Permettre à chacun de bénéficier d’un minimum de pouvoir d’achat pour assurer sa survie élémentaire.
L’idée sublime est que chacun ait de quoi se loger, s’habiller, manger et avoir un accès gratuit aux fonctions régaliennes de l’état (défense, justice, éduction, santé…) Ajoutez-y ce que vous voulez.
Sauf que c’est non seulement une illusion, mais aussi un grand danger.
Prenons un exemple :
Savez-vous qu’il existe des lunettes premier prix, prises en charge à 100% par la sécu, sans besoin de mutuelle? Votre opticien vous les a-t-il proposées?
Une infime minorité, les plus pauvres ou les plus excentriques achète ces montures.
Tous les autres (moi le premier) sont prêts à payer une fortune pour trois bouts de fils de fer et deux bouts de plastique. (Si vous connaissez toute la chaîne de marge, dans cette filière, vous savez de quoi je parle.)
Pourquoi ? Parce que vous comme moi, nous voulons exister en tant qu’individus uniques.
C’est l’ego. L’ego est naturel et nécessaire à l’être humain.
Le revenu universel va-t-il changer nos modes de consommation et nous amener à acheter la monture de base?
En d’autres termes, allons-nous collectivement museler nos égos ?
Belle utopie communiste! Dream-on !
Généralisez cela à tous vos achats et vous aurez compris que le revenu universel ne sera jamais, mais jamais, utilisé par nous tous pour se garantir un socle de survie, mais simplement pour augmenter notre pouvoir d’achat.
A partir de là, il est évident que les vendeurs qui sentiront cette augmentation de pouvoir d’achat, augmenteront leurs prix en conséquence, en vertu de l’offre et de la demande.
Le résultat sera donc simplement un ajustement à la hausse des prix.
Ajoutez-y aussi le fait que les employeurs ne vont plus se sentir obligés d'augmenter les salaires, puisqu'il y a le revenu universel pour compenser.
Certes, il y aura un mieux pour les plus pauvres, mis à profit pas des hommes politiques sans vertu, mais il sera de courte durée et à quel coût.
A contrario, si le rattrapage tend à arriver, cela créera des tensions inflationnistes sur le marché qui affecteront les plus pauvres en premier.
De plus, ce sera le début d’un cercle vicieux.
Les plus pauvres n’ayant pas vraiment vu leur situation s’améliorer vont retourner voir le gouvernement pour réclamer le « nécessaire » rattrapage du montant du revenu universel.
Le gouvernement acceptera une fois, deux fois, X fois tant que la spirale inflationniste sera jugée sous contrôle.
Sauf que le phénomène d’ajustement devenant répétitif, les vendeurs auront mis en place des outils efficaces de hausse de leurs prix. Les cycles seront de plus en plus courts. L’inflation de plus en plus forte.
A un moment, le gouvernement n'aura le choix qu'entre:
- Abandonner ce système utopique et laisser le marché faire son job. (Quel beau gâchis !)
- Entrer dans un système de prix fixés par l’état. (Et l’on aboutit rapidement à un régime totalitaire.)
- Augmenter le revenu universel jusqu’à ce que le système s’écroule sous son propre poids hyper-inflationniste. (Avec reset monétaire.)
Et ce sont ceux devaient en bénéficier le plus – les plus pauvres – qui seront les plus affectés.
Devant cette spirale inflationniste, ils devront choisir entre un semi-esclavage obéissant ou le vol hors-la-loi.
Belle réussite !
Où est l’erreur me direz-vous ?
L’idée est pourtant si belle !
L’erreur - que les pseudo-économistes de salon n’ont toujours pas comprise - est la différence entre valeur économique et quantité de monnaie.
La valeur économique est ce qui me pousse à obtenir la propriété d’un bien: possibilité d’usage, bien de production d’autres biens, statut social, etc…
Dans une économie développée, pour obtenir cette propriété, cela s’exprime par un certain nombre d’unités de compte de valeur : la monnaie.
Mais la valeur économique n’est pas la quantité d’unités de compte.
Que la monnaie soit le Dollar ou l’Euro ; que l’Euro soit dévalué ou non:
- L’acheteur va faire en sorte d’obtenir assez d’unités de compte pour acheter.
- Le vendeur va faire en sorte d’ajuster son prix pour vendre.
La valeur économique reste la même dans tous les cas.
Ce n'est pas parce qu'une valise pèse 25 kg, 25 000 grammes ou 55 pounds, qu'elle sera plus ou moins lourde à trimballer.
Depuis Bastiat, cela fait 150 ans que c’est connu et explicité.
Il serait peut-être temps de remettre les pieds sur terre et d’arrêter de ré-inventer la roue !
Les conséquences sont trop graves.
Bordel !