Essayons d’être objectifs même si cela va être difficile à l’égard de notre gouvernement dont les résultats en matière de lutte contre le chômage sont tout bonnement catastrophiques.
La responsabilité économique et la responsabilité des promesses
Il faut bien scinder la réalité économique sur laquelle notre gouvernement a évidemment une prise mais partielle et où tout ne peut pas lui être imputable de la politique de communication menée par nos dirigeants sur ce sujet et qui a un effet délétère dans l’opinion publique.L’erreur de base du gouvernement, mal renseigné, a été de croire que les départs massifs à la retraite allaient s’accompagner d’une forte augmentation des créations d’emplois que le gouvernement se serait empressé de mettre à son actif en criant sur tous les toits que grâce à leur politique géniale ils étaient en train de vaincre le fléau du chômage. C’est cette erreur de jugement qui explique avant tout l’échec de la communication « hollandouillesque » sur le sujet.
En effet, un paramètre essentiel a été oublié de l’équation et nos énarques, certes plus ou moins aimables, ont fait un calcul simple du type : soit en 2013, 800 000 départs à la retraites = 800 000 nouveaux postes – 400 000 de marge prudentielle en données des corrigées saisonnières de la variation absolue inversée d’une pifométrie louchesque du doigt mouillé = 400 000 créations d’emplois supplémentaires = inversion de la courbe du chômage. « C’est sûr ? demande François n’en croyant pas sa chance. – Oui m’sieur le Président, répond l’énarque avec son rapport de 965 pages. – Cool, génial, super, la baisse du chômage c’est maintenant ! se met à chanter François avec son pote Pierrot en faisant des bons de cabri sur les fauteuils Louis XVI des monuments historiques de l’Élysée. – Sortez les tambours, claironnez musettes, que tous les médias reprennent en cœur notre ambition et notre certitude d’inverser la courbe du chômage avant la fin de l’année… – Hahaha, dit le président, on va jouer un super tour de con à la drôate, c’est nous la gôôche qu’on est les meilleurs. »
Évidemment, toute cette stratégie magique (et sachez que ce dialogue imaginaire est assez proche de la réalité) s’est fracassée sur la réalité de l’amélioration de la productivité. Eh oui mes chers amis, désormais n’importe quel cadre tape lui-même ses mails et ses courriers et l’on a plus besoin de secrétaires. Résultat ? Les vieilles rombières ronchonnes ayant terrorisé des générations entières de jeunes diplômés (dont votre aimable serviteur) par leur capacité de nuisance inversement proportionnelle à leur compétence et à leur envie de travailler vraiment sont une espèce en voie d’extinction. Ce mécanisme à l’œuvre des gains de productivité que j’illustre avec le cas des secrétaires peut être étendu évidemment à l’ensemble des fonctions et des métiers. Tout change, tout a été bouleversé par l’arrivée des nouvelles technologies et beaucoup d’entreprises ont gardé des gens qui avaient 20 ou 30 ans d’ancienneté car les licencier coûtait tout simplement trop cher. Mais ils ne seront tout simplement pas remplacés car il n’y a tout simplement pas besoin de le faire.
Voilà qui explique en très grande partie l’échec du gouvernement sur ses « promesses », ce qui a un impact très négatif sur sa cote de popularité puisqu’il s’était engagé fortement et à de multiples reprises.
Économiquement, l’économie française ne fait montre d’aucun dynamisme. Nous pouvons même affirmer que la France, en réalité, est toujours en récession. La démonstration est assez simple. Nous avons 0,3 ou 0,4 % de croissance du PIB que nous parvenons à atteindre grâce à un déficit, c’est-à-dire de nouvelles dettes qui représentent elles pour l’année 2013 environ 4,2 % du PIB. Si nous effectuons la soustraction pour connaître la croissance nette de dettes de la France, alors nous obtenons : 0,4 – 4,2 = – 3,8 %… soit une récession de presque 4 % nette de dette. Alors notre Pierrot à Bercy (plus pour longtemps) et François peuvent toujours se rassurer avec la croissance bidon affichée par l’INSEE, cela reste une croissance totalement bidon reposant sur du vent, des emplois aidés, des aides sociales et tout plein de dépenses que nous sommes bien incapables de financer.
