addition est là et elle est lourde. Mais il faut y faire face.
Je fais partie de ceux qui pensent que cette addition serait moins douloureuse à payer (j’ai dit moins douloureuse, ce qui ne signifie nullement l’absence de douleur car cela fera très mal dans tous les cas) si nous avions plus de marge de manœuvre politique et économique en dehors de la monnaie unique, ce qui ne signifie pas en dehors de l’Europe…
Si nous voulons retrouver une crédibilité
Nous devons faire nos réformes, nous devons cesser de dépenser plus que ce que nous gagnons, nous devons gérer les comptes de la nation en bon père de famille, nous devrons sans doute restructurer notre dette, et nous devons mobiliser les énergies autour d’un projet politique commun et d’une vision de l’avenir, nous devons aussi sortir du dogme libre-échangiste qui lamine nos capacités de production et donc d’emploi, nous devons anticiper le raz de marée de la révolution robotique qui va achever le peu d’emplois qui nous reste.
La première étape doit être celle de l’action et des réformes chez nous. Ce n’est que de cette façon que nous retrouverons une influence en Europe. De cette influence retrouvée, les alliances découleront logiquement. Et pas l’inverse.
Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
Ceci est un article 'presslib', c'est à dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, Directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitementwww.lecontrarien.com
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/05/31/20002-20130531ARTFIG00577-europe-rehn-choque-par-les-propos-de-hollande.php
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1 Commentaire
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mardi, 04 juin 2013 04:47
Posté par
alex6
"nous devons aussi sortir du dogme libre-échangiste qui lamine nos capacités de production et donc d’emploi, nous devons anticiper le raz de marée de la révolution robotique qui va achever le peu d’emplois qui nous reste."
Oh les belles perles:
1. Le libre echange lamine les capacites de production et l'emploi
2. La revolution robotique est en marche
1. Evident. La France, ce paradis de l'ultraliberalisme ou l'etat intervient tres peu a des difficultes sur les fronts de la production et de l'emploi... a cause du libre echange. Vous picolez quand vous ecrivez vos articles? Ne prenez pas le volant apres au moins...
2. Bien sur. Les robots font timidement apparition dans les usines depuis 2012. Mon conseil, quand vous aurez cuve votre vin: allez donc faire un tour dans une usine, n'importe laquelle et regardez le degre d'automatisation. Ensuite, penchez-vous sur l'historique de cette robotisation. la production totalement automatisee date des annees 90. Arretez de faire peur aux gens alors que vous n'avez meme jamais vu ce dont vous parlez depuis votre petit bureau.