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Gilles Lerat

Gilles Lerat

Ingénieur de formation, j’ai sauté dans le bain de la création d’entreprises dès ma sortie de l’école. Je me suis spécialisé dans la sécurité informatique. Après avoir revendu ma société à un groupe informatique, je me suis dirigé vers le cinéma, ce qui n’est peut-être pas la meilleure option, compte tenu de l’environnement économique actuel.

Je suis à la fois émerveillé en permanence par les prouesses technologiques actuelles et extrêmement inquiet des défis qui nous attendent sur les plans énergétiques, économiques, et surtout sur le plan démographique.

Les thématiques que les politiques n'aborderont pas

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La France est un régime présidentiel. La seule grande élection qui compte vraiment, c’est celle de l’élection présidentielle, car c’est elle qui donne le ton, c’est elle qui concentre (concentrait ?) suffisamment de pouvoir à une seule personne pour lui permettre d’engager les réformes jugées indispensables. Aujourd’hui toutefois, cette affirmation n’est plus vraiment d’actualité.

J’ai souhaité faire une liste des problématiques que très peu de politiques n’oseront aborder frontalement pendant la campagne présidentielle de 2017, et qui sont malgré tout, des sujets fondamentaux, et surtout des bombes à retardement.

La liste (non exhaustive) de ces thématiques est la suivante :

·         La robotisation.
·         L’obsolescence programmée.
·         Les référendums.
·         Le contrôle de la création monétaire.
·         Le « Peak Everything ».
·         L’explosion démographique.




1)      La robotisation a les moyens de nous rapprocher de ce vieux rêve que caresse l’humanité depuis très longtemps : libérer l’homme du travail, en tant que facteur d’asservissement.

Dans la pratique, elle génère un stress extrême parce qu’elle détruit de l’emploi, et donc vient heurter notre système capitaliste habituel.

Par robotisation, je n’entends pas seulement les équipements présents dans les industries. Je pense aussi au « logiciel », dans son ensemble qui permet d’automatiser un certain nombre de tâches, à l’impression 3D, aux voitures autonomes, … et à l’ensemble des révolutions que nous vivons en ce moment, et qui réduisent les besoins en personnel de manière drastique, et ce dans l’ensemble des secteurs d’activité. ObjectifEco regorge d’articles concernant l’impact de la robotique, depuis celui-ci qui présente un restaurant chinois qui remplace ses serveurs par des robots, les nombreux articles de Charles Dereeper concernant l’impression 3D, et jusqu’au projet de Loic Abadie concernant les drones commerciaux.

Le point essentiel ici est que le secteur privé a saisi les enjeux de la robotisation, le secteur politique n’a absolument rien appréhendé, notamment en termes d'impact sur l'emploi.

La robotisation est inéluctable parce qu’elle permet aux entreprises de produire plus pour moins cher. Mais surtout, elle supprime un nombre incroyables d’emplois qui ne sont pas recréés par ailleurs. Et la question d’un meilleur partage des richesses n’est absolument pas posée.

Self-Driving-Car GoogleLa voiture "autonome" de Google


2)      L’obsolescence programmée.

Cet ensemble de techniques visant à réduire artificiellement, par divers techniques, la durée de vie d’un produit, est quasi scandaleuse dans l’environnement de rareté dans lequel nous nous apprêtons à vivre.
Sous la pression de certains médias, le sujet sort un peu de l’ombre, mais il est loin d’avoir le rayonnement qu’il devrait.
Je suis un peu critique en disant que l’obsolescence programmée n’intéresse personne. Elle a été intégrée à la loi Macron en Juillet 2015. Ce texte de loi est un bon début, même s’il ne va pas assez loin.

ObsolescenceUn aperçu des effets de la consommation de masse et aussi de l’obsolescence programmée – Source : www.actu-environnement.com

 
3)      Les référendums.

Ce lien référence les référendums en France et leurs résultats. Le dernier a eu lieu il y a maintenant 10 ans : il s’est soldé par un refus de valider la constitution. Et pourtant en 2007, le Traité de Lisbonne, signé sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, fait valider cette même constitution avec quelques habillages cosmétiques.
Depuis, il n’est apparemment même plus question d’organiser un référendum.