Dans un tel contexte, par définition, il ne peut pas y avoir de croissance et donc de baisse du chômage. C’est même l’inverse qui se produit.
Avec la « mini » rigueur actuelle, la pression fiscale augmente, les entreprises – et je parle des petites, pas des grandes multinationales ayant des filiales dans chaque paradis fiscal de la planète – disposent de moins en moins de marge, n’investissent plus et évidemment recrutent encore moins, pourtant l’essentiel des créations d’emplois dans notre pays ce sont les PME et les TPE, pas les grands groupes qui justement réduisent par les départs en retraite leurs effectifs et recrutent… mais en Chine, en fermant les rares usines qu’il nous reste encore ici.
Bref, peu recrutent et c’est parti pour durer. Le pacte de responsabilité n’y changera strictement rien car il n’est tout simplement pas à la hauteur de l’enjeu et des difficultés que rencontre l’économie française. L’idée est gentillette mais guère plus. Vouloir baisser le coût du travail de 3 % alors que les autres pays européens le font également n’a aucun sens, l’euro est deux fois trop fort et on ne s’en occupe pas, tout comme on ne pose pas la question des barrières douanières avec une fiscalité environnementale ou encore la mise en place d’une véritable TVA sociale de 35 % sur toutes les chinoiseries que nous importons. Alors le gouvernement, englué dans une action sans vision et sans courage, incapable de définir une stratégie globale, est condamné à contempler le chômage monter.
Nous changerons de Premier sinistre mais le sinistre de l’Emploi restera le même puisque la politique menée sera essentiellement la même et que chacun sait que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Nous pouvons même remettre Sarkoléon au pouvoir (bien que, personnellement, je le trouve bien mieux là où il est et il a eu sa chance qu’il a lui-même laissé passer), cela ne changerait rien non plus puisque encore une fois nous restons dans le même type d’action publique, c’est-à-dire rien. RIEN. Nada. On augmente les impôts (ce qu’avait commencé à faire Sarko mais tout le monde l’a oublié) pour continuer à financer des dépenses monstrueuses qui n’ont aucune efficience économique et aucune efficacité sociale, je pense par exemple aux 30 milliards consacrés chaque année à la formation prôôôfessionnelle et au chômage qui augmente quand même…
Les chiffres
Vous avez donc tous entendu cette nouvelle augmentation de plus de 31 000 chômeurs le mois dernier et nos mamamouchis continuer pathétiquement de dire la voix chevrotante que « quand même ça augmente moins vite que l’année d’avant ». T’inquiètes Bob, le mois prochain ce sera pire et l’on est en train de se prendre une belle gamelle sur l’emploi… mais c’est logique. Tout est logique. Même les cafés et restaurants à qui l’on va supprimer les tickets resto pour les mettre sur des cartes de crédit et qui sont de gros pourvoyeurs d’emplois vont perdre des centaines de millions d’euros grâce à cette nouvelle connerie de nos dirigeants qui ne supportent pas l’idée que nous, le petit peuple d’en bas, puissions utiliser le dimanche en famille les tickets resto économisés la semaine en mangeant à la gamelle. Sombres crétins. Vous n’obtiendrez qu’une chose. Moins de tickets resto utilisés = moins de repas vendus par les resto = moins d’emplois… Je sais, je n’ai pas fait l’ENA, je sais ce que c’est qu’un ticket resto et je sais aussi comment on s’en sert pour, à notre niveau, « optimiser ». Comme en plus je ne pourrai pas utiliser ma carte pour plus de 19 euros par jour et qu’un repas dans une brasserie parisienne un peu bien c’est au moins 20 euros, eh bien je vous la mets là où je pense (et encore je reste poli) votre nouvelle carte de merde. Et comme les Français sont des vrais