Comme toutes les belles histoires, cela commence par un constat bien alarmant : au fur et à mesure que les politiques de lutte contre le chômage sont mises en place, le chômage augmente. Et dans ce chômage, c’est celui des jeunes qui semble le plus alarmant puisque ce sont les populations qui, généralement en bonne santé, sont pleines de vigueur pour produire et faire décoller la productivité des pays concernés. En conséquence de quoi, les politiciens se sont fixé comme objectif de venir à bout spécifiquement de ce chômage là : non seulement, ils interviennent dans des politiques de lutte contre le chômage, mais en plus ils ajoutent des dispositifs plus ou moins malins contre le chômage des jeunes.
Et bizarrement, plus les politiciens combattent le chômage des jeunes, plus il explose, comme en témoigne ce joli petit graphique réalisé par Francesco Carbone deUsemlab.com et commenté par ItalianAllegro sur lequel on découvre, pas trop stupéfait tout de même, que le chômage des jeunes a littéralement explosé avec la crise et les habiles politiques de « relance » prônées par les troupes de keynésiens en pleine excitation.
On peut, décemment, se poser la question de savoir dans quelle mesure, du reste, ces politiques de relance n’ont pas accru le problème de chômage des jeunes. En effet, ces politiques se sont traduites, pour faire court, par d’un côté une injection monétaire assez large, et de l’autre un endettement assez massif des institutions publiques. Inévitablement, la crise, la manipulation monétaire et l’endettement public se traduisent mécaniquement par un resserrement des facilités de crédit pour les entreprises et par une baisse de la consommation des ménages. Du point de vue de l’entrepreneur, embaucher de nouveaux salariés devient plus délicat puisque chaque nouvelle embauche, chaque emploi créé représente un pari sur l’avenir. Et lorsqu’il paraît morose, on embauche moins. Et lorsqu’on embauche moins, on prend naturellement moins de risque en se concentrant sur les salariés qui ont le meilleur rapport expérience / coût. Un salarié âgé dispose d’une bonne expérience mais son ancienneté dans l’entreprise entraîne un salaire important. Le ratio lui est défavorable. De la même façon, le ratio sera là encore peu favorable aux nouveaux arrivés sur le marché de l’emploi, dont le coût est certes faible, mais l’expérience aussi. Seule la tranche des 25 – 55 ans permet un compromis acceptable.
Le verrouillage du marché de l’emploi par cette tranche de population est d’autant plus important que, comme je le mentionnais au début de l’article, les politiciens font absolument tout pour protéger le salarié déjà en place : en accroissant législativement le coût d’un licenciement, les politiques de sauvegarde de l’emploi ont, de fait, posé une barrière de plus en plus haute à l’entrée des jeunes sur le marché. La conjonction de cette barrière élevée, de l’accroissement subit de la frilosité des employeurs à embaucher, et de la baisse globale de consommation et du crédit liée à la crise amènent certains pays, les plus exposés, à des taux de chômage des jeunes les plus dramatiques. La Grèce et l’Espagne, talonnés par l’Irlande, le Portugal et l’Italie, sont les exemples qui viennent naturellement à l’esprit. La France, bien sûr, n’arrive pas loin derrière.
Devant ce constat, une fois passés l’effroi et la douloureuse réalisation qu’une facture très salée nous sera adressée (quoi qu’on ait pu faire) par l’entremise de notre (très) cher Trésor, que peut-on faire ?
Laisser le bazar dans les mains des politiciens, pardi ! C’est bien ainsi que le problème trouvera sa solution, retentissante qui plus est. En effet, si certains devinent confusément que le problème est provoqué par une pléthore de branquenouilles politocards, cela ne les empêche pas d’attendre avec ferveur la solution qu’amèneront ces mêmes saltimbanques de l’économie (peut-être pour explorer de nouvelles zones sombres de l’économie alternative). On ne sera donc pas étonné de découvrir que
Oui. Vous avez bien lu. C’est le Frankfurter Algemeine Zeitung qui a levé récemment un lièvre. La France, on le sait, a déjà longuement travaillé pour rendre le licenciement fort coûteux. De l’autre, l’Union Européenne travaillerait pour rendre l’embauche obligatoire. Bien sûr, si l’on nettoie l’aspect purement journalistique (et bien raccoleur) du Frankfurter et qu’on va regarder les récentes déclarations du commissaire László Andor au sujet de l’emploi des jeunes, on se rend compte que l’obligation pure et simple, sur une base légale, n’est pas (encore) à l’ordre du jour, de même que ne le sont pas (encore) les sanctions pour les entreprises contrevenantes.
Il n’en reste pas moins que le Commissaire s’est bel et bien fixé comme objectif de s’assurer que le jeune qui quitte le système scolaire se retrouvera, dans les quatre mois et d’une façon ou d’une autre, soit en formation, soit avec un emploi. Et à terme, on sent qu’il n’y aura pas moyen d’y échapper. Pour le moment, on parle donc de mettre en place un programme de « garantie d’emploi » pour la jeunesse, et la seule certitude indestructible de tout cela est, bien évidemment, qu’on va claquer pas mal de nouveaux euros fraîchement imprimés pour financer tout ça. Le calcul économique (idiot) qui se cache derrière une si belle proposition est le suivant : comme des jeunes au chômage, ça coûte un pont (135 milliards grâce aux calculs diaboliquement précis d’une commission quelconque), autant imposer aux entreprises de trouver à les occuper, ça coûtera certainement moins cher. Évidemment, soixante-dix années de soviétisme tendent à prouver que le gain est très relatif : les personnes concernées ne sont plus au chômage, mais bizarrement, l’économie ne repart pas plus. Zut et zut. Peut-être faudra-t-il une loi pour interdire les baisses de productivité, de production et de richesses ?
L’enfer, dit-on, est pavé de bonnes intentions. Celui que nous préparent les politiciens, qu’ils soient français ou européens, promet d’être un véritable boulodrome de taille cyclopéenne, amoureusement pavé de dalles monstrueuses choisies pour leur absence totale d’aspérité assurant une glisse sans frottement vers les rôtissoires du collectivisme joyeux.