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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

La crise est finie 5

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crise
Rassurez-vous c'était un (vieux) poisson d'avril


 

 

Mes chères contrariées, mes chers contrariens,


 

Qu'est-ce qu'ils sont drôles nos hommes politiques. Moi qui ai un gros rhume et parle comme canard, entre deux éternuements, je ris, je ris et je ris encore, au point d'en avoir des quintes de toux.

 

L'humoriste du jour, c'est notre Président. Fondamentalement, je l'aime bien notre Président, un type tellement normal qu'il nous ressemble à tous.

 

Non, ce qui était drôle aujourd'hui, c'est que François a repris un sketch de Nicolas (Sarkozy) qui a été joué aussi par Christine (Lagarde) et toute une ribambelle de grands humoristes « con-temporains ».

 

C'est l'histoire de « la crise est finie ». Christine, elle, avait dit « le pire est derrière nous », c'était une adaptation très réussie. François, mais un autre sur ce coup, Fillon, avait fait marrer la France entière avec son spectacle « la Crise est finie », quant à Nicolas, c'était des numéros de « sauveur du monde ». Extraordinaire.

 

Hollande : la sortie de crise de l'euro proche, l'union politique pour après 2014

 

Toujours à la manœuvre pour nous apporter la bonne parole, notre Agence France-Presse.

 

« François Hollande a estimé que les pays de l'Union européenne étaient tout près d'une sortie de crise de la zone euro et a envisagé une union politique au sein de l'UE après les élections européennes de 2014. »

« Sur la sortie de la crise de la zone euro, nous en sommes près, tout près. Parce que nous avons pris les bonnes décisions au sommet des 28 et 29 juin et que nous avons le devoir de les appliquer, rapidement. »

 

Voilà, franchement, c'est génial. Il fallait y penser. Je comprends pourquoi il est Président et moi pas... Évidemment ! Le coup de l'union politique après les élections européennes de 2014, quelle blague énorme. Là, vous pouvez rire (enfin moi je rigole).

Parce que si vous avez lu la phrase suivante, vous avez compris que les bonnes décisions ont été prises lors du sommet de juin dernier. C'est vrai que nous sommes en octobre, et que comme le dit Normal 1er, il faudrait les appliquer rapidement. La deuxième blague. Notre Président nous confirme bien que rien de ce que nous décidons à grand renfort de communiqués victorieux et historiques ne trouve d'applications concrètes.

Il ne se passe rien. L'Europe est au point mort et nos « amis » allemands ne VEULENT PAS PAYER... Ça, on en avait parlé hier.

 

Le président de la République a complété sa pensée en nous précisant sa volonté.

« Je veux que toutes ces questions soient réglées d'ici à la fin de l'année. Nous pourrons alors engager le changement de nos modes de décision, et l'approfondissement de notre union. Ce sera le grand chantier au début de l'année 2013. »

 

Le problème est bien connu de tous les couples de tous les temps. Ce que Monsieur veut... Madame Merkel ne le veut pas.

Et en général, c'est Madame qui gagne. Enfin, chez moi, c'est comme ça. Le Patron, c'est ma femme. Demandez à mon idole l'inspecteur Columbo, il en sait quelque chose.

 

Non, en revanche, à un moment j'ai arrêté de rigoler bêtement. Là, notre Président, tout d'un coup, il ne s'est plus montré drôle du tout. Il a osé nous dire : « Le pire – c'est-à-dire la crainte d'un éclatement de la zone euro –, oui, est passé. Mais le meilleur n'est pas encore là. À nous de le construire. »

 

Mais là c'est du grand art. L'euro n'explosera pas mais en fait le meilleur n'est pas sûr. C'est un peu comme le concept de la croissance zéro.

 

Enfin, pour faire plaisir à Angela, le président français s'est prononcé à nouveau pour « une mutualisation partielle des dettes » dans la zone euro, ce qui a pour objectif de mettre un petit caillou pointu dans l'escarpin de Frau Merkel. Pratique à quelques jours d'un sommet... qualifié d'étape. Un sommet d'étape, dans la novlangue des eurocrates, est un sommet où rien ne se passe. Mais dire « un sommet pour rien » n'est pas très vendeur. « Un sommet d'étape », c'est beaucoup plus chic, et puis nous, les pigeons d'en bas, on a l'impression que là-haut ça bosse dur pour nous sauver de notre misère d'ici-bas.