cons comme moi qui savent compter, ils feront tous pareil et comme les restos vont voir leurs ventes s’effondrer car ils ne tiennent, vu les prix, que grâce à ces tickets resto, eh bien ce sera un carnage sur l’emploi. Mais vous, les mamamouchis, pourraient être heureux de savoir que vous aurez enfin mis fin à un odieux détournement de l’objet social du ticket restaurant… Nous voir dirigés par des abrutis de ce niveau, je dois vous le dire, me laisse chaque jour encore plus pantois.Alors avec votre politique de nodocéphales décérébrés et coupés de la réalité (si vous saviez comment fonctionne la cantine de l’Assemblée pour nos dépités, vous seriez députés ou l’inverse, vous comprendriez pourquoi ils n’y connaissent rien à la gamelle et aux tickets resto), le chômage dépasse les 5 millions (bravo) et augmente de 31 000 (bravo) et des poussières, pardon pour les poussières car derrière chaque unité statistique se trouve une femme ou un homme et une famille et des situations généralement très anxiogènes, mais pour eux… nos mamamouchis, manifestement nous ne sommes qu’une vague variable d’ajustement.
Bon ceux qui voudront aller se taper le rapport de la DARES, vous avez le lien en annexe, mais sachez que de toute façon ça monte partout. Pour toutes les catégories pour tout le monde. Tous égaux. Enfin tous, pas tout à fait. Les jeunes, eux, ça baisse un poil car le gouverne-ment leur refile encore quelques emplois d’avenir sans futur pour faire des trucs qui ne servent à rien et sans formation (malgré les 30 putains de milliards d’euros qu’on dépense chaque année en formation à la con en poterie et feng-shui) avec de l’argent qu’ils n’ont pas et qu’on n’a pas… Et même comme ça, comme ils n’ont pas la queue d’un rond dans leur caisse à peu près aussi vide que mon compte épargne, eh bien ça baisse de moins en moins vite, ce qui veut dire que d’ici 3 mois eh bien le chômage de nos jeunes et de nos gamins va repartir… à la hausse ! Sans blague. C’est là aussi une évidence.
Allez, je vous laisse sur cette dernière phrase de ce rapport de nos amis statisticiens de la DARES qui arrivent à peine à cacher leur désillusion et leur dépression (en langage de fonctionnaire, je vous assure, ils sont dépités tellement leur truc est laconique) : « Sur un mois, les entrées pour fins de contrat à durée déterminée (+1,7 %), fins de mission d’intérim (+3,4 %), licenciements économiques (+7,0 %), autres licenciements (+6,2 %), démissions (+0,8 %), premières entrées (+1,5 %), reprises d’activité (+0,5 %) et autres cas (+5,9 %) sont toutes en hausse. »
Voilà, tout est en hausse et c’est la merde. Je vous laisse, ma femme me hurle derrière le clavier de me calmer, que je n’ai jamais été aussi vulgaire dans un édito (mais là franchement, ça fait du bien) et que parler des tickets resto que je partage avec elle il fallait évidemment pas que j’en parle vu que ça me met dans tous mes états puisque je vis cela comme une attaque personnelle… Oui chérie, hein… les pilules… oui, vas-y donne, ça va me calmer… quoi ? Regarder TF1 et Mimi la Mathy pour me changer les idées ? JAMAIS…
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
PS : la carte électronique tickets resto n’est pour le moment pas encore obligatoire. Demandez à votre chef de vous laisser les bons vieux bons aux porteurs… Au moins on peut en refiler à sa femme et éventuellement en faire un don à un SDF… je lui donnerai quoi maintenant moi au SDF ? Excuse-moi Joe, tu as un terminal de paiement électronique portable avec toi ?… Ben non répond Joe, j’suis SDF… Ben tant pis, remercie les socialos et leur conception de la générosité. Maintenant tu l’as dans le baba, fini les tickets resto que certains pouvaient te donner…
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »