Comme prévu, le Japon est en récession et les statistiques officielles n’arrivent même plus à le cacher. Que n’avons-nous pas entendu sur la brillante stratégie monétaire niponne. Qu’ai-je dit ? Que cela ne pouvait pas fonctionner et que la situation du Japon, pour des raisons allant au-delà des simples cycles économiques, était irrémédiablement compromise (comme pour la France mais pour d’autres raisons). J’y consacre donc un article dans l’édition du jour.
Ce que je voulais partager avec vous ce matin, c’était plutôt les commentaires pour le moins hallucinants d’aveu du gouverneur de la Banque centrale Suisse à propos du référendum concernant le rapatriement des réserves d’or suisse… en Suisse !
Un « oui » à l’initiative sur l’or serait « fatal » pour la BNS
Voici ce qu’a déclaré le patron de la Banque centrale suisse (BNS) :« L’initiative sur l’or de la BNS combine un seuil minimum de métal jaune avec une interdiction de le revendre et serait fatale au bon fonctionnement de l’institution, selon son président. Cela limiterait les activités à long terme de la BNS. »
Encore plus grave pour Thomas Jordan, « l’initiative, soumise au peuple le 30 novembre, impose un quota fixe d’un certain actif – dans le cas présent l’or – à la banque centrale, une contrainte « peu judicieuse » mais acceptable. « Nous devrions simplement garder plus d’or au lieu de dollars et de yens », explique Thomas Jordan. Mais l’institution ne pourrait pas le revendre si elle devait réduire le volume de son bilan ».
« L’initiative pourrait même attiser l’appétit des spéculateurs. « Ils ne peuvent guère rêver mieux que d’avoir la certitude qu’il y a quelqu’un qui va devoir acheter quelque 70 milliards de francs d’or et qu’il ne puisse ensuite les remettre sur le marché. »
Enfin, pour Thomas Jordan, « ce n’est pas la quantité d’or gardée par la Banque nationale qui détermine la stabilité des prix et celle du franc suisse, mais notre politique monétaire ».
« Lors de l’assemblée générale de la BNS en avril 2013, Thomas Jordan avait déjà jugé l’initiative « contre-productive ». Il avait alors défendu le stockage décentralisé, qui permet, selon lui, de pouvoir assurer la continuité de l’exploitation même dans des circonstances difficiles… »
Une forme d’aveu !
Aucun des arguments évoqués par le gouverneur de la BNS ne tient la route « économiquement » parlant. Avoir plus de réserves d’or n’empêche nullement de défendre une parité euro/franc suisse en créant autant de papier que nécessaire. Avoir une quantité minimum d’or à détenir n’est en aucun cas un problème. Cela le serait en revanche s’il était demandé à la BNS de détenir un pourcentage fixe d’or par rapport à son bilan. Dans ce cas, chaque création monétaire devrait s’accompagner d’achat d’or correspondant… ce qui pourrait vite poser quelques problèmes d’approvisionnement !!Concernant les spéculateurs qui profiteraient des achats suisses, je crois qu’il faut vraiment rassurer le gouverneur de la BNS. En effet, plus Poutine et les Chinois achètent d’or… plus les cours baissent !! En clair : plus on achète, plus les prix diminuent. Tout est donc parfaitement normal dans un monde économique logique !! (C’est ironique bien évidemment.)
Pour conclure, le gouverneur de la BNS trouve très pertinent de garder son or ailleurs, c’est-à-dire de le faire garder par d’autres tout en ne sachant rien de ce que devient son métal jaune… Vous conviendrez que, comme argument massue, il y a tout de même mieux.
Le précédent de l’Allemagne
L’Allemagne aussi a renoncé à rapatrier son or et la raison est fort simple. Les Américains ont décroché leur téléphone et expliqué à Angela que son or n’était plus là et qu’il fallait qu’elle se taise. Message reçu par l’Allemagne qui, finalement, considère que son or est également bien à l’abri à Fort Noks… C’est une façon de voir.Nous restons donc dans un marché de l’or et du métal jaune particulièrement contrôlé et manipulé par les anglo-saxons, et il est évident qu’il y a un véritable problème autour de l’existence réelle de l’or officiellement comptabilisé.
Dès lors, il y a deux possibilités. Soit les Américains ont bien tout cet or mais ils veulent se le garder et le conserver pour pouvoir agir puis peser lors de la prochaine refonte inéluctable du système monétaire international.
Soit les Américains sont simplement « tout nus » et la totalité de cet or a été raflé, acheté, livré et vendu à certains pays émergents comme la Russie et bien sûr la Chine.
Le problème de la démocratie suisse
Le petit souci dans le cas suisse, c’est que c’est le peuple qui décide et pas le chef d’État concerné. Les Suisses vont devoir voter et s’ils votent mal, ils pourraient bien mettre un sacré bazar sur le marché de l’or ainsi que, par extension, sur les marchés financiers de la planète. C’est dans ce contexte que les citoyens suisses sont actuellement la cible d’une immense campagne de propagande visant à les dissuader de voter positivement pour un rapatriement de l’or de leur pays.Nul doute que d’ici au 30 novembre la pression va s’accentuer et les coups pendables augmenter mais le dernier mot, pour une fois, reviendra bien au peuple suisse et j’espère qu’il exigera d’être en pleine possession de son or, ce qui est du simple bon sens.
En attendant, ce qu’il faut retenir de tout cela c’est bien qu’il y a un immense problème autour de la disponibilité des réserves d’or et que l’or reste un actif que les autorités monétaires du monde entier surveillent comme le lait sur le feu (ce qui prouve bien sa capacité à conserver la valeur et son aspect stratégique). Il faut retenir également que lorsque les peuples veulent exprimer un avis contraire à celui de l’élite, on nous promet toujours les affres du chaos, les dangers que nous devrons affronter et le fait que voter contre le système c’est aussi grave que de voir la terre cesser de tourner… Nous vivons uniquement dans une illusion de démocratie et cela n’est pas rassurant pour l’avenir.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT