Face à cette avalanche irrépressible de discours politiciens nous appelant à "Acheter français", ou à "Produire en France", sans même parler de la manipulation habituelle sur le faux problème de l'immigration, il ne fait aucun doute que la xénophobie sociale et économique sera encore une fois déterminante aux prochaines élections législatives et présidentielles. L'honnêteté consisterait à dire et à admettre tout simplement que les politiques ne comprennent et ne peuvent rien sur ces phénomènes qui les dépassent largement. Mais la vérité ne permet pas de gagner des élections et d'être payé pendant 5 ans pour gesticuler et faire semblant d'agir, comme chacun sait.
Qui plus est, la relocalisation des activités industrielles est d'ors-et-déjà en marche, ce qui est une bonne nouvelle, mais elle ne créera pas autant d'emplois qu'on pourrait l'imaginer, ce qui est la mauvaise. Et si les hommes politiques vont essayer d'en revendiquer les mérites, sachez qu'ils n'y sont absolument pour rien. La nouvelle révolution industrielle, menant à une robotisation intensive des usines, est arrivée à maturité, voilà tout. Comme l'explique Charles Gave dans ce billet :
"Nous sommes à la veille d’une révolution industrielle : Il y a 10 ans, les robots pouvaient faire concurrence au travail des hommes si ce dernier avait un coût inférieur a $ 50 /heure. Aujourd’hui, nous en sommes à $ 2 dollar, ce qui est inférieur au coût du travail en Chine. Les usines installées en Chine vont donc s’en aller et être rapatriées au plus prés des centres de consommation."
Les robots industriels n'ont jamais su accomplir autant de tâches, et ils n'ont jamais été si peu coûteux. Et vu qu'en plus les pays émergents sont en train de perdre leur avantage compétitif, la boucle est bouclée. Bien sûr, les grandes entreprises françaises vont continuer à investir à l'étranger et tenter de conserver/gagner des parts de marché, et c'est heureux. Mais le temps de la déconnexion entre les centres de production et les centres de consommation est arrivée à son terme. Elle n'est plus assez rentable. Reste à savoir si les usines vont être relocalisées en France ou dans les pays européens limitrophes comme l'Allemagne par exemple, qui a de sacrées entreprises dans le domaine des automates comme Festo. Ceci dit, c'est une autre histoire...
Heureusement, une usine robotisée n'est pas forcément synonyme d'usine désertée par les humains. Il y aura encore des ouvriers (pendant un certain temps), ils seront très différents de ceux d'hier toutefois. Bourrés de technologies intelligentes, dotés d'exosquelettes décuplant la force et minimisant les efforts, l'ouvrier de demain aura tout du super-héros d'antan. L'occasion de redonner ses titres de noblesse à un métier trop longtemps méprisé. Cependant, l'industrie va très rapidement cesser d'être un secteur intensif en main d'oeuvre. Donc, ne comptez pas sur la relocalisation du tissu industriel pour parvenir au plein emploi, comme les protectionnistes illuminés.
La vitesse de cette robotcalisation est imprévisible, mais elle devrait être assez rapide, à l'échelle de cette décennie a priori. Il faut savoir que les usines françaises sont 4 fois moins équipées en robots industriels que les usines allemandes ! Certainement un critère parmi d'autres qui fait le succès des exportations de notre voisin. Quelle tristesse de voir que nos gouvernants passent complètement à côté de ces sujets, et continuent de discuter de faux problèmes, auxquels ils apportent de mauvaises solutions. Alors que les grandes évolutions, elles, passent inaperçues...
A moins que ce ne soit une bonne nouvelle ? Pendant qu'ils s'entre-déchirent sur le futile et l'insignifiant, ils évitent de pourrir l'essentiel ? On verra bien. J'imagine déjà d'ici un démagogue proposer d'interdire les robots dans les usines au nom de la préservation de l'emploi ! :)
Aymeric PONTIER