« Lââââââ jûûûûstice sociale »… disent-ils tous en cœur en se tapant sur le bide, répétant leur mantra politiquement correct. « Ils » ? Les socialistes évidemment, enfin une partie des socialistes, les benêts-béats-cucul-gnangnan, ceux pour lesquels rien ne peut être dit, réfléchi, ou pensé autrement que dans un cadre uniquement idéologique. Or l’idéologie fait évidemment les plus mauvaises politiques qui nécessitent au contraire une bonne dose de pragmatisme… Ce qui ne retire rien au fait que l’économie doit être au service de l’homme et pas l’inverse.
Alors nos socialos idéologues (rassurez-vous, l’idéologie ultralibérale est aussi stupide et bornée que celle des socialos mais comme c’est eux qui sévissent actuellement au pouvoir, c’est logiquement eux qui prennent) cherchent des « marqueurs » de gôôôche. Un marqueur, dans la novlangue des politiques qui nous dirigent, c’est une mesure qui quand on est à gauche, fait gauche. Que la mesure soit stupide ce n’est pas grave, l’objectif n’est pas de mettre en place une bonne mesure ou une mauvaise, non, on s’en fiche, il faut juste « marquer » à gauche pour faire plaisir à un électorat d’idéologues qui ne voit pas plus loin que le bout de leur nez, et il n’y a pas plus borné qu’un idéologue de gauche… (à part l’idéologue de droite) !
C’est dans ce cadre intellectuellement pathétique que Mamamouchi 1er, entre deux sorties en scout (toujours prêt), a décidé de faire frémir tous les vilains riches nantis de France en les taxant à 75 % tout en maintenant les frontières ouvertes (ce qui est d’une stupidité sans nom). À l’époque de l’URSS, les cocos avaient été moins cons. En effet, avec leur mesures plus stupides les unes que les autres et les gens finissant par mourir de faim ou presque, ils avaient tous envie d’aller se faire « communister » ailleurs, à l’ouest idéalement. Les cocos de l’époque, pragmatiques dans la répression à défaut de l’être dans l’économie, faisaient tirer à vue par les gardes frontières sur les pauvres gus qui souhaitaient fuir le bel empire soviétique et ceux qui se faisaient attraper finissaient en camp de rééducation ou au goulag… Simple. Efficace. Cohérent.
Nous, Mamamouchi a fait l’inverse : il a dit « ici tout le monde sera taxé à 75 % mais vous pouvez partir »… Évidemment, les vilains riches et les méchants nantis ont voté avec leurs pieds et sont partis se faire tondre sous des cieux plus cléments fiscalement parlant.
Le Premier ministre anglais a dû tendre le tapis rouge pour accueillir nos concitoyens, les Français sont parmi les plus gros acquéreurs de maisons au Portugal (pas d’impôts pour les Français là-bas), et le monde entier s’est fichu de nous, et depuis Valls rampe, le ventre à terre, en disant dans toutes les langues « j’aime les entreprises », « I love business », « ich libedisch petite entreprize »… Le pauvre, c’est dur des fois d’être Premier sinistre en exercice.
La fin de la taxe à 75 % a sonné
« Invoquée durant la campagne de 2012, la taxe à 75 % sur les hauts revenus a été censurée, modifiée, avant d’être tout bonnement supprimée.La taxe à 75 % sur les revenus supérieurs à un million d’euros imposée aux entreprises n’aura été appliquée que sur les revenus 2013 et 2014. Elle a été supprimée au 1er février 2015 »…
Eh bien vous savez quoi ? C’est une bonne chose et une bonne chose qui n’aurait jamais dû se produire parce que cette taxe n’aurait jamais dû voir le jour car elle était certes un marqueur de gôche, mais surtout une énorme ineptie économique. Encore une fois, dans un monde ouvert et globalisé où tout est en concurrence avec tout (et je ne dis pas que c’est bien, je déteste la mondialisation, mais elle est une réalité qu’on l’aime ou pas), penser que l’on peut taxer à 75 % en imaginant un seul instant que les riches vont rester ici faire leur chèque, il faut vraiment être un demeuré des principes de l’économie de base.
