Voici ce que j’écrivais dans l’édition du Contrarien Matin du jeudi 3 juillet concernant la décision historique du Japon de mettre fin à son pacifisme « constitutionnalisé ».
Le Japon autorise son armée à participer à des opérations extérieures
« Le Premier ministre Japonais Shinzo Abe a annoncé, lors d’une conférence de presse à Tokyo le 1er juillet 2014, qu’il autorisait ses forces armées à participer à des opérations militaires extérieures.Il s’agit-là d’une décision historique du Japon puisque depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon s’interdisait comme l’Allemagne toute possibilité de campagnes militaires extérieures.
Nous assistons à une remilitarisation sans précédent du monde et à une augmentation significative des conflits qui, de surcroît, gagnent de façon très inquiétante en intensité.
Cette décision certes historique n’est pas une bonne nouvelle car le Japon dans cette affaire-là va devenir ou risque de devenir le bras armé des Américains pour « endiguer » l’expansion chinoise.
C’est bien, dans cette décision, la Chine qui est visée. »
Il a fallu quelques jours à Pékin pour exprimer sa position officielle sur cette affaire, et aujourd’hui l’Agence de Presse Xinhua a diffusé la dépêche suivante que je vous livre en intégralité et dont je vous laisse prendre connaissance.
Encourager Shinzo Abe à mutiler la Constitution pacifiste du Japon pourrait se retourner contre les États-Unis
BEIJING, 8 juillet (Xinhua) – Il est malavisé de boire du poison quand on a très soif, comme dit un vieux proverbe chinois. C’est exactement ce que font les États-Unis en encourageant Shinzo Abe à mutiler la Constitution pacifiste du Japon – un geste qui menace non seulement la Chine, mais qui pourrait également coûter cher aux États-Unis.Soucieux de protéger ses intérêts stratégiques et de préserver son rôle dominant dans la région Asie-Pacifique, Washington a fait le choix imprudent de soutenir la décision de l’administration Abe de réinterpréter la Constitution du Japon pour permettre au pays de lancer des opérations militaires à l’étranger.
Il est important pour les États-Unis de voir clairement que le Premier ministre nationaliste Abe et la droite japonaise ont des ambitions bien plus élevées et que l’autorisation du « droit collectif à l’auto-défense » constitue tout simplement un premier pas vers le militarisme.
On peut s’attendre à de nouvelles mesures plus provocatrices de la part du Japon dans la région Asie-Pacifique, ce qui pourrait traîner progressivement les États-Unis dans les différends opposant l’archipel à ses voisins asiatiques, ou, pire encore, dans une guerre inutile déclenchée par le Japon.
Washington a beau penser que le Japon ne peut jamais être une véritable menace pour les États-Unis ou la région, cela revient à adopter la même attitude que pendant la Seconde Guerre mondiale lorsque l’Oncle Sam était persuadé qu’un Japon à l’armée relativement faible n’allait jamais oser le provoquer.
Pourtant, le raid aérien nippon sur Pearl Harbor en 1941 n’était ni un incident isolé ni le fruit du hasard. Cette décision inévitable avait été prise comme on pouvait s’y attendre par les nationalistes japonais pourvus d’un état d’esprit extrémiste, opportuniste et sans foi ni loi à l’heure où ces derniers renforçaient leur influence dans le pays et cherchaient à ressusciter leur tradition militariste.
Le soutien américain envers cette mesure de Tokyo qui exacerbe les tensions et provoque l’instabilité dans la région est susceptible d’affecter la confiance mutuelle entre Beijing et Washington, un élément indispensable pour leurs relations de coopération mutuellement bénéfiques.
Au lieu de prendre des risques imprévisibles pour le virage à droite du Japon, les intérêts stratégiques de Washington seraient davantage servis par des actions de cultiver des relations constructives et de coopération avec la Chine.
Le sixième Dialogue stratégique et économique sino-américain, qui se tiendra à Beijing mercredi et jeudi, a constitué une plate-forme clé pour permettre aux deux plus grandes économies du monde de renforcer leur communication, leur coopération et leurs échanges, tout en offrant la possibilité pour Washington d’améliorer sincèrement ses liens avec Beijing, de renforcer la confiance mutuelle et de traiter de manière adéquate les préoccupations de part et d’autre.
Il est grand temps pour les États-Unis de clarifier leurs positions sur les questions liées à la Chine et de prendre des mesures concrètes pour prouver qu’ils ont un rôle constructif à jouer dans la région Asie-Pacifique.
La désaméricanisation, une nécessité de plus en plus évidente pour le reste du monde
Ce que je vais exprimer là est purement factuel. Il n’y a,dans mes propos, ni idéologie, ni parti pris, ni même de « l’antiaméricanisme » primaire ou secondaire. Regardons juste les faits.La Chine veut désaméricaniser avec la Russie, les BRICS restent sceptiques vis-à-vis des USA dans leur ensemble, ainsi que les pays dits « non-alignés ». Même l’Europe désormais se pose quelques questions (enfin) après l’affaire BNP Paribas et le chantage auquel la France a été soumise.
La BNP a été condamnée pour ne pas avoir utilisé convenablement le dollar ? Qu’à cela ne tienne, commerçons en euros… c’est en tout cas le point de vue assez largement partagé qui prévaut dans les hautes sphères françaises.
Les États-Unis se mettent le monde à dos
Ce début de siècle nous a montré un visage assez détestable de ce grand pays que sont les États-Unis. Agressivité, arrogance, violence, chantage, guerre, coups fourrés, manipulations, mensonges… Après 10 années de domination sans partage et sans concession du monde, de nombreux pays commencent à s’organiser pour être moins dépendants des Américains.
Leur stratégie non-coopératrice à l’égard de ses propres partenaires ne peut conduire qu’à l’effet inverse escompté. Plus les USA abuseront de leur position dominante, moins celle-ci restera dominante longtemps.
Le monde vient de rentrer dans un grand mouvement de désaméricanisation mais il est fort à parier que ce dernier se fasse dans la plus grande violence.
Préparez-vous et restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT