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Pourquoi le revenu minimum universel est une utopie des plus dangereuses.

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Nombre de commentaires : 5 réactions
Quel est le but du revenu minimum universel ?

Permettre à chacun de bénéficier d’un minimum de pouvoir d’achat pour assurer sa survie élémentaire.

L’idée sublime est que chacun ait de quoi se loger, s’habiller, manger et avoir un accès gratuit aux fonctions régaliennes de l’état (défense, justice, éduction, santé…) Ajoutez-y ce que vous voulez.

Sauf que c’est non seulement une illusion, mais aussi un grand danger.


Prenons un exemple :

Savez-vous qu’il existe des lunettes premier prix, prises en charge à 100% par la sécu, sans besoin de mutuelle? Votre opticien vous les a-t-il proposées?

Une infime minorité, les plus pauvres ou les plus excentriques achète ces montures.

Tous les autres (moi le premier) sont prêts à payer une fortune pour trois bouts de fils de fer et deux bouts de plastique. (Si vous connaissez toute la chaîne de marge, dans cette filière, vous savez de quoi je parle.)

Pourquoi ? Parce que vous comme moi, nous voulons exister en tant qu’individus uniques.
C’est l’ego. L’ego est naturel et nécessaire à l’être humain.



Le revenu universel va-t-il changer nos modes de consommation et nous amener à acheter la monture de base?


En d’autres termes, allons-nous collectivement museler nos égos ?

Belle utopie communiste! Dream-on !



Généralisez cela à tous vos achats et vous aurez compris que le revenu universel ne sera jamais, mais jamais, utilisé par nous tous pour se garantir un socle de survie, mais simplement pour augmenter notre pouvoir d’achat.


A partir de là, il est évident que les vendeurs qui sentiront cette augmentation de pouvoir d’achat, augmenteront leurs prix en conséquence, en vertu de l’offre et de la demande.


Le résultat sera donc simplement un ajustement à la hausse des prix.

Ajoutez-y aussi le fait que les employeurs ne vont plus se sentir obligés d'augmenter les salaires, puisqu'il y a le revenu universel pour compenser.


Certes, il y aura un mieux pour les plus pauvres, mis à profit pas des hommes politiques sans vertu, mais il sera de courte durée et à quel coût.

A contrario, si le rattrapage tend à arriver, cela créera des tensions inflationnistes sur le marché qui affecteront les plus pauvres en premier.


De plus, ce sera le début d’un cercle vicieux.

Les plus pauvres n’ayant pas vraiment vu leur situation s’améliorer vont retourner voir le gouvernement pour réclamer le « nécessaire » rattrapage du montant du revenu universel.
Le gouvernement acceptera une fois, deux fois, X fois tant que la spirale inflationniste sera jugée sous contrôle.


Sauf que le phénomène d’ajustement devenant répétitif, les vendeurs auront mis en place des outils efficaces de hausse de leurs prix. Les cycles seront de plus en plus courts. L’inflation de plus en plus forte.

A un moment, le gouvernement n'aura le choix qu'entre:

  1. Abandonner ce système utopique et laisser le marché faire son job. (Quel beau gâchis !)
  2. Entrer dans un système de prix fixés par l’état. (Et l’on aboutit rapidement à un régime totalitaire.)
  3. Augmenter le revenu universel jusqu’à ce que le système s’écroule sous son propre poids hyper-inflationniste. (Avec reset monétaire.)

Et ce sont ceux devaient en bénéficier le plus – les plus pauvres – qui seront les plus affectés.

Devant cette spirale inflationniste, ils devront choisir entre un semi-esclavage obéissant ou le vol hors-la-loi.
Belle réussite !



Où est l’erreur me direz-vous ?

L’idée est pourtant si belle !


L’erreur - que les pseudo-économistes de salon n’ont toujours pas comprise - est la différence entre valeur économique et quantité de monnaie.


La valeur économique est ce qui me pousse à obtenir la propriété d’un bien: possibilité d’usage, bien de production d’autres biens, statut social, etc…

Dans une économie développée, pour obtenir cette propriété, cela s’exprime par un certain nombre d’unités de compte de valeur : la monnaie.

Mais la valeur économique n’est pas la quantité d’unités de compte.

Que la monnaie soit le Dollar ou l’Euro ; que l’Euro soit dévalué ou non:

  • L’acheteur va faire en sorte d’obtenir assez d’unités de compte pour acheter.
  • Le vendeur va faire en sorte d’ajuster son prix pour vendre.

La valeur économique reste la même dans tous les cas.

Ce n'est pas parce qu'une valise pèse 25 kg, 25 000 grammes ou 55 pounds, qu'elle sera plus ou moins lourde à trimballer.


Depuis Bastiat, cela fait 150 ans que c’est connu et explicité.

