Vous n'êtes pas membre (devenir membre) ou pas connecté (se connecter)
Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

"USA, croissance 0,1 %... Bientôt la récession !"

Audience de l'article : 2086 lectures
Nombre de commentaires : 1 réaction
Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !

Il est très important d’essayer de se forger une opinion aussi juste que possible de la réalité de la croissance américaine que l’on cherche à nous vendre presque avec désespoir.

Mon point de vue est que malgré les milliards de milliards de dollars qui ont été créés et déversés dans l’économie américaine, la reprise économique n’a pas été au rendez-vous. Certes cela a permis d’empêcher provisoirement une immense dépression dont l’ampleur aurait été égale au moins à celle de 1929 si ce n’est pire, mais point de relance véritable. Point de reprise économique durable. Point de croissance saine et auto-entretenue autrement que par une accumulation de nouvelles dettes, ou de nouvelles bulles spéculatives.

L’augmentation du dollar est équivalente à une énorme augmentation des taux d’intérêt et va freiner l’expansion économique.

Retenez ceci. Dans les 9 derniers mois, le dollar s’est apprécié de 25 % ! Rien de moins. Il est bien sûr plus que difficile pour les entreprises d’augmenter leur productivité de 25 % en 9 mois pour maintenir leurs parts de marché à l’étranger. Conclusion ? Le made in America devient 25 % plus cher. Logiquement le made in China, lui, est devenu mécaniquement 25 % moins cher ainsi évidemment que le made in Europa.

Il n’y a pas là de quoi anticiper une croissance très forte aux États-Unis pour 2015. D’ailleurs, la FED d’Atlanta – qui est l’une des banques centrales régionales comme la FED de Saint-Louis par exemple et dont les chiffres ou les prévisions sont bien plus justes que ce que l’on vous raconte par ailleurs, sachez que les vrais chiffres existent, il suffit juste de savoir ou aller les chercher – ne s’y trompe pas.

Une prévision de croissance de 0,1 % !

Vous trouverez ci-dessous le texte exact de la FED d’Atlanta que je vous laisse volontiers lire pour nos camarades comprenant l’anglais. Pour tous les autres, ce texte peut se résumer de la façon suivante.

Le modèle de prévision de croissance du PIB fait apparaître une prévision de croissance annualisée du PIB américain de… 0,1 % !

Mazette, pour de la croissance et de la reprise forte, vous en conviendrez, il vaut mieux repasser !!

Vous avez même un beau graphique qui vous montre comment les prévisions sont orientées d’ailleurs à la baisse depuis quelques mois et que ce n’est donc évidemment pas une surprise.

Pourtant, invariablement, lorsque j’explique cela, on me fait passer pour un abruti en concluant par un lapidaire et indiscutable « mais non, voyons, la croissance aux USA est bien là ! Vous ne pouvez pas dire le contraire »… Eh bien si !

« Latest forecast. The GDPNow model forecast for real GDP growth (seasonally adjusted annual rate) in the first quarter of 2015 was 0.1 percent on April 2, up from 0.0 percent on April 1. Following this morning’s international trade release from the U.S. Census Bureau, the nowcast for the change in real net exports in 2009 dollars increased from -40 billion to -33 billion. The nowcast for real equipment investment growth declined from 7.5 percent to 6.1 percent following the international trade report and the Census Bureau’s M3 manufacturing report ».

graph pib reserve atlanta

Source Federal Reserve Atlanta ici

Oui mais aux États-Unis, le chômage baisse…

Et même que c’est pour ça qu’il faut « absolument » flexibiliser encore plus le marché du travail qui est « trop rigide » comme chacun sait… Il n’y a pas « d’alternative » ! Sauf que tout cela est bidon !

Bidon comme la réalité fantasmée de la reprise US. Certes le nombre de bénéficiaires des food stamps (le programme d’aide alimentaire pour les plus pauvres) n’augmente plus, voire même baisse enfin très légèrement, mais se maintient très largement au-dessus des 45 millions, ce qui est colossal et matérialise une misère devenue la norme.

Mais au-delà, lorsque vous creusez les chiffres du chômage, ils sont très mauvais. Mauvais car les boulots créés sont de très mauvaise qualité (temps partiel et mal payés), mais là n’est pas l’essentiel, car l’essentiel se cache dans ce que l’on appelle « le taux de participation à la population active ».

Comme vous pourrez le voir sur ces graphiques, jamais depuis 1978, la population active n’a été aussi faible aux États-Unis. La raison est simple. Les gens par millions, ici nous parlons tout de même de 93 millions d’Américains, savent qu’ils sont tout simplement exclus et définitivement du monde du travail. Pour faire baisser le nombre de chômeurs, il suffit de faire disparaître de la population active tous ceux qui cherchent du travail…

graph labour force

graph FED st louis

Source ici

Vers une nouvelle récession aux USA

Vous l’aurez compris, tous les indicateurs économiques sont au rouge. Si les USA connaissent une nouvelle récession, alors il est fort possible, compte tenu des niveaux d’endettement jamais atteints et de l’accumulation des bulles financières, que tout cela se transforme en une crise immense d’une gravité sans doute supérieure à celle dite des « subprimes » qui pourtant n’est toujours pas finie.

Il est déjà trop tard, préparez-vous.

Charles SANNAT
Poster un commentaire

1 Commentaire

  • Lien vers le commentaire tartemolle jeudi, 09 avril 2015 17:51 Posté par tartemolle

    L’emploi américain déçoit, l’euro rebondit à 1,10 dollar


    Pierre-Yves Dugua


    ÉTATS-UNIS Après un automne de forte croissance, l’économie américaine a nettement ralenti. La confirmation sans ambiguïté de cette tendance est tombée ce vendredi saint, jour où Wall Street est resté fermé. Alors que les experts tablaient sur l’annonce de quelque 245 000 créations d’emplois, le Département du travail n’a recensé que 126 000 postes nouveaux en mars.


    Il faut remonter à décembre 2013 pour trouver un niveau d’embauche aussi modeste. Voilà douze mois que les créations d’emplois dépassaient toujours 200 000 unités. Tout aussi important : les estimations officielles de l’embauche de janvier et février sont révisées défavorablement. 69 000 postes de moins que l’on pensait ont été finalement créés au cours de ces deux mois.


    En Europe, l’euro en a regagné près de 1 % pour tutoyer à nouveau 1,10 dollar. En effet, le ralentissement aux États-Unis rend moins urgent l’abandon par la Réserve fédérale de sa politique de taux directeur nul. Certains voyaient la Fed relever son taux d’ici à l’été. Désormais le scénario d’un relèvement à l’automne, voire plus tard, est également crédible, ce qui rend le dollar moins attractif. D’autres indices illustrent le ralentissement américain : les dépenses de consommation en février ont à peine progressé, tandis que l’expansion en mars dans le secteur manufacturier est retombée à son rythme le plus modeste depuis près de deux ans. Certains économistes, comme ceux de la banque JP Morgan, ne voient même plus la croissance atteindre 1 % en rythme annuel au premier ­trimestre. P.-Y. D.