Le groupe international des experts sur le climat (GIEC) vient de présenter un rapport spécial sur les énergies renouvelables. Le rapport entier n'est pas encore disponible sur le Web, mais vous pouvez lire le sommaire pour les décideurs (en anglais). 120 chercheurs ont essayé de déterminer ce que pourraient représenter les énergies renouvelables d'ici l'an 2050. Ils ont répertorié pour cela 6 grandes familles d'énergies renouvelables : la biomasse, l'énergie solaire, la géothermie, l'énergie hydraulique, l'énergie marine et l'énergie éolienne. Tout ce qui tourne autour de l'efficacité énergétique, du captage du CO2, ou du nucléaire ne fait pas partie de cette recherche.
160 scénarios différents ont été analysés par le GIEC, mais seuls 4 ont fait l'objet d'une étude approfondie. C'est le plus optimiste qui prévoit que les énergies renouvelables compteraient pour 77 % des besoins énergétiques mondiaux à l'horizon 2050. Alors que l'hypothèse la plus basse n'arrive qu'à 15% au mieux ! Les scénarios "moyens" du rapport, et donc ceux qui ont le plus de chances de se réaliser, parlent plutôt de 30% voire 50% d'énergies renouvelables d'ici 2050.
Ce qui, en comparaison des niveaux actuels (graphique ci-dessous), représente malgré tout une progression phénoménale. N'oublions pas que les besoins énergétiques mondiaux vont nettement augmenter (certainement doubler) avec le rattrapage des pays émergents ! Prenons le cas européen, la part des énergies renouvelables a déjà doublé au cours de la dernière décennie, elle doit encore doubler d'ici 2020 pour pouvoir tenir les engagements des récentes négociations sur le climat. On ne peut pas suivre un tel rythme éternellement...
Mais passons. Il est vrai que les énergies renouvelables connaissent une rentabilité croissance, du fait des investissements publics pour partie, mais aussi des investissements privés. Le nombre de brevets déposés dans le cadre vaste des "technologies vertes", désormais le 3ème secteur industriel au monde, ne cesse d'augmenter. En 2009, 37% des brevets publiés en France concernaient l'éco-innovation. Il y a 6 pays dans le peloton de tête dans ce domaine : l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, le Japon, les Etats-Unis et la Corée du Sud. Et la Chine qui monte...
Dans certains cas, les technologies des énergies renouvelables sont d'ors-et-déjà compétitives d'un point de vue économique, mais les coûts de production sont encore souvent supérieurs aux prix du marché. D'autres vont demander un peu plus de temps. C'est le cas en particulier de l'énergie photovoltaïque, qui pourrait devenir, si la baisse des coûts se poursuit selon le même rythme grâce au progrès technologique, l'une des énergies les plus rentables en 2030. Surtout dans les pays qui reçoivent beaucoup d'énergie solaire. Probablement pas en France.
La part des énergies renouvelables devrait donc augmenter mécaniquement même en l'absence de nouvelles mesures publiques fortes, mais le rapport du GIEC recommande pourtant une réforme profonde des systèmes énergétiques, qui pourrait coûter entre 1,4 et 5,1 trillions de dollars pour la prochaine décennie, en fonction des scénarios retenus !
Il est vrai que les réseaux ne sont pas adaptés à ces nouvelles sources d'énergies décentralisées, ils n'ont pas été conçus pour cela au départ. Généralement, on part du principe que seules les puissances publiques disposent des moyens financiers pour y parvenir. En France, EDF assure la mise à niveau du réseau électrique, d'où les fortes hausses de ces dernière années. Car c'est toujours le consommateur qui paie en bout de course. Seule l'innovation, notamment dans le stockage énergétique, pourrait permettre de ne pas engendrer des notes trop salées.
Aymeric PONTIER
Source : http://aymericpontier.blogspot.com/2011/05/80-50-ou-30-denergies-renouvelables-en.html