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Jean Christophe Bataille

Jean Christophe Bataille

Je suis le chroniqueur économique et financier : http://futures-trading.fr/

Mes faits d'armes : avoir conseillé d'investir largement sur le marché boursier en mars 2009 alors que le CAC 40 était à 2500 et avoir prévu le délitement actuel des monnaies.

J'anticipe une sortie de la crise actuelle par la stagflation."

Le pétrole pourrait poursuivre sa chute

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Le seul foyer de croissance mondiale se situe actuellement aux Etats-Unis. L’économie américaine bénéficie des mesures quantitatives mises en œuvre très précocement par la FED pour lutter contre les effets du deleveraging. Il est difficile de dire si cette croissance va entrainer les autres parties du monde ou si au contraire la morosité économique va se globaliser. Cela dépend pour moi de la promptitude de la BCE à adopter de telles mesures. Tant que cette incertitude existera, le pétrole devrait poursuivre sa chute. La hausse continue du dollar est aussi un appui puisqu’elle fait baisser le Crude en monnaie courante.

Le deuxième élément qui affecte les prix du pétrole est de nature géopolitique. L’annexion de la Crimée par la Russie rappelle des temps révolus où les dirigeants soviétiques grignotaient systématiquement les pays qui les entouraient. On peut dire en passant que les promesses faites par l’Europe d’intégrer l’Ukraine dans la communauté puis dans l’OTAN ne pouvaient que raviver l’ire des anciens soviets. Les camouflets subis par Vladimir Poutine lors du G20 sont là pour rappeler que le concert des nations ne tolérera pas une reprise de l’ancien expansionnisme territorial. Les sanctions économiques appliquées à la Russie ont commencé à produire leurs effets. Le rouble s’effondre et l’inflation approche les 8%. Le principal moteur de cette inflation est la très faible capacité de production de la Russie. Après le désastre de l’ère communiste, ce pays fonctionne malheureusement comme un pays du tiers monde. Il produit des matières premières et importe la plus grande partie des produits manufacturés qu’il utilise. Il est incapable de fabriquer suffisamment de biens pour alimenter sa consommation intérieure. Or lorsque l’offre devient très inférieure à la demande du fait des sanctions économiques, les prix montent.

Coté recettes, la richesse de la Russie n’augmentera surement pas à court terme car la faiblesse de la croissance mondiale fait baisser le prix de l’énergie, et l’Arabie Saoudite, allié obligé de l’Amérique contre Daesh, aggrave la situation en augmentant fortement sa production. La croissance de la production non-OPEP et hors Amérique du pétrole devrait rester, dans le même temps, supérieure à l’augmentation de la demande, ce qui devrait se traduire par d’importants excédents sur le marché mondial. La concurrence avec les autres pays producteurs non-OPEP, dont la Russie est l’un des plus importants, crée une diminution globale de leurs revenus. Bien sur, Vladimir Poutine a rapidement tenté un rapprochement avec la Chine afin de trouver de nouveaux débouchés pour sa production et d’obtenir encore des produits manufacturés qui permettent de contenir une partie des prix à la consommation. Mais l’appétit des Russes pour les produits occidentaux ne se tarira pas et les prix n’ont pas fini de grimper dans ce pays. Et la Chine a d’autres intérêts avec l’occident …

Le pétrole devrait rester baissier tant que la croissance européenne ne promet pas d’être meilleure et tant que Vladimir Poutine ne renonce pas à ses velléités expansionnistes. Le seul frein à la baisse est la stagnation du dollar après un rallye très important. Le prix du pétrole est en effet inversement corrélé au prix du dollar.

Nous testons donc avec prudence des positions shorts sur le Brent (UKOIL) dans ses accès baissiers.

J’ai déjà pris quelques lignes mais attendre l’issue de la réunion de l’OPEP du 27 novembre pour prendre des positions plus lourdes serait pertinent.
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