Lorsque j’étais jeune, au siècle dernier – qui était également le millénaire précédent ce qui nous remonte à loin (à « l’époque » me dit mon petit bonhomme) –, je mettais 20 heures en car pour rejoindre l’Espagne (avec ma bourse ERASMUS) et lorsque j’écrivais une lettre à mes parents, elle mettait trois semaines à leur parvenir. Utiliser le téléphone était hors de prix et réservé au cas d’extrême importance genre décès, rapatriement, maladie. Internet n’existait pas, Skype pas plus et les compagnies low cost non plus… Bref, les déplacements étaient plus chers, moins faciles, les distances plus longues. Tout cela s’est considérablement raccourci ces 15 dernières années. C’était donc une évidence que les « riches » partiraient. C’était parfaitement prévisible. Mais cette loi stupide a été tout de même votée.
C’est quoi la justice sociale ?
Voilà la question de fond que devrait se poser tout bon socialiste. C’est quoi la justice sociale ? Après, on peut être socialiste ou autre chose d’ailleurs, mais encore faut-il poser les problèmes de façon juste.Voici la réponse donnée par un groupe de contrariens anonymes qui débattent la journée au boulot (des fois je me demande quand ils bossent ceux-là) et qui ont la gentillesse de me mettre en copie de leurs échanges :
« Attention de ne pas confondre justice sociale (d’ailleurs, dans les faits, la justice sociale c’est quoi, à part contraindre Paul de donner à Jacques pour que Pierre soit réélu ?) et capitalisme de connivence. », car il ne faut pas oublier qu’au bout du compte, le socialisme c’est faire la charité avec l’argent des autres, ce qui est toujours beaucoup plus facile qu’avec son propre pognon. Donc point de leçon de morale, de grâce, mais du pragmatisme.
Si vous taxez les revenus à 75 % après avoir tout taxé par ailleurs (il y a les charges sociales avant de parler de salaire), qu’après vous taxez encore via la TVA et tout le tintouin comme les taxes d’habitation (dont le montant prend en compte le revenu), vous obtenez un taux de taxation délirant avoisinant les 90 % ! Alors on va être clair, vous avez gagné 1 000 000 d’euros de salaire mais il ne vous reste que 100 000 euros… Bon ben de vous à moi, on ne va pas continuer à se fatiguer hein, on va aller se reposer un peu, cela ne changera rien…
Et c’est parce qu’il n’y avait plus aucune incitation positive pour récompenser l’effort que l’URSS s’est effondrée et que plus personne ne foutait rien, ce n’est tout de même pas très difficile à comprendre. Les gens n’aiment pas travailler, ils ont besoin de travailler, en fait ils ont besoin de travailler parce qu’ils ont besoin d’argent, mais si vous leur donnez l’argent quoi qu’ils fassent, eh bien généralement ils finissent par ne plus faire grand-chose… Et ils ont parfaitement raison car c’est un excellent calcul d’agent économique. Sauf qu’au bout du compte, plus personne ne travaillant, il n’y a plus de création de richesses et sans création de richesses c’est la pauvreté pour tous… C’est la raison pour laquelle les bons sentiments ne font JAMAIS les bonnes politiques et que nous devons sortir de nos réflexes idéologiques pour prendre de « bonnes mesures » pas pour chercher des marqueurs ou faire des coups de communication.
En attendant, le mal est fait, la réputation de notre pays ternie et si la taxe à 75 % a fait les gros titres lors de sa mise en place, sa suppression, elle, se fait en toute discrétion.
Non seulement nous ne gagnons rien fiscalement puisque nous ne taxons plus à 75 % mais les riches qui pourraient venir investir en France ne le font pas, croyant qu’ils vont se faire taxer à 75 %. Nous sommes donc les grands perdants et cet exemple illustre à merveille les dangers inhérents à l’idéologie. Les pires crimes, les pires bêtises, les pires âneries sont toujours faites au nom d’une idéologie.
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT