On commence enfin à parler du tsunami qui va déferler sur l’emploi salarié aussi bien en France d’ailleurs que dans le reste du monde. Petit Chinois, grand Norvégien, cher Français blond, brun, noir, blanc ou marron, nous allons tous être égaux devant l’obsolescence programmée de l’homme à l’égard de la machine.
Baisser le coût du travail ? Une chimère. On peut baisser le coût du travail jusqu’à zéro, ce qui revient de fait à rétablir l’esclavage, qu’un humanoïde restera tout de même plus rentable et nettement moins pénible à « manager » qu’un être humain.
Relancer la croissance ? Une crétinerie sans nom car à quoi servira une croissance sans création d’emploi (ce qui est déjà ce que nous vivons depuis plusieurs années avec un chômage en hausse constante).
Faire de l’austérité ? Rien à en attendre puisque de toute façon cela nous entraîne encore plus dans la spirale infernale récession/déflation.
Utiliser la planche à billets ? Pourquoi pas mais au final, sans croissance, sans emploi, sans création de richesse, c’est la monnaie qui finira par valoir zéro.
Mais tous ces problèmes ne sont rien par rapport à ce qui va nous arriver. Comme vous vous en êtes rendu compte ces derniers jours, je partage avec vous mes réflexions autour de cette révolution robotique, la robolution qui s’annonce à partir de 2015 avec la commercialisation des premiers humanoïdes de série.
Les chiffres de l’INSSE
Aujourd’hui, nous aller parler ensemble chiffres, à partir des statistiques de l’INSEE, c’est donc parfaitement officiel et accessible à tous et nous allons tordre le cou à certaines idées du type « demain nous serons tous ingénieurs » ou « nous n’avons rien à craindre car nous sommes indispensables ».C’est un document de travail précieux que je vous communique ici et que vous pouvez télécharger làsur le site du ministère de l’Emploi. Il s’agit de la répartition de la totalité de notre population active secteur par secteur, métier par métier.
Allez directement à la page 14 et 15. Il s’agit d’un document exceptionnel qui compare l’évolution de l’emploi secteur par secteur entre deux périodes (1982-1984 et 2007-2009). Les choses ont sans doute un peu changé depuis mais pour notre raisonnement, tout cela restera dans l’épaisseur du trait.
Le mythe du tous ingénieurs
Nous allons monter en gamme (c’est d’ailleurs ce que l’on nous disait pour la mondialisation, aux petits Chinois le textile et à nous le haut de gamme, résultat : nous avons évidemment pêché par orgueil et le petit Chinois n’est pas plus crétin que le petit Français et 15 ans après, il est capable de fabriquer votre iPhone chez Foxconn pour beaucoup moins cher et les téléphones SAGEM n’existent plus et les Nokia du début des années 2000 ne survivent plus qu’en tenant à un fil).Mais soyons « gentils » et admettons que nous montions en gamme.
En 1982, nous avions 105 000 ingénieurs et la progression par rapport à la période 2007-2009 a été fulgurante puisque le nombre d’ingénieurs et cadres de l’industrie (c’est le libellé INSEE) a progressé de 116 % pour s’établir à… 227 000 ingénieurs. En clair, en 30 ans, la France a « gagné » 122 000 ingénieurs de l’industrie… la population active est de 25 millions de personnes. Quand bien même cette progression serait maintenue dans les 30 prochaines années, quand bien même nous ne ferions pas 116 % de plus mais 300 % de plus que cela ne changera rien et ne sera en aucun cas suffisant.
Pour les informaticiens, c’est exactement la même chose (en pire). Ils étaient 49 000 en 1982 donc pas vraiment très nombreux et aujourd’hui, après une hausse de 547 %, ce qui est colossal en 30 ans et montre bien que la révolution informatique dans l’emploi a bien eu lieu ainsi que les efforts de formation nécessaires, ils sont en 2009… 317 000… Alors avant que nous occupions 25 millions de personnes dans l’informatique, tandis que désormais les « développeurs » se font remplacer par des indiens pas cher (cela porte le doux nom de « développement offshore », ce qui fait nettement mieux que « délocalisations d’informaticiens »). Vous pourrez vérifier vous-même ces chiffres page 14 et 15 de ce document, je le répète parfaitement officiel et qui ne sort pas du cerveau d’un contrarien malade mais du cerveau d’un contrarien qui sait juste lire, écrire et compter (mais cela semble devenir rare ces derniers temps).
