Le Swiss Market Index (SMI), l'indice phare helvétique, a gagné 7% depuis le 1er janvier 1998. C'est un résultat misérable en l'espace de quinze ans. Si l'on soustrait le renchérissement, qui s'élève à 11% durant la même période en Suisse, on se retrouve même avec une perte en termes réels de 4%. Pas joyeux-joyeux alors même qu'on dit généralement que la bourse est le meilleur investissement sur le long terme (c'est à dire sur des périodes de cinq à dix ans au minimum).
Les plus chanceux se consoleront avec quelques jolis coups réalisés en 2003, 2009 et 2011. Pour les autres c'est plutôt la soupe à la grimace, avec même peut-être des abandons en cours de route, ou l'impression pour certains de ne jamais pouvoir revoir un jour leur mise initiale.
Encore une fois les dividendes viennent nous sauver. N'oublions pas qu'historiquement ces derniers représentent pas loin de la moitié de la performance boursière. Zapper l'importance des dividendes dans des périodes aussi mouvementées, c'est tout simplement se tirer une balle dans le pied. Ainsi, si nous examinons le Swiss Performance Index (SPI), qui, contrairement au SMI, tient compte des dividendes, nous constatons que durant la même période le gain s'élève à 58%. Même si nous déduisons le renchérissement, il reste quand même une performance totale de 47%. Ce n'est pas énorme tenant compte des performances boursières historiques, mais c'est déjà beaucoup mieux.
Et puis pour se remonter le moral, on peut aller chercher beaucoup plus loin dans le passé. Si l'on remonte au début du siècle dernier, et que l'on s'attarde un moment sur le graphique du Dow Jones ci-dessous, on constate que la bourse suit un cycle régulier de 35 ans, avec 20 belles années suivies de quinze années pourries.
De 1910 à 1930, le Dow est ainsi passé de 98 à 244, prenant près de 150%. Les quinze années suivantes, il a par contre perdu 38%, retombant à 152 points en 1945. Vingt ans plus tard, en 1965, il se hisse jusqu'à 869, gagnant carrément 472%. Puis il retombe quinze ans plus tard, en 1980, à 824 points, perdant 5%. Mais comme la convertibilité du dollar en or a été supprimée par Nixon dans l'intervalle, le billet vert a dévalué durant la même période de 63% face au CHF, provoquant une perte totale de 68% pour un investisseur helvétique sur ces quinze tristes années. Les vingt années suivantes par contre, de 1980 à 2000 furent tout bonnement sensationnelles, puisque le Dow est passé de 824 à 11'357 points, gagnant 1'278% ! Et si le dollar a varié par rapport au CHF durant ces vingt années, il est même en fin de compte demeuré inchangé en 2000 par rapport à 1980, à 1.59. C'est dire que cette période a été très faste pour les investisseurs !
Les quinze années suivantes ne sont pas encore terminées, puisqu'elle nous amènent jusqu'en 2015. Mais nous en sommes tout proche. Nous avons déjà vu que sur le SMI c'était tout sauf reluisant. Depuis 2000 il a en effet perdu 11%. Le Dow Jones fait mieux, avec un gain de 65% mais au prix d'une chute de 40% du dollar par rapport au CHF. Le gain pour un investisseur helvétique est donc de 25%. Pas fameux sur cette durée, d'autant que le renchérissement en Suisse a été de 9% durant cette période... en effet, même le CHF perd de la valeur ! Les investisseurs orientés dividendes ont un peu plus le sourire, comme nous l'avons vu ci-dessus, mais tout ça reste très modeste par rapport à ce que l'on peut attendre de la bourse, historiquement parlant.
Là où ça devient intéressant, c'est que nous sommes à 26 mois de 2015. Nous sommes à 26 mois de vingt années boursières de folie. Certes, pour cela il faudrait que le cycle de 35 ans détaillé ci-dessus se perpétue. L'histoire a fâcheusement tendance à se répéter quand même. Quand tout va bien, on a l'impression que ça va durer pour toujours (les années '20, '60, '90...). Durant ces périodes, les bienfaits de la bourse font la une des journaux, tout le monde se met à acheter des actions et les entreprises recrutent massivement). A l'inverse quand tout va mal, on a l'impression de ne jamais pouvoir s'en sortir (les années '30, '70 et le début de ce siècle). Durant ces périodes, la bourse et les milieux financiers sont décriés dans la presse, les petits actionnaires ont été lessivés par les marchés , ils en sont sortis dégoûtés, il n'y a plus que quelques rares cinglés qui achètent encore des actions et les entreprises licencient en masse. Cela ne vous rappelle rien ?
Pour rajouter une dernière couche, voyons ce qu'il se passe avec l'or. Le Dow/Gold Ratio nous donne le rapport de la valeur du Dow Jones par rapport à celle de l'or. Voyons son évolution dans le graphique ci-dessous :
J'en tire deux enseignements :
- Le Dow est plus performant que l'or sur le long terme. Même si ce n'est pas évident sur certaines périodes mouvementées, on constate que sur le long terme le ratio augmente irrémédiablement.
- Le Dow est actuellement sous-évalué par rapport à l'or, tout comme dans les autres périodes "noires" citées ci-dessus, et juste avant les années de fort rebond boursier.
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