Jean Christophe Bataille
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Je suis le chroniqueur économique et financier : http://futures-trading.fr/
Mes faits d'armes : avoir conseillé d'investir largement sur le marché boursier en mars 2009 alors que le CAC 40 était à 2500 et avoir prévu le délitement actuel des monnaies.
J'anticipe une sortie de la crise actuelle par la stagflation."
Les prix suivent toujours une idée, qu’elle soit bonne ou mauvaise
Audience de l'article : 1878 lecturesAprès de nombreuses années sur les marchés, je me suis rendu compte qu’il ne fallait rien laisser au hasard en trading, que je devais m’appuyer sur les fondamentaux et spéculer en swing prolongé. Mais en réalité, je me suis surtout aperçu qu’il fallait trader les idées du moment et essayer de les détecter avant même qu’elles ne soient à la mode. Sinon, on rejoint très vite le groupe de la dead money.
Ces dernières semaines, les marchés se sont focalisés sur l’Ukraine, puis sur l’éventualité d’un Grexit. Vous vous rappelez que nous avions décidé sur Futures de renforcer, avec un stop serré, les short EUR USD dans la montée du cross à chaque fois qu’il atteindrait une résistance à la hausse. Il n’en a atteint aucune ! La menace du Grexit ? Je n’en suis pas sûr … Je crois plutôt que le smart money reste indéfectiblement en position short sur l’euro et long sur le dollar, et que le dead money s’agite sur des idées beaucoup moins fondamentales en créant une volatilité qui rend le trading court terme encore plus dangereux que d’habitude.
Quelles sont les prochaines idées qui vont faire bouger les marchés ? Je crois que celle qui devrait primer sur toutes les autres est que, pendant 18 mois, la BCE va acheter 60 milliards d’euros de titres tous les mois, dès le mois prochain, autrement dit dans quelques jours. Peu importe ce qu’elle va acheter, mais pour des raisons évidentes, les obligations vont monter, la courbe des taux va s’aplatir, les actions vont grimper et l’euro va reprendre sa baisse jusqu’à ce qu’une nouvelle idée naisse sur le marché : celle de la reprise économique européenne et le futur arrêt des mesures non conventionnelles. Mais nous n’en sommes pas là …
Il n’y aura pas de phénomène de vase communiquant. Les obligations ne vont pas baisser parce les actions vont monter. Car l’argent va naitre de nulle part. C’est la BCE qui va le créer en augmentant son bilan et elle peut le faire à l’infini. Les allemands n’ont pas fini d’avaler des couleuvres ! Mais la déflation est là. L’évolution des prix est devenue négative dans tous les pays de la zone euro, et ce probablement pour toute la durée de 2015.
Sur ce cycle de pensée, nous avons été très en avance l’an dernier en shortant EUR USD depuis mai 2014. Les actions ont déjà anticipé ce qui allait se passer en grimpant fortement depuis octobre 2014. Les taux d’intérêt quant à eux pointent désormais résolument vers la déflation et le Quantitative Easing européen va les faire encore baisser.
C’est pourquoi, devant l’incapacité du cross européen a se reprendre malgré des chiffres US qui montrent un léger ralentissement de la croissance américaine, j’ai décidé de prendre, avec toutes les précautions nécessaires, volumes faibles et stops très éloignés, quelques positions longues sur le bund allemand, quelques positions short sur EUR USD, et de renforcer les positions longues sur le DAX. Le Quantitative Easing européen devrait monopoliser les marchés pour répondre à son lancement et il ne faut pas rester à l’écart de cette idée.
Bons trades !