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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

Prix du pétrole bas: les causes et les conséquences

Audience de l'article : 12535 lectures
C’est une analyse d’Isabelle Chaboud concernant la chute des prix du pétrole que je relaie ici. C’est un élément de réflexion de plus. Simplement gardez bien à l’esprit que les prix du pétrole sont un des éléments essentiels de l’économie mondiale, enfin de la stabilité de l’économie mondiale.

Ce n’est pas juste une question de prix pour une question de prix. Plus le pétrole est cher plus l’industrie du gaz de schiste US est capable d’être viable et donc de ne pas faire éclater une bulle de crédit sans précédent.

Plus le pétrole est cher, plus les excédents financiers sont importants. Et plus ils sont importants, plus ils sont recyclés et permettent de financer l’endettement des états sous la forme d’achats d’obligations d’états par exemple.

Charles SANNAT


Le pétrole a chuté de près de 60% depuis juin 2014. Le cours du baril de pétrole demeure toujours sous la barre des 50 dollars au 9 septembre. Quels en sont les facteurs explicatifs et quelles sont les conséquences au niveau mondial?


Isabelle Chaboud
Professeur au département Gestion Droit Finance de l’Ecole de Management de Grenoble


Selon nous, trois facteurs principaux expliquent cette chute.


Une offre trop importante:L’Arabie Saoudite, premier producteur et exportateur de l’Opep, refuse de réduire ses quotas de production depuis février 2015. En même temps, la production américaine, notamment de pétrole non conventionnel (schiste), franchit des seuils record.

Un ralentissement de la demande

L’Index de production manufacturière chinois annoncé fin août est à son plus bas niveau depuis six ans. Le ralentissement du secteur manufacturier implique forcément une contraction de la demande en énergie. Or d’après la Coface, en mars 2015, la Chine est le premier consommateur mondial avec 12% de la production mondiale.


L’arrivée anticipée du pétrole iranien sur les marchés internationauxEn juillet 2015, six grandes puissances, l’Allemagne, la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie, ont signé un accord avec l’Iran. Cet accord devrait être entériné très prochainement et impliquerait une levée des sanctions économiques envers l’Iran. Sans aucun doute, cela conduirait l’Iran à exporter à nouveau son pétrole. De nombreux pays (France, Italie, Royaume-Uni…) ont déjà entamé des visites à Téhéran dans l’espoir de voir les échanges ou les investissements reprendre. Il est difficile de prévoir quel sera l’impact de l’arrivée du pétrole iranien sur les marchés internationaux, néanmoins, la Banque mondiale a indiqué dans un rapport du 10 août 2015 que « le retour complet de l’Iran sur le marché international pourra apporter un million de barils supplémentaires par jour, réduisant le prix de 10 dollars par baril l’an prochain ».

Par ailleurs, cette baisse des cours du pétrole a des effets dans le monde entier

Des effets positifs modérés

Le pétrole à bas prix devrait être une bonne chose pour les pays qui ne vendent pas de pétrole, or ce n’est pas véritablement le cas car plusieurs pays ou zones ont connu une dévaluation de leur monnaie, ce qui atténue les effets positifs potentiels de la baisse du pétrole. Par exemple, l’euro a perdu 10% par rapport au dollar depuis début 2014. En juin, le yen était à son plus bas niveau depuis 12 ans face au dollar. La Chine vient d’enclencher trois dévaluations successives du yuan…En outre, la fiscalité nationale sur les produits pétroliers fait que le consommateur final ne bénéficie pas systématiquement de l’intégralité de la baisse des cours (France, Chine, Inde).



D’après Bloomberg, Le Japon, troisième économie mondiale, qui pourrait bénéficier de cette baisse des prix du pétrole, affiche une « production industrielle en baisse de 15% par rapport au pic de 2008. L’Allemagne, quatrième plus importante économie, ne croit que de 1,7% par an, pendant que les pays de la zone euro affichent un taux de chômage de 11%. »

Y-a-t-il vraiment des gagnants? Mis à part les ménages américains qui ont réussi à réduire leurs dettes depuis la crise financière et bénéficient d’un taux de chômage de 5,1%, leur permettant à présent de profiter des fruits de leur travail avec un prix du baril en retrait et donc répercutant une partie de ces gains dans les dépenses de consommation, la zone euro et le japon ne bénéficient que partiellement de la baisse du pétrole.
Par contre, la baisse des cours du pétrole a surtout des conséquences négatives à l’échelle mondiale.

