Le rapport HUI/GOLD qui évalue les mines d'or par rapport à l'or physique vient d'atteindre 0.24. Pour être plus prosaïque, le ratio a atteint son oblique ascendante inférieure. Il s'agit d'un plancher qui aura du mal à être franchi si l'on tient compte de la panique actuelle sur le marché de l'or. Comme d'habitude, on approche un niveau où tous les vendeurs ont vendu avec pour conséquence un essoufflement à la baisse.
Le ratio s'approche désormais du plus bas atteint en 2008 lors de la crise déflationniste survenue à la suite de la cascade de défauts des subprimes. La course au cash, les risques de crédit crunch majeur et l'asséchement des liquidités avaient conduit les investisseurs à se débarasser de tous leurs actifs tangibles : métaux précieux, matières premières, actions des sociétés cotées. Les réactions concertées des banques centrales très différentes de celles de la crise de 29 ont fort heureusement restauré une liquidité suffisante pour lutter contre la valorisation monétaire mécaniquement induite par le dégonflement de la bulle immobilière américaine et ont évité une crise mondiale majeure. L'or est aujourd'hui à un niveau bien supérieur à celui de 2008 mais des risques de récession surgissent et l'ensemble des biens tangibles voient à nouveau leurs prix baisser. C'est un phénomène normal à l'approche d'un ralentissement économique. L'énorme différence avec 2008 est que ce phénomène de dépréciation n'est pas monétaire. L'environnement est devenu inflationniste avec des IPC qui s'apprécient partout dans le monde officiellement entre 2,5 à 8 %, officieusement beaucoup plus selon ShadowStats. La baisse de l'or ne durera, à mon avis que le temps de voir arriver la récession redoutée par les marchés si celle-ci se produit. Ensuite, les investisseurs vont rapidement changer d'horizon pour anticiper une reprise et les stimuli monétaires qui lui seront associés.
Les mines d'or ont bien sûr des raisons structurelles de baisser :
- Les gisements sont de moins en moins riches en minerais ce qui rend plus difficile et moins productif leur exploitation.
- Les couts d'extractions augmentent également avec la hausse des prix de l'énergie.
Mais une des raisons fondamentales de la chute du rapport HUI/GOLD est que les mines sont des actions et que traditionnellement, elles ampifient à la hausse comme à la baisse les variations du métal jaune.
Mon avis est que, concernant l'or, vous n'avez encore rien vu. Le métal jaune va s'apprécier considérablement au fur et à mesure d'un délitement monétaire qui est la seule issue plausible de la crise. L'effet de levier des mines devrait naturellement amplifier ce mouvement. Le faible prix des mines est donc une opportunité pour acheter ou renforcer les positions aurifères d'un patrimoine lorsque celles ci sont insuffisantes.
Cette prise de position est soumise à un risque temporaire : le franchissement des 1500 $ l'once à la baisse qui par le jeu des stops positionnés sous ce niveau par les institutionnels précipiterait les cours vers le bas. Je reste toutefois persuadé que dans l'environnement monétaire actuel, les banques centrales émergentes et le smart money n'hésiteront pas à acheter rapidement de l'or à bon compte. L'amérique est en train de prouver que faute d'autres monnaies refuges suffisamment crédibles, la Fed peut émettre une quantité presque illimitée de dollars sans voir monter les taux de sa dette souveraines. Elle ne s'en privera donc pas si son économie restait atone trop longtemps. A l'objection selon laquelle la Fed ne peut augmenter indéfiniment la taille de son bilan, je réponds que celui-ci n'augmente pas en monnaie constante puisque la valeur de la monnaie diminue en proportion de la quantité de monnaie crée. Si les budgets souverains sont suffisamment controlés, la création de monnaie et son injection dans le système bancaire est totalement neutre. Elle noie en revanche la dette souveraine à taux fixe. Ben Bernanke l'a compris depuis longtemps et la seule réserve de valeur fiable restera l'or.
Pour conclure, je voudrais citer Ludwig von Mises (Source 24 H Gold) :
Dès que le public comprend que le gouvernement ne cherche pas à arrêter l'inflation, que la quantité de monnaie continue sa croissance sans qu'on puisse en voir la fin, et que les prix monétaires de tous les biens et de tous les services continueront donc à monter sans qu'on puisse les arrêter, tout le monde cherchera à vendre autant que possible et à conserver aussi peu de liquide que nécessaire.
Conserver de l'argent liquide dans ces conditions ne comporte pas seulement les coûts traditionnellement associés à l'intérêt, mais également des pertes considérables dues à la baisse du pouvoir d'achat de la monnaie. Les avantages de l'argent liquide doivent être payés par des sacrifices qui semblent si élevés que les gens renoncent de plus en plus à en conserver.
Durant les grandes inflations de la Première Guerre Mondiale, on appelait ceci "une fuite vers les valeurs réelles" et la "hausse de panique [crack-up boom]". Le système monétaire est alors au bord de l'effondrement : une panique s'ensuit, et tout finit par une dévaluation complète de la monnaie. On a recours au troc ou à un nouveau type de monnaie.
On peut trouver des illustrations de ce schéma avec la devise continentale de 1781, les assignats français de 1796 et le mark allemand de 1923.
Cela devrait faire réfléchir tous ceux qui pensent que l'immobilier va s'effondrer ...
Bonne semaine !