 

Ensuite, j'ai beaucoup aimé ce passage.

« Nous participons tous à la solidarité, pas seulement les Allemands ! (...) Cessons de penser qu'il n'y aurait qu'un seul pays qui paierait pour tous les autres. C'est faux ! »

 

Il a raison notre Président. Soyons justes, nous aussi les Français, nous devons emprunter de l'argent que nous n'avons pas pour le verser dans le MES afin que ce machin puisse reprêter nos sous à des pays carrément en faillite. Que les Allemands ne trouvent pas cette idée la plus judicieuse du siècle ne me semble pas très surprenant. Mais c'est vrai que, comme dit ma femme, je vois le mal partout.

 

Pour terminer, le clou du spectacle, c'était le sujet des fameux 3 %. Sublime, carrément époustouflant l'artiste.

 

« Le chef de l'Etat a enfin réaffirmé l'objectif pour la France de parvenir à un déficit public de 3 % du PIB à la fin de l'année prochaine, tout en indiquant qu'une discussion "aura lieu en 2013" au niveau européen au sujet d'un éventuel report d'un an des objectifs de réduction du déficit. »

 

En clair : allez promis, nous passons tous à la casserole fiscale, mais on sait déjà que ponctionner 30 ou 40 milliards sur une économie malade et en récession, pardon, je veux dire en croissance zéro (le mot récession est prohibé, ne sont autorisées pour le moral du peuple que les terminologies suivantes : « croissance négative » et / ou « croissance zéro »), ne peut que nous conduire au sort de la Grèce, de l'Espagne, ou du Portugal, où chaque tour de vis entraîne un nouveau dérapage des finances publiques nécessitant un nouveau plan de rigueur.

 

François Hollande a donc déjà commencé à atténuer la position française sur « l'intangibilité » du respect des 3 % de déficit du PIB. Nous savions déjà que nous ne réussirions pas. Mais le voir confirmé par notre Président me remonte le moral.

 

À un moment, j'ai vraiment cru que la crise était finie.

 

Le Figaro nous dit d'acheter de l'or

 

Justement Le Figaro, qui est un bien meilleur journal d'opposition que de majorité – ce qui me fait penser d'ailleurs que Libération est d'une lecture très pertinente quand la gauche est dans l'opposition et inversement –, nous dit que c'est le moment d'acheter des pièces d'or. Et ça, je dois avouer, j'adore. Car c'est vrai et Le Figaro écrit quelques lignes admirables sur le sujet.

 

« L’or ne procure aucun rendement. Sa particularité est de résister à l’érosion du pouvoir d’achat de la monnaie. C’est la raison pour laquelle, en cette période d’incertitude, le lingot d’un kilo d’or est au plus haut à 44 000 euros.

 

Mais, pour les petits épargnants ou pour ceux à qui il n’a pas échappé qu’en cas de crise majeure, il est plus facile de faire son marché avec des pièces plutôt qu’avec des lingots ou des barres d’or de 13 kg, le napoléon constitue une bonne solution de repli. Surtout quand on sait que la pièce fétiche des Français se traite actuellement avec une prime de moins de 3 % par rapport aux 5,8064 grammes d’or fin qu’elle contient. »

 

Alors, et pour une fois je ne suis pas ironique, chapeau bas à Roland Laskine du Figaro pour cet article utile et où il synthétise en quelques lignes l'essentiel sans avoir peur de dire qu'avec les pièces d'or, en cas de crise grave (comme l'explosion de l'euro qui ne se produira pas puisqu'on est sauvé), on peut aussi faire ses courses.

 

C'est ce que nous disons depuis plusieurs années. Il faut se préparer. C'est impératif. Ce qui est intéressant, c'est que le Figaro, lui aussi, devient pessimiste... Il va falloir que j'en parle à ma femme.

 

Charles SANNAT

 

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