Il serait peut-être temps de remettre les pieds sur terre et d’arrêter de ré-inventer la roue !

Les conséquences sont trop graves.

Bordel !
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5 commentaires

  • Lien vers le commentaire Engin-ear dimanche, 31 mai 2020 17:46 Posté par Engin-ear

    D'excellents commentaires, Karl, que je résumerai de manière suivante.

    Dans les théories macro-économiques, le revenu universel correspond à une forme de redistribution forcée des richesses, qui est un vieux levier de solution des deséquilibres économiques. Mais ce levier, pris tout seul, est totalement insuffisant.

    Dans l'histoire de l'humanité, les nations le pratique en général à la "veille" de collapse. Pensez à bread & circuses à Rome. Attention cependant à la notion "à la veille de" : pour les historiens cela peut être 10 ans comme un siècle.

  • Lien vers le commentaire Karl Descombes vendredi, 08 mai 2020 23:53 Posté par Karl Descombes

    Pour répondre à engin-ear:

    Soit le chômage est structurel et ce n'est pas à l'état à remplacer un manque continu de création de richesse.
    L'état ne crée pas de valeur économique, dans ses politiques d'emploi.
    Il peut juste
    i) prendre à l'un pour donner à l'autre (avec des grosses pertes de gestion au passage)
    et/ou
    ii) il peut créer de la monnaie et la distribuer.
    Mais il ne crée alors aucune richesse, juste de l'inflation.

    Soit le chômage est conjoncturel et aider l'économie à passer une crise est légitime.
    MAIS dans ce cas, l'argent ne doit pas aller aux individus, mais aux structures créatrices de richesse: les entreprises.

    Pourquoi:

    i) parce que si les structures économiques s'effondrent, les investissements et les durées de reconstruction seront autrement plus importants. Entre-temps, les individus auront été emportés dans la tourmente, même avec un RSA cache-misère.

    ii) parce que les entreprises pourront être obligées à rembourser les aides sur la durée.
    Mais pas les individus, car ils ne seront jamais capables de thésauriser suffisamment ET parce qu'ils sont des électeurs à ne pas fâcher...

    (Certes, il faut s'assurer que les entreprises répercutent bien les subventions sur les salaires.)


    Air France a été sauvée par l'état il y a quelques années et Air France est encore (pour combien de temps?) debout.
    Si cet argent avait été donné au personnel d'Air France. Air France aurait fermé et tous ses employés auraient été rémunérés pour être au chômage...


    Le problème dans des systèmes sociaux, surtout en France, c'est qu'une mesure qui pourrait sembler conjoncturellement bonne, mais structurellement mauvaise, ne sera jamais retirée que sous l'effet d'une crise terminale destructrice.
    Cela s'appelle un "acquis social".

    Un exemple similaire: la hausse quasi-automatique du SMIC année après année, par décret étatique.
    Belle idée aussi, sur le papier, mais une catastrophe en pratique.

    L'idée de base. C'est dur pour les moins rémunérés et il faut leur donner du pouvoir d'achat.

    SAUF QUE, si les temps sont durs, cela veut dire que la masse salariale globale ne va pas pouvoir grandir autant pour tout le monde.

    Augmenter automatiquement le SMIC par le bas, veut dire limiter la hausse de tous ceux au-dessus.

    En 5 ou 10 ans, on augmente ainsi fortement la proportion des gens au SMIC dans le pays.

    Conséquence désastreuse pour les entreprises: incapacité à rémunérer au mérite et démotivation collectiviste.

    Et on met un pression inflationniste sur les prix des biens consommés principalement par les personnes au SMIC.
    Si bien que les temps restent durs pour les anciens et les nouveaux smicards.
    Belle réussite !

  • Lien vers le commentaire Bruno Koegler vendredi, 08 mai 2020 11:21 Posté par Bruno K

    La France a deja le revenu universel, non ? C koi le RMI/RSA a 500 EUR plus APL plus CMU plus tel fixe a prix reduit ? En bossant un peu au noir, on vit presque comme un roi :P

  • Lien vers le commentaire Bertrand Evequoz jeudi, 07 mai 2020 01:36 Posté par Bertrand Evequoz

    Comme disait Soros, *Il y a 20 % de la population mondiale qui ne sert à rien, il faudra bien les éliminer" C'est une méthode un peu radicale mais meilleur marché que le revenu universel. Par un vaccin obligatoire par exemple.Je dis ça je dis rien.

  • Lien vers le commentaire Engin-ear mercredi, 06 mai 2020 20:54 Posté par Engin-ear

    Le concept du revenu universel me semble adapté aux situations où le  chômage élevé, le secteur privé ne génère pas assez d'emplois, et l'Etat hésite entre la création de faux emplois à 1x, voire 2x, SMIC et un revenu universel à 0.5 SMIC.