Une fois posé ce constat démontré par les chiffres, de façon factuelle, purement factuelle, il ne faut pas rêver, quand bien même tous nos futurs gamins seraient des génies ayant tous le bac en poche (mais ne sachant toujours ni lire, ni écrire, ni compter), nous ne pourrons pas être 25 millions à être ingénieurs ou informaticiens. Ceux qui véhiculent ce discours au mieux se trompent et n’ont jamais pris le temps de lire ce document et de poser ces quelques chiffres sur un bout de papier (un truc qui se faisait dans l’ancien temps pour organiser ses idées et bâtir un raisonnement), au pire, évidemment ils nous mentent, ils vous mentent sciemment et consciemment, ce qui est encore plus grave.
Passons en revue le nombre d’emplois automatisables dans cette liste fournie par l’INSEE.
Et là, mes amis, nous allons passer les chiffres à la moulinette et cela va être un véritable carnage à l’emploi.1/ Administration publique Catégorie A, B, C, D, E, F, G, et jusqu’à Z, il y a 2,2 millions de personnes, dont 422 000 personnes pour la catégorie « pompiers, armée, police »… Bon, partons du principe que les compagnies de CRS seront avantageusement remplacées par des armées de robots « titans » et que les pompiers aussi, et que de toutes les façons, vu tous les postes qui vont être perdus, les déficits et dettes cumulées, l’état de quasi-faillite de notre État et le fait qu’il n’y aura bientôt plus personne pour payer les fonctionnaires, ils vont se faire réduire par deux, sans oublier enfin que l’on va pouvoir évidemment automatiser énormément de tâches via toutes ces nouvelles technologies. Supprimons donc 1,2 million de fonctionnaires comme en rêvent le FMI et la finance (sans doute la bonne, celle qui est copine avec Macron).
2/ Banque et assurance… énorme rigolade. Nul besoin d’une agence alors que les banques en ligne fonctionnent parfaitement. Conclusion : tout cela va disparaître et d’ici 10 ans, il n’y aura presque plus d’agences bancaires (ce qui constitue l’essentiel de l’emploi dans ce secteur) et d’ailleurs les nouveaux formats d’agences de la BNP par exemple préfigurent parfaitement aussi bien ce phénomène que cette stratégie. Supprimons donc 700 000 postes, les banques tourneront aussi bien avec 70 000 personnes, ce qui est déjà énorme pour ne pas dire encore trop pour tenir 10 sites Web en ligne…
3/ Commerce. Ce sont les caissiers, les vendeurs et tous ces jobs qui ne servent à rien à l’époque de l’humanoïde et de la caisse libre service. Supprimons donc 1,1 million de postes (ça commence déjà à faire mal le sous-total là).
4/ Hôtellerie, restauration, alimentation, tout pareil, en plus beaucoup de sous-secteurs de cette catégorie sont orientés à la baisse sur 30 ans… Peu de chance qu’ils reprennent une croissance de la création de l’emploi. Soit 330 000 postes en moins.
5/ Services aux particuliers… C’est en particulier dans cette catégorie que l’on retrouve les emplois à la personnes en hausse phénoménale et vous comprenez l’engouement des politiques à ce sujet par ces chiffres. En 30 ans, on est passé de 333 000 postes à… 918 000 !! Vous avez également 1,2 million d’agents d’entretien et 208 000 vigiles et « agents de gardiennage »… Bref, tous ces postes sont évidemment remplaçables dès 2015 par les premiers humanoïdes. D’ailleurs, avoir une femme de ménage robotte 24/24h ça c’est le luxe, et c’est nettement moins contraignant qu’une vraie femme de ménage. Vous pouvez donc supprimer au moins 1 348 000 postes. Ouille ! Ça pique.
