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Je suis naturellement grand, beau, j’ai le teint buriné par le soleil et le sourire enjôleur et des mocassins à gland, un très gros zizi et une absence totale de lucidité sur mes qualités et mes défauts !

J'ai un blog sur lequel j'aime enquiquiner le monde : Petites chroniques désabusées d'un pays en lente décomposition...

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La guerre des corporations continue

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Puisqu’en France, c’est évident, le socialisme a fait des ravages et s’apprête à pousser définitivement le pays dans le gouffre, regardons si les mêmes recettes, appliquées ailleurs, produisent des effets différents. Pour cela, prenons l’exemple de la Belgique ; en plus, c’est pratique puisqu’un récent article de Oliver Rach sur Contrepoints nous résume très bien la situation.

Outre Quiévrain, les autorités sont, comme en France, confrontées à des problèmes similaires avec la pénétration inexorable des technologies de la communication, internet en tête, à portée de tous. En effet, tout comme en France, pays fort touristique, aux cours des récentes années la Belgique a vu se développer les offres qui permettent aux touristes de trouver une chambre à louer auprès de l’habitant pour des tarifs amicaux (voire gratuits). Des sites comme AirBnb permettent ainsi à des particuliers de s’organiser les uns avec les autres, en se passant complètement des systèmes de réservation hôtelière traditionnels.

baltic bitch hotel

En France, il n’a pas fallu longtemps pour que cette nouvelle facilité offerte au consommateur déclenche des crises d’urticaire auprès des hôteliers et des loueurs de biens pour les vacances ; outre l’évidente concurrence directe que les établissements doivent maintenant supporter, il faut reconnaître que les particuliers participant à ces sites de « couchsurfing » n’ont pas à supporter un certain nombre des désagréments que leurs homologues officiels et professionnels doivent se taper. En effet, l’accueil d’un touriste dans un hôtel suppose une taxe d’hébergement perçue par la région d’accueil, et s’accompagne de cette myriade de petits aspects fiscaux que seuls des pays vraiment socialistes dans l’âme comme la France et la Belgique sont capables d’imposer à tous pour leur plus grand bien (même si personne ne semble en réalité en tirer le moindre bénéfice).

La réaction des professionnels est donc parfaitement compréhensible : nouvelle concurrence, inégalité devant la taxation ? Scandale, il faut absolument remédier à ces problèmes. C’est bien évidemment ensuite que le corporatisme le plus idiot s’exprime. Côté français, il n’a pas fallu attendre longtemps pour que déboule une avalanche de députasseries proposant une saine taxation des non-professionnels. Côté belge, on fait dans le coercitif plus musclé : on apprend par la Gazet van Antwerpen, d’ailleurs abondamment relayée par les francophones du cru, que l’administration flamande va se charger de repérer les petits malins qui osent utiliser un tel système sans se déclarer au service des permis touristiques et que les amendes pleuvront sans pitié.

L’idée est ici de noyer l’impétrant dans l’habituel marais gluant de législation sécurisante et hygiéniste pour s’assurer que le touriste débarquant chez Jeff, de Bruges, aura un accès aisé à un extincteur et que les sorties de secours seront correctement marquées. Au demeurant, pour que le ridicule qu’on frisait gentiment déjà aux fers chauds ne soit pas complètement bouclé, les amis visitant d’autres amis ne seront pas contraints à ce genre de mesures (charge à la personne contrôlée de prouver qu’elle reçoit bien des amis et non des touristes, ces derniers ayant le droit impérieux à la sécurité des panonceaux règlementaires, les amis, eux, ne recevant aucune espèce de considération de l’administration flamande, pourront se débrouiller tous seuls). Peu importe ici l’incohérence, l’important est, on l’aura compris, de protéger (de façon à mon avis fort peu efficace) une corporation qui voit son avenir menacé par ce genre d’innovations.

Notons que l’alternative à cette traque absurde du contrevenant n’a jamais été envisagée : diminuer le poids écrasant des normes et des contraintes légales, ainsi que les taxations ridicules sur les hôteliers n’est absolument pas à l’ordre du jour. Si l’on doit égaliser, ce sera dans la souffrance : les uns devant subir le pal, les autres y auront droit aussi, parce que, parce que, … parce que bon.

Et ce qui arrive pour les hôtels se produit aussi pour les taxis, avec cette constance que seuls les fous ou les suicidaires peuvent déployer à ne pas résoudre un problème avec toujours la même non-solution : même concurrence frontale d’internet, même difficulté à s’adapter à la nouvelle donne, même désir de niveler par le bas en distribuant les vexations à tout le monde plutôt qu’en affranchir ceux qui les subissent, les taxis sont maintenant en lutte ouverte avec les Uber et autre Allocab.

CorporatismeEn France, on l’a vu, l’apparition de ces services qui permettent à des particuliers d’aller chercher d’autres particuliers en voiture moyennant finance, pour un trajet et un prix définis à l’avance, a déclenché une vague de protestation parfois violente de la part des taxis dont les licences, en nombre limités, sont fort coûteuses, et les taxes et autres charges, fort élevées, leur augmentent singulièrement leur seuil de rentabilité.

À l’instar des hôteliers qui, gueulant, avaient pu obtenir un début d’agitation des députés, les taxis ont, eux aussi, été voir leurs représentants et, en bon corporatistes connaissant leur pouvoir de nuisance sur les autoroutes, ont menacé de bloquer le pays si, d’aventure, rien n’était fait pour sabrer cette concurrence déloyale. Le débat est encore en cours, et l’âpre concurrence est toujours en place, mais on sent nettement que les prochains mois seront chauds, notamment dans la capitale française dont la préfecture n’entend toujours pas augmenter le nombre de licences (et dont le gouvernement n’a toujours pas compris que les taxes et les charges constituaient un vrai frein à l’emploi).

Parallèlement, en Belgique, la situation est plus claire puisqu’à la suite du mouvement de colère des taxis, le service a été purement et simplement … interdit. De façon fort éclairante cependant, cette fois-ci, l’Union Européenne est intervenu dans le non-débat d’une voix ferme et particulièrement dissonante : Neelie Kroes, la commissaire européenne en charge de la Société Numérique (mais précédemment en charge de la Concurrence) a exprimé son indignation devant ce qu’il faut bien appeler un coup de force du cartel des taxis (à Bruxelles, le marché est tenu à peu près entièrement par une unique régie de taxi, les Taxis Verts).




Eh oui : avec tout ça, il n’y a pas réellement concurrence, les tarifs sont parfaitement figés, il n’y a donc pas de marché et le consommateur en est effectivement de sa poche. En outre, des emplois pourraient certainement être créés mais rassurez-vous, le chômage vaincra grâce à l’actuelle législation et le corporatisme ambiant. Youpi ?

Taxis démotivants

Devant ces deux exemples assez consternants de la facilité avec laquelle le corporatisme semble ancré dans les habitudes, on peut néanmoins tirer deux conclusions positives.

Tout d’abord, si ces corporations se sont rapidement mises en branle pour combattre ces innovations, ce n’est pas fortuit. On ne combat pas ce qui n’a aucun impact ni aucune importance. En appelant au rassemblement des troupes et en lançant ces offensives, ces corporations valident de fait le modèle commercial mis en place et donnent en réalité une indication assez claire de ce que peut être la société de demain, dans laquelle il sera bien plus compliqué de faire perdurer un certain type de capitalisme de connivence, fort pratique pour les personnes installées, mais au parfait détriment de la clientèle devenue captive.

En outre, ces petites péripéties, si elles ralentissent l’introduction de ces innovations, ne pourront les stopper : la réalité est toujours rappelée aux têtus inconséquents, et le marché est, en définitive, plus fort que tout. Mais dans le temps qu’il aura fallu pour vaincre les résistances et s’affranchir des législations débiles, des habitudes contre-productives et des monopoles coûteux, les politiciens auront été obligés de montrer leur vrai visage. Il y a d’un côté les rares qui se font fort de se placer du côté des consommateurs et qui œuvrent vraiment pour leur pouvoir d’achat. Et il y a tous les autres, beaucoup plus nombreux, qui se sont fait fort de protéger ces corporations.

Conservez bien les noms de ces derniers : chacune de leurs paroles, chacune de leurs actions vous coûte, à vous, consommateur, quelques points de votre pouvoir d’achat. Et rappelez-vous d’eux la prochaine fois qu’ils vous demanderont de les adouber, à nouveau.
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