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Cette France qui n'a pas connu la crise

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La Fédération nationale des agences d’urbanisme (Fnau) vient de publier une étude étonnante sur la manière dont les territoires locaux en France ont réagi à la crise financière et économique, en terme d'emploi notamment. Car, si la crise fut mondiale, elle n'a pas forcément été "locale". Même en pleine phase de récession, certains territoires s'en sont très bien sortis ! Toute la question est de savoir pourquoi ? Quelles sont les spécificités de ces territoires qui leur ont permis de tirer leur épingle du jeu ? L'étude tente d'avancer quelques réponses que je vais résumer.




En deux ans, de 2008 à 2009, il y a eu 340 000 pertes nettes d'emplois en France. Elles ont plutôt été concentrées dans l'industrie, et plus particulièrement encore dans l'industrie automobile, les activités de transport et de logistique, et le secteur de la construction. Mais certains secteurs économiques ont été créateurs d'emplois pendant cette période : les activités d’action sociale et d’hébergement médico-social, la restauration, et certains services aux entreprises comme les services administratifs et informatiques. Et puis surtout, ironie de l'histoire, le secteur "finance et assurance" a créé près de 12 000 emplois supplémentaires !

Les pertes d'emplois ont principalement eu lieu dans l’emploi intérimaire (85% du total !), qui a servi de variable d’ajustement pendant la crise. A ce titre, la crise fut une confirmation de ce que certains savent déjà : l'interim est désormais la principale source de flexibilité du marché du travail en France. Et je devrais même dire : la seule.

En ce qui concerne les territoires qui s'en sont le mieux sortis, l'étude cite deux types de groupes :

- Le groupe "Dynamique" caractérisé par un dynamisme économique et démographique ainsi qu’une sous-représentation de personnes non diplômées, et composé de métropoles françaises ou d'aires urbaines de taille moyenne.

- Le groupe "Administratif" marqué par une sur-représentation de services collectifs et des fonctions administratives. Cela s’explique par la présence de préfectures, de services publics très développés et de base de défense sur ces territoires.

De façon globale, il y a trois critères qui ont favorisé un impact limité de la crise économique :
- une bonne croissance démographique du territoire, et donc un solde migratoire positif.
- un poids important des cadres des fonctions métropolitaines dans l'emploi privé.
- un faible poids des activités industrielles.

En ce qui concerne les "cadres des fonctions métropolitaines", n'hésitez pas à relire ce billet pour comprendre de quoi il s'agit. Le poids des "enclaves" est un sujet majeur qui mériterait d'être étudié en profondeur, il y aurait beaucoup d'enseignements à retirer.

Cependant, l'étude prend soin de préciser que, pour les critères cités, il s’agit de probabilités et non de déterminisme. Il n'y a pas automatiquement de lien de cause à effet...

 

Aymeric PONTIER 

Source : http://aymericpontier.blogspot.com/2011/05/la-france-qui-na-pas-connu-la-crise.html

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