On note malgré tout que la plupart des référendums ont des taux de participation assez faibles. L’un des moyens pour enrayer ce déclin serait, je pense, de rendre le choix et l’organisation de ces référendums indépendants des pouvoirs en place. De cette façon, le référendum ne serait plus vu comme un plébiscite du gouvernement en place.

referendums
Les différents référendums sous la Vème république – Source : www.histgeographie.com
 

4)      Le « Peak Everything » : j’aurais plutôt dû parler de « Peak Oil », mais on m’aurait considéré comme un fou, à un moment où le baril de pétrole repasse sous les 42 Dollars. Après avoir un peu étudié le sujet, je maintiens que le prix du pétrole devrait repasser à terme au-dessus des 100 dollars, sous un intervalle assez court à l’échelle de l’humanité (moins d’une dizaine d’années).
Le « Peak Oil » ne suffit pas la fin du pétrole, mais plutôt la fin du pétrole bon marché.
Il aura des conséquences gigantesques sur nos économies qui sont fortement dépendantes d’un pétrole bon marché.
Le « Peak Oil » influencera l’extraction de tous les autres matériaux, vu que la quantité d’énergie nécessaire pour les extraire du sol augmente régulièrement. Voyez cet article qui explique le
Le Peak Everything est une conséquence logique de la croissance de la population mondiale, de l’élévation du niveau de vie, et du fait que nous vivons sur une planète avec des ressources finies.
En fait, on devrait parler en bon français de « la fin des ressources bon marché », et commencer à réfléchir aux impacts que cela aura sur notre façon de vivre.
 

Peak-gold
Evolution prévisible de la production annuelle mondiale d’or jusqu’à 2100 – Source : www.les-crises.fr d’Olivier Berruyer

 5)      Le contrôle de la création monétaire On pourrait plutôt parler, comme le dit Bill Bonner de « l’Empire des Dettes ». Lorsque des économistes sont invités pour parler de dettes, ils commencent à nous expliquer qu’il y a la « bonne dette » et la « mauvaise dette ». Je suis très dubitatif devant ces concepts de « bonne dette ». Mais admettons qu’il y ait de la bonne dette. Cela ne change rien au problème : la dette dans son ensemble est tellement omniprésente que la mauvaise dette masque forcément les effets de la soi-disant « bonne dette ».

La dette a fait l’objet de quelques débats lors de l’élection présidentielle de 2007 et 2012, principalement à l’initiative de François Bayrou. Depuis, plus rien. La dette est devenue tellement énorme, que sa « gestion » est maintenant confiée aux banques centrales. Comme le dit Bruno Bertez, un cap a été passé : les autorités responsables du désordre ont répondu à un trop-plein de dettes par encore plus de dettes. Il n’y a plus de retour en arrière possible.

Dette France
Evolution de la dette en France – Source : Wikipedia

Dette USA
Evolution de la dette aux Etats-Unis – Source : fr.internationalism.org


 
 


En plus d’une politique nataliste, certaines « élites » françaises prônent une suppression des quotas et une immigration vraiment massive. Jacques Attali, habitant du XVIème arrondissement, est le principal hérault de la suppression des quotas.


Sur TED (Ideas Worth Spreading), vous trouverez des vidéos de personnalités brillantes qui expliquent que le ralentissement du rythme des naissances dans l’ensemble des pays de la planète finira par équilibrer la population mondiale, à une valeur difficile à prévoir. Même si c’était vrai, on sent bien qu’il n’y a pas assez de ressources pour tout le monde… Il est également clair que l’on suit une exponentielle, et les exponentielles finissent mal, en général.




Pourquoi est-ce que ces sujets ne sont pas abordés frontalement ?

Et bien pour tout un tas de raisons… Mais principalement parce que :

1)      Ce sont des sujets pas forcément évidents à comprendre et loin des préoccupations quotidiennes des gens.
2)      Ce sont des sujets que Robert Covey, l’auteur des 7 habitudes de ceux qui réussissent ce qu’ils entreprennent, qualifierait d’ « importants et non urgents ». Il est très commode, sur ces sujets, de procrastiner
3)      Ce sont des problèmes dont la résolution ne profiterait pas aux élites qui nous gouvernent (je pense en particulier aux référendums), et donc ils évitent soigneusement de prendre des engagements clairs sur chacun d’entre eux.
4)      Ce sont avant tout, des sujets pour lesquels les solutions sont douloureuses, et donc j’ai bien l’impression qu’il n’y a pas de solution possible à implémenter, en restant uniquement dans le cadre de la démocratie.