6/ Secteur de la santé. Infirmières, on garde… Je ne suis pas sûr mais bon, soyons « optimistes », médecins idem, on vire les aides-soignantes qui globalement font du ménage donc robottes, et on peut supprimer au moins 50 % des infirmières tout de même, Ucroa pourra nous piquouser assez rapidement sans nous faire trop de mal. On supprime au moins, dans cette catégorie, 763 000 postes. Pourtant, on en garde plein et je suis sûr qu’il y a moyen d’optimiser nettement plus…
7/ Haaaaa mon préféré, l’enseignement. Comme le dit Laurent Alexandre dans sa vidéo (ci-dessous), qui restent des propos de psychopathe, l’Éducation nationale est aussi dépassée que la médecine du Moyen Âge. Dans ce cas, écoutez cette vidéo si vous ne l’avez pas déjà fait hier. En gros, on peut tout simplement supprimer l’essentiel des postes et conserver tout de même 340 000 postes d’enseignants/formateurs mais c’est en fait encore beaucoup trop, ce sera nettement moins dans 30 ans. Donc cela nous fait tout de même 1 million de postes en moins. Là, je peux vous dire que la Mammouth de Claude Allègre sera très largement dégraissée, on pourrait même dire dépecée mon cher Claude, tout en accompagnant le tout d’une bonne vieille privatisation de l’éducation saupoudré d’une bonne sauce de libéralisme. Je ne vous parle même pas des robottes profs ou instits qui surveilleront nos petits chérubins…
8/ Agriculture, marine et pêche… Bon, en 30 ans, ce secteur s’effondre, donc il va poursuivre sa tendance et de toutes les façons, il n’y a plus de poissons à pécher vu que nous avons consciencieusement vidé les océans et flingué l’environnement. Allez zou ! On en garde 100 000 pour faire joli mais tous les ramasseurs de raisins, de légumes et tout ça, hop ! un humanoïde et c’est réglé, même plus besoin de faire appel aux roumains sans papiers journaliers… Le prôôôgrès quoi ! Moins 849 000 postes. N’oubliez pas l’exemple de la ferme des 1 000 vaches, ou les vaches à hublot dans les pays du nord, on leur installe un hublot dans le ventre. On ouvre la fenêtre et on malaxe directement dans l’estomac de la vache… Ha, le prôôôgrèèèèèès.
9/ BTP… Là c’est drôle, entre les imprimantes 3D, les robots ouvriers et les plans informatisés et programmés d’avance, je suis sûr que d’ici 30 ans la maison se monte toute seule sans intervention humaine. Mais encore une fois, soyons optimistes, ce secteur occupe 1,897 million de personnes, allez, supprimons seulement 360 000 postes… Vous ne pouvez pas dire que je suis pessimiste et puis comme ça, ça fera une moyenne avec ceux qui pensent que là j’en ai pas supprimé assez et que j’ai viré trop de profs… Ça va se compenser dans le meilleur des cas, sinon ce sera encore pire hahahahahaha.
10/ Mécanique et travail des métaux… on est passé de presque 1,3 million de postes en 1982 à 949 000 en 2009 donc sur 30 ans, la baisse est réelle et va se poursuivre donc on supprime 50 % des effectifs, soit 450 000 postes en gros.
11/ Matériaux souple, bois, et tout… on a déjà perdu 55 % des effectifs en 30 ans, disons que dans les 30 prochaines années, on en perdra que 50 % et pas 55 % hop ! on supprime encore 150 000 jobs.
12/ Enfin, les métiers du transport et de la logistique, c’est mon deuxième poste préféré après les profs, on peut virer tous les chauffeurs de camions, de cars (c’est Macron qui va faire la gueule vu que personne l’a prévenu que sa dernière idée géniale était juste complètement naze), de taxis (en plus la Google Car sera certainement plus aimable que nos vieux ronchons tendance grincheux actuels) et on peut se débarrasser enfin de 911 000 postes supplémentaires grâce à tous les véhicules qui se conduisent tout seul (en espérant que Windows ne plante pas en plein milieu de l’autoroute des vacances parce que là, ce sera un beau et vrai carnage).
13/ Et enfin, la gestion et l’administration où l’on a encore 488 000 secrétaires qui n’ont pas encore été virée alors qu’elles ne servent à rien vu que je tape mes mails tout seul et 164 000 secrétaires de direction. Sans oublier que, dans cette catégorie, nous avons tout de même 2 534 000 postes donc en supprimer moins de la moitié, soit que un petit million, c’est largement jouable.
TOTAL général du carnage programmé : 11 763 000 postes massacrés.
Je pense qu’avec un peu d’efficacité nous devrions pouvoir faire nettement mieux que cet objectif somme toute trop raisonnable. Cela veut dire que d’ici 2025, ce n’est pas 3 millions de postes qui pourraient disparaître mais presque la moitié de notre population active.En Grèce, d’ailleurs, 50 % des Grecs sont déjà pauvres…
Vous pourrez donc vous amuser à faire vous-même vos propres analyses et vos propres simulations mais l’emploi va se raréfier considérablement et ça, c’est une réalité, une donnée avec laquelle nous allons tous devoir apprendre à faire, nous devons nous adapter et nous y préparer pour être plus forts et plus résistants. Bon courage mes amis.
Il est déjà trop tard, prépare-vous.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT