Nous nous sommes quitté lors du dernier édito sur le ratio Emmerdements/Bénéfices.
Il n'y a pas si longtemps Charles Dereeper disait dans une de ses vidéos : " Ne quittez pas un enfer fiscal pour vous enfermer dans un autre".
Et bien moi je vous dirai, n'échangez pas des emmerdements par d'autres tout en diminuant les bénéfices.
Vous savez pourquoi la plupart des commerciaux (brillants) font cette erreur ?
Parcequ'ils sont dans l'émotion, dans la vanité, voir les deux en mêmes temps.
Eh oui Messieurs, si vous êtes actuellement dans la fonction commerciale, vous êtes de grands affectifs...
Prenons comme exemple Mr Salarié (ou disons quelqu'un comme moi il y a 10 ans). J'arrivais au top de ma fonction de commercial. Classé parmi les 10 premiers (10 premiers car les 4 fantastiques on peut pas les battres). Mais le fait d'être déjà parmi les 10 premiers et une situation très enviée des collègues ou des jeunes recrues. On gagne la plupart des challenges (en général le 20 du mois c'est réglé), les salaires sont rarement en dessous de 4 000 euros net, on a la voiture, les repas du midi, le risque de se faire virer est proche de zéro, et le patrimoine augmente tous les ans.
Bref côté bénéfices c'est pas mal, on est d'accord. (D'ailleurs celui qui est surtout d'accord, c'est le petit nouveau qui galère à prospecter comme un timbré pour espérer atteindre les 1500 net. Pour lui, être dans le top 10 c'est un rêve).
Voyons le côté emmerdements.
Le commercial dans le top 10 a devinez quoi ... Un patron, que l'on appelera Directeur (en fait c'est un chef des ventes ou un directeur régional, qui lui aussi a un ratio emmerdements bénéfices pas si simple non plus)
Le Directeur est un général un commercial moyen (pas mauvais, mais pas excellent non plus), mais pour lui le titre de directeur est plus important que le salaire. D'ailleurs il a souvent rêvé secretement d'avoir une carte de visite avec le titre de Directeur, et une belle voiture (en général une Berline type 508, laguna, ou même parfois une passat), et on est tous d'accord, le titre et la voiture, au début ça fait son effet auprès des anciens collègues, la famille et surtout la belle famille.
Sauf que pour avoir tout ça, il y a une condition. Jurer loyauté à la société.
Oui après tout pourquoi pas, c'est bien d'être loyal. (mais le diable se cache toujours dans les détails).
Jurer Loyauté, en fait ça veut dire, ne plus critiquer la boîte, limite ne plus exprimer ton véritable opinion, et en plus il faut être exemplaire. "Tu fais exécuter le boulot, tu t'assures que le job est fait, si il est pas fait c'est ta responsabilité".
Sur le papier, ça peut paraître normal, mais en pratique ce cher nouveau Directeur n'a pas vraiment été formé à ça (à part quelques rares exception bien sûr).
En réalité notre jeune Directeur est complètement flippé, il va rapidement tomber dans l'exagération. La notion qui consiste à faire la part des choses, va lui devenir complètement étrangère. Il va passer de la phase très courte Management friendly family, à limite psycho-rigide.
Il va étouffer la petite voix celle du bon sens qui lui dit tout bas : "si tu dis ça à ton collaborateur sous cette forme, ça, il va se braquer". Mais c'est différent maintenant. T'es un boss alors ils doivent exécuter.
C'est là que ça coince.
Car revenons à notre commercial top 10. ça se passait pas si mal dans sa vie, le business progressait, l'ancien Directeur laissait aller (jamais de vagues à la veille de partir), très compréhensif, tout dans l'encouragement. Et là c'est le drame (comme dirait Ardisson dans salut les Terriens).
Le processus de destruction des bonnes relations va démarrer. En général, il y a une réunion trimestrielle, les Directeurs ont connaissance de ce qui va pas et du nouveau plan d'actions. (En général c'est du développement commercial via l'ouverture de comptes prospects).
Sur le papier, là encore ça se tient. Mais en pratique, c'est tout autre. Ouvrir un prospect ça prend du temps. Et quand un commercial est dans le top 10, du temps il en a pas trop du temps car en général il a déjà tous les concurrents sur le dos qui veulent lui