A côté de cela, il y a un ensemble de problèmes qui sont importants et qui sont traités qu’à la marge ou qui sont trustés par un seul parti.
  • L’immigration : l’immigration est le terrain de chasse réservé du Front National, qui a été labellisé « parti malsain » par la quasi-totalité des médias et de la classe politique restante. Ce qui fait que ce sujet de l’immigration qui mériterait débat ne peut pas faire l’objet d’une confrontation d’idées dépassionnée.

Tous ceux qui parlent de pouvoir contrôler l’immigration sont de fait assimilés à des extrémistes en chemise brune, qui nous rappellent « les heures les plus sombres de notre histoire ».
  • L’écologie : le mouvement politique Europe Ecologie Les Verts a réussi à faire accepter aux médias dominants et (donc) aux français que l’écologie, c’est eux. C’est forcément eux. Ce qui leur permet de se concentrer sur l’idéologie qui, en fait, les intéresse vraiment : le néo-trotskisme.

De fait, les mouvements écologistes alternatives sont marginalisés, et complètement invisibles aux yeux de ceux des français qui ne prennent pas la peine de se documenter. C’est notamment le cas du M.E.I.(Mouvement Ecologiste Indépendant), de Cap21 (fusionné avec le parti de LRC) et de Génération Ecologie.
  • La dette : tout le monde parle de la dette, enfin surtout lorsqu’elle atteint des seuils critiques (1000 milliards d’euros, 100% du PIB,…). Ensuite, elle retombe dans l’oubli, … jusqu’au prochain seuil.

Rares sont les personnes influentes dans le microcosme politique qui se risquent à dire que les plans de Quantitative Easing de la BCE et des autres banques centrales, sont en fait de la dette. Et la dette, en principe, cela se rembourse. Et donc, le système actuel, basé sur la dette, n’est pas soutenable.
  • Le non renouvellement des mandats politiques : voici un très vieux serpent de mer, qu’il ne serait pourtant pas impossible d’éradiquer avec un peu de bonne volonté de part et d’autre. Las ! Les plus chauds partisans du non cumul des mandats sont en général ceux qui s’empressent le plus vite d’oublier leurs promesses : Noël Mamere, Arnaud Montebourg, pour ne citer que les plus ridicules…

En résumé, cette histoire du non renouvellement des mandats ferait mieux d’être enterrée au plus vite : elle rend le peuple encore plus cynique vis-à-vis des politiques dans leur ensemble.




Enfin, il y a des sujets qui monopolisent tous les partis de gauche et de droite, et sur lesquels, chacun y va de sa petite solution.

·         Le chômage.
·         La croissance (du PIB)
·         L’insécurité.

Vous remarquerez que les sujets qui font l’objet d’un traitement médiatique et politique important renvoient à des concepts abstraits, même si leurs effets sont eux, extrêmement concrets.

Exemples :
  • On ne lutte pas contre le chômage. On met en œuvre des mesures pour faciliter l’embauche (et donc aussi le licenciement) des chômeurs.
  • On ne décrète pas la croissance. On met en œuvre des mesures cohérentes pour permettre aux entreprises privées de la générer.
  • La problématique de la croissance est double, puisqu’elle s’appuie sur un indicateur biaisé, le PIB. Comme l’a si bien montré Charles Gavé de l’Institut des Libertés, le PIB agrège aussi et surtout les dépenses publiques. Dit autrement, plus l’état dépense, et plus la « croissance » augmente. Ce n’est pas la seule faille du Produit Intérieur Brut, mais c’est la plus flagrante.
  • On ne bataille pas contre l’insécurité, on met en œuvre une combinaison de mesures préventives et répressives, couplée à des outils de mesure fiables et incontestables.
Les problèmes qui monopolisent l’attention des médias sont le plus souvent des termes conceptuels, que l’on peut attaquer sans crainte (puisque ce sont des concepts).

Les sujets indiqués plus hauts sont des sujets autrement plus essentiels… Mais la probabilité que les politiques les adressent véritablement est somme toute assez faible.

Surveillez ceux qui auront la visibilité médiatique et le courage d’en parler…. Je ne suis pas sûr que les médias leurs donneront l’importance qu’ils méritent.
















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