Des effets négatifs démultipliés

Au niveau macro-économique, tous les pays producteurs et exportateurs de pétrole sont touchés mais à des degrés différents.



L’Arabie Saoudite cherche à faire des coupes dans son budget. Le gouvernement envisage sérieusement de retarder ou d’annuler le lancement de projets non prioritaires. Des bons du trésor et des obligations conformes à la loi islamique ont été émis pour financer son déficit budgétaire. Selon le FMI, l’Arabie Saoudite, dont les rentrées financières proviennent à plus de 90% des ventes de pétrole, pourrait même annoncer un déficit budgétaire avoisinant les 20% de son PIB cette année.

D’autres pays sont extrêmement fragilisés, à l’instar du Venezuela ou de l’Algérie (70% des rentrées du pays). Selon un article de la Tribune du 8 septembre 2015, le Venezuela, « dont 96% des recettes d’exportation proviennent de la vente de l’or noir » est « financièrement au bord de l’asphyxie ». En effet, d’ici la fin de l’année, le pays « doit rembourser une dette cumulée de 5,6 milliards de dollars et de 12 milliards de dollars en 2016, selon les calculs de l’agence Bloomberg ». Et Joe Kogan, analyste chez Scotiabank « prévoit que si la situation ne change pas, la république bolivarienne sera en faillite en avril prochain ». Jusqu’à présent, le Venezuela bénéficiait du soutien financier de Pékin. Le pays a en effet reçu près de 45 milliards de dollars de la Chine au cours des dix dernières années, mais la Chine étant confrontée à un ralentissement de son économie et donc de sa demande en pétrole, elle ne pourra plus soutenir le Venezuela dans les mêmes proportions. Les Vénézuéliens sont les premiers touchés par la chute des rentrées financières dans le pays et par l’inflation préoccupante. Certains estiment que l’inflation pourrait atteindre les 150%. La chute du bolivar face au dollar a encore contribué au renchérissement des prix des importations. Le FMI attend 3,4% de contraction de l’économie russe en 2015 et précise que « d’importantes incertitudes persistent concernant les cours du pétrole ». Le Brésil n’est pas en reste, englué dans le plus grand scandale de l’histoire du brésil avec les révélations de corruption concernant Petrobras (la plus grande entreprise du pays et entreprise pétrolière), c’est toute la classe politique et l’économie qui sont fragilisées. L’économie brésilienne est en plus très affectée par la baisse du cours des matières premières.

Au niveau micro-économique, la plupart des entreprises pétrolières voient leur cours de bourse chuter (BP, Exxon, Total…). Aux Etats-Unis, les entreprises qui exploitent le gaz de schiste et dont le coût de forage est nettement supérieur aux coûts d’extraction des pétroles conventionnels, font des pertes pour la plupart.Le 7 septembre, Euronews a annoncé la suppression de 5500 postes dans le secteur pétrolier et gazier de la Mer du Nord depuis 2014.

Au vu de ces éléments, le pétrole à bas prix semble surtout avoir des conséquences négatives au niveau macro-économique: pays producteurs et exportateurs mais également au niveau micro-économique: entreprises pétrolières. Dans ce contexte, des mouvements de concentration dans le secteur pétrolier sont inévitables à moyen terme. Se rajoutent à cela les risques géopolitiques qu’il faudrait aussi prendre en compte et l’arrivée probable du pétrole iranien dès mi-2016 dont l’impact reste difficilement quantifiable à ce jour.

Un appareil de forage de gaz de schiste

Nicolas Maduro, le président vénézuélien, a exhorté l’Opep à se réunir pour réduire les quotas de production. Malgré les difficultés rencontrées, l’Arabie Saoudite ne semblait pas prête à renoncer à sa part de marché sans concession d’autres producteurs, il semblerait toutefois que l’Arabie Saoudite ait fait un premier pas en réduisant ses quotas de production en Août. Reste à savoir si l’initiative permettra de donner un petit coup de pouce au cours du brut?

Lire la suite: http://fr.sputniknews.com/opinion/20150911/1018104076.html#ixzz3ldJlfLj4
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1 Commentaire

  • Lien vers le commentaire feder lundi, 14 septembre 2015 12:05 Posté par feder

    ok;   mais curieux de voir que l'on" accuse" l'arabie saoudite  de" ne pas" reduire sa production ; c'est gros comme argument et typiquement americain : ote toi de là que je m'y mette...