Les déflationnistes disent souvent pour nier l'évolution inflationniste actuelle que si les taux se mettaient à grimper, l'économie freinerait et l'inflation diminuerait. C'est méconnaitre totalement le mécanisme stagflationniste car la séquence qu'ils décrivent est celle d'une inflation par la demande, pas celle d'une inflation par les coûts. Il ne faut pourtant pas être grand économiste pour comprendre que la séquence réelle est : hausse des coûts à la production, puis appréciation des prix à la consommation, puis hausse des salaires malgré la baisse d'activité pour compenser la hausse des prix dans un contexte d'émission excessive de monnaie. La hausse des taux se produit après cette suite évolutive. C'est d'ailleurs ce qu'on observe en ce moment : la récession couve, les prix montent, le dernier indice des prix à la production US est à la hausse alors que les taux restent bas. Ceux-ci ne monteront que si les salaires s'apprécient. Cette hausse des salaires augmente automatiquement les recettes fiscales à hauteur du taux d'inflation puisque tous les fluxs financiers s'indexent progressivement sur la perte de valeur des monnaies et ne mettent donc pas les états en difficulté. En revanche cette stagflation permet un désendettement plus rapide des états et des acteurs privés lorsque leur dette est à taux fixe ou variable capé.
La stagflation est inéluctable car tous les ingrédients de celle-ci sont réunis :
- hausse des coûts matières premières,
- hausse des coûts salariaux chez les émergents,
- hausse des devises émergentes,
qui créent progressivement une inflation importée par les coûts et qui s'accompagnent d'une volonté de créer de l'inflation :
- émission excessive de monnaie par les banques centrales occidentales.
Lorsque les indices des prix actuellement surpondérés en produits importés issus des émergents vont commencer à vraiment flamber, les salaires finiront par suivre en occident quel que soit le niveau du chomage (2 ans après la hausse des prix dans les années 70). Penser que les salariés vont accepter des hausses officielles de prix de plus de 5 % sans obtenir d'augmentation de salaire nominal pendant plus de deux ans (soit au minimum une perte de pouvoir d'achat de 10.25 %) est un doux rêve de déflationniste.
Mais ce scénario lent de délitement des monnaies occidentales pourrait s'accélérer si l'Europe ou les Etats Unis voyaient la crédiblité de leur monnaie diminuer. Dans ce cas, les investisseurs pourraient se tourner vers les biens tangibles en faisant grimper leur prix de façon très importante avec pour résultat une hausse des prix à consommation plus forte dans un contexte récessif plus important et une chute du marché obligataire.
Deux possibilités :
- une récession forte avec des taux d'inflation supérieurs à deux chiffres ou hyperinflation.
- une slumpflation avec flambée extrèmement rapide des prix et dépression économique majeure.
Je ne fais pas partie des catastrophistes et cette dernière hypothèse n'est pas du tout mon scénario central.
De façon plus générale, dans le débat déflation inflation, les déflationnistes confondent récession et déflation. Ils utilisent ce dernier mot pour qualifier toute baisse des marchés actions. Or une déflation est un phénomène monétaire qui renchérit la monnaie, ce qui n'est à l'évidence pas le cas. La déflation ne résume pas à la chute des prix d'une classe d'actif.
Le département d'analyse économique de Natexis vient de publier une étude qui va en l'encontre de ses publications de l'an dernier où l'inflation était, selon ses spécialistes, impossible du fait d'un taux de chômage occidental élevé.
http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=59552
Les analystes évoluent, les déflationnistes impénitents du net finiront par évoluer aussi ...
Fiez-vous à un indice des marchés qui vous explique que le grand soir déflationniste ne viendra pas mais que l'inflation va progressivement monter : l'or et l'argent grimpent de concert. Cette évolution est impossible dans la déflation.
Son Blog : http://futures.over-blog.com/