Voici l'histoire d'un parcours d'investissement -mon parcours- que l'on pourrait baptiser "parcours de Monsieur-tout-le-monde", car mon profil est celui d'un français moyen, non expert en économie -comme des centaines de lecteurs de ce blog- et qui essaie de se constituer humblement un petit patrimoine dans cet univers de plus en plus mouvant et dangereux.
En ce sens, cet article n'a d'intérêt que de celui d'apporter à la reflexion collective de ce blog un point de vue qui peut ressembler à celui de 99% de Français non-experts en investissement, et donc se démarquer des analyses d'experts apportées sur ce blog. Voilà mon parcours :
Tout d'abord mon profil
Trentenaire, cadre d'une grande entreprise, né en 1972 alors que la dette de la France était quasi-nulle, père de 2 enfants nés récemment qui héritent eux d'emblée de plusieurs milliers de milliards d'euros de dettes et d'un monde au bord de la banqueroute financiere grace à la gentille insouciance d'une génération de baby-boomers qui a dépensé avec alégresse pendant 30 ans chaque année 20% de plus que ce qu'elle gagnait. Voici maintenant mon "parcours patrimonial":
-1999 : embauché, après l'école de commerce, dans une grande entreprise publique, maintenant privée.
-2001 : achète a crédit son appartement. Coût d'acquisition : 100 000 euros.
-2005 : mobilité, donc vente de l'appartement à un prix de 200 000 euros, soit une belle plus-value en 4 ans. -Persuadé que le marché de l'immobilier est sur le point de s'effondrer (je lis alors chaque jour le blog immobilier), je place mon argent sur une assurance vie, boursorama (le journal capital vente les mérites de ces banques en ligne...), 50% en support euros, 50% en action.
-2006 : un héritage vient accroitre mon patrimoine de 100 000 euros. Devant le conseil d'un ami banquier, je diversifie mes "paniers" et ouvre une nouvelle assurance vie chez LCL: 80% en fond en euros, 20% en actions. -2007 : toujours pas de chute de l'immobilier.
-2008 : idem, la courbe de de frigitt défie toutes les lois de la gravité.
Je passe des soirées à lire toutes les analyses sur le web, et je tombe sur le GEAB : cette revue milénariste, au ton légèrement incantatoire et anti-américain,voit cependant juste : elle prédit le crach d'octobre dès le mois de janvier. En mars, j'arbitre en transférant tous mes investissements sur des fonds sécurisés (100% sur fond en euros). Mon banquier se fout de moi. Cependant le crach annoncé par le GEAB a bien lieu. En quelques mois de 6000 points, le CAC 40 passe à près de 2400 points. Mes lectures m'ont permis de sauver mon patrimoine...mais jusqu'à quand?
Car en 2009, dans la crise systémique qui a déja fait tomber des centaines de banques américaines, entre le GEAB qui annonce la fin du monde et l'hyperinflation, et Loic abadie (je découvre alors avec intérêt son blog) qui annonce la déflation, le marché de l'immobilier qui n'a jamais été aussi haut, certains experts (dont Loic si je ne me trompe pas) qui annonce un CAC à 1500 points, en bon "français-moyen", je suis perdu. Et puis finalement, j'opte pour la liquidité (rester "liquide" pour pouvoir changer de stratégie d'investissement rapidement, préconisent de concert Loic et le GEAB) mais j'investis aussi dans 30 000 euros de napoléons (que je cache chez moi car je n'ai pas confiance aux banques). Coût d'acquisition : 132 euros/ napoléon.
-2009 : la bourse se redresse. L'immobilier américain continue sa chute en enfer. L'immobilier français au plus haut se cherche une direction. L'or continue sa progression. -2010 : le CAC 40 se rapproche des 4000 points (et a donc regagné un tiers de sa valeur de 2008), l'immobilier parisien reprend sa course folle, le GEAB se plante dans ses prévisions, la déflation de Loic n'arrive toujours pas. La crise en W non-plus. Les plans de relance semblent avoir sauvé la face du monde, du moins pour cette année. Méfiant, je rachète en début d'année 15000 euros de Napoléons au coût de 158 euros & et 15000 euros en juin au coût de 198 euros.
-Mi 2010 : nouvelle mobilité, je suis muté à tours et loue une maison 1200 euros/ mois.Tout mon patrimoine d'un montant maintenant de 350 000 euros est investi pour 82% en fonds en euros & 18% en napoléons. - Début 2011, voici ce que je préssents: la dette des états européens mais surtout américains est effrayante. Aux états-unis, je ne vois pas comment l'état pourrait s'en sortir sans un QE3. En europe, le portugal, la grèce ne tiennent que par le bon-vouloir des autres états.
Petit rappel important : la construction européenne nous a permis de faire partie de la première génération depuis des siecles a ne pas avoir connu la guerre. Le préssentiment du "français-moyen" que je suis est donc le suivant : il y aura une solidarité entre les états. Et l'immense dette des états ne pourra se résorber sans une création monétaire de grande ampleur. Mon choix est donc le suivant : j'achète ma résidence principale en profitant des taux d'intérêts très faibles. Je vends mes napoléons qui ne m'ont pas permis finalement de faire une grosse plus -value car si la valeur en dollars a doublé, c'est en euros que je vends mes napoléons (et aujourd'hui 1euro =1,5 dollar!). Je "casse" mes assurances vie, dont le rendement des fonds en euros ne fait que de diminuer. En achetant ma résidence principale, je ne fais pas un calcul financier. Je sais que je pourrais perdre 30 % de ma mise si un jours je revends. Mais au moins j'aurais sauvé 70% de mon patrimoine.
Et puis si l'hyperinflation arrive comme je le préssents, je paie mon emprunt gràce à l'inflation comme nos parents l'ont fait dans les années 80. Et puis si les banques s'écroulent, je serai bien au chaud chez moi devant le foyer de ma chaumière tourangelle...Tout ça pour dire à Charles dont je viens de lire le dernier article sur ce blog avec beaucoup d'intérêt : le français-moyen, non expert en investissement, ne raisonne plus dans la situation économique où l'on se trouve, en petits boursicoteurs. Il n'a plus confiance aux banques, ni en la monnaie. Il a la trouille...alors il sauve tout ce qu'il peut dans l'or et la pierre!
Julien Cornu