Je tombe ainsi sur un article décrivant par le menu les cinq « solutions » qui s’offrent actuellement à François Hollande pour sortir du brouillard.
(On appréciera au passage l’emploi du terme « brouillard » pour décrire la soupe épaisse dans laquelle notre président semble faire un crawl malaisé, encombré de ses petits brassards Mickey pendant que les membres du gouvernements, en apnée, tentent désespérément de faire croire qu’ils ont pied.)
Devant les difficultés du benêt rondouillard, les solutions proposées s’étalent gentiment du n’importe quoi tranquille au ridicule rutilant. Ainsi, le président pourra-t-il choisir de « prendre un virage à gauche », ce qui dans un pays gravement socialiste, promet quelques bons moments de rigolade. Amusant : l’auteur de l’article – lucide ou prudent ? – convient lui-même que ça n’a à peu près aucune chance de réussite. Mais rassurez-vous, la seconde solution, qui consiste à virer à droite, est tout aussi irréaliste et vouée au même échec. La solution trois (l’autoritarisme), dont le taux de réussite est jugé « insignifiant », est à mourir de rire : imaginer ce pauvre François, qui a déjà du mal à avoir de l’autorité avec sa propre brosse-à-dent, déployer de l’autoritarisme, c’est assurément miser sur un cheval qui n’est même pas en course.
Les deux dernières solutions sont symptomatique de ce que le pays peut produire de plus finaud : dissoudre l’assemblée ou garder le cap. Si l’auteur estime à raison que la dissolution n’amènerait rien de bon (au mieux, une cohabitation paralysante, au pire un gloubiboulga mou d’alliances hétéroclites et fragiles), il estime pudiquement que garder le cap aurait un taux de réussite inconnu.
Ah bon ? Continuer sur la trajectoire actuelle aurait donc un taux de réussite inconnu, c’est-à-dire pas clairement nul ?
C’est surprenant. Et d’autant plus que la trajectoire actuelle est connue, et que ses résultats, catastrophiques, continuent de s’empiler gentiment. On peut prendre l’exemple de ce brave Michel Sapin, cheville ouvrière de la bidouille statistique gouvernementale, qui nous annonce que les centaines de millions engloutis en créations d’emplois-bidons pardon d’emplois-d’avenir ont été dépensés en pure perte, mais que ce n’est pas grave, on va continuer sur la lancée. Ce serait dommage de gâcher un si bel élan et de ne pas claquer tout ce qui reste, même si on sait que cela ne produira rien de bon.
Reste tout de même que le triste pitre nous apprend, gêné, que la mesure phare du président, probablement décidée entre deux portes capitonnée d’un confortable bureau républicain, ne rend pas les résultats attendus. Oh. Zut alors.
Pour mémoire, il s’agit de ces « contrats de génération » qui couplent l’emploi d’un jeune avec l’emploi d’un sénior et qui permettent, sur le papier, le transfert de connaissance du second vers le premier. Hélas. Comme toute mesure arbitraire socialiste, elle ne modifie qu’à la marge le comportement des acteurs individuels (entreprises, salariés jeunes ou vieux) et ne résout donc en rien le problème du chômage de masse, problème d’ailleurs à l’évidence aggravé par les gesticulations pitoyables de l’équipe en place lorsqu’avec cette constance qui ferait l’admiration d’autistes et d’obsessionnels compulsifs incurables, elle choisit de continuer à créer vigoureusement de l’emploi public pour compenser les pertes d’emplois privés.
Cet acharnement consciencieux dans le débile à haute concentration de moraline socialiste est si méticuleux, si proprement préparé qu’on peut parler ici de pathologie.
Pendant ce temps, on a trouvé une méthode originale pour assouplir un peu la situation : de nouveaux prélèvements. Quand je vous disais qu’ils étaient rigolos, vous voyez, je ne vous mentais pas : ils sont effectivement rigolos !
Cette idée originale est inespérée pour renouveler la panoplie pourtant fournie de trouvailles fiscales du gouvernement. Et puis, on sait déjà qu’elle portera ses fruits et que les résultats seront excellents, probablement même avec un rendement supérieur à celui qui était prévu, d’une part parce que Laffer, on s’en fiche, et d’autre part parce que la situation en France ne cesse de s’améliorer.
Comment, en effet, ne pas croire que les Français souscriront dans l’esprit à ce grand élan de « justice sociale » qui consiste à faire payer des impôts et des taxes sur de l’épargne et sur des intérêts passés ? Comment ne pas trouver une sorte de justice sociale poétique à ce que les salauds des classes riches payent rétroactivement sur des revenus vieux de plus de dix ans ? (Pour rappel, est maintenant riche en France tout individu qui termine le mois avec un compte en banque strictement positif – bienvenus chez les riches !). Et puis le gentil prétexte socialiste affublé du maroquin du Budget (ou de ce que, en France, on appelle un budget), Bernard Cazeneuve a déclaré :
« Si nous prenons ces mesures-là, ce n’est pas par appétence particulière pour l’impôt, mais parce que nous sommes confrontés à des déficits sociaux qui ont pris une dimension abyssale. »Et ces déficits abyssaux ne se sont pas constitués sur les politiques consternantes qu’ont prodiguées lui et ses amis tous bords confondus sur les dizaines d’années précédentes. Non, non. Ce sont les méchants épargnants qui n’ont pas donné assez et qu’on va donc punir de façon juste et sociale, et tout ira mieux ensuite. Car enfin, comment imaginer que cette augmentation de la taxation des PEA pourrait avoir des effets de bords ? Pfruit, allons, ne nous faites pas rire ! Il m’apparaît limpide que tout ceci a obligatoirement été pensé pour que tout se passe comme prévu. Les cylindres rentreront dans les cubes avec la grâce et la rapidité qui s’impose lorsqu’on a un très très gros maillet pour ajuster les pièces, et puis c’est tout.
…
Certains pensent que nous sommes gouvernés par des incompétents. C’est probablement vrai : il n’est qu’à écouter le ministre en carton de l’économie, un certain Pierre Moscovici, se faire démonter par Nicolas Doze, chroniqueur de BFM TV alors invité par Ardisson sur Canal+, pour comprendre que les clowns au pouvoir ne sont pas arrivés là où ils sont pour la grande compétence des domaines qu’ils prétendent gérer, mais bien par leur entregent politique, leur capacité à manipuler, à embobiner, bref, à cultiver cette perversion si spéciale qui fait d’eux des monstres socialement acceptables mais économiquement destructeurs.
Certains autres pensent que ce sont des cyniques qui nous dirigent. C’est possible, après tout ; ils ne joueraient qu’un rôle, sauraient pertinemment que nous allons au mur mais, tous calculs faits, sauraient aussi s’en protéger à titre personnel. Nous aurions donc à faire à des sociopathes méticuleusement sélectionnés d’élections en élections, pour répondre aux attentes des Français en matière de câlins, mais absolument dépourvus de la moindre empathie pour ceux qu’ils sont censés aider.
Certains autres, enfin, pensent que nous avons hérités de fous. Car il y a bien une part de folie à toujours répéter de façon butée les mêmes actions, déclencher les mêmes effets et blâmer le reste du monde pour les résultats médiocres obtenus.
Mais dans tous les cas, que nous ayons à faire à des incompétents, des cyniques ou des fous, … ce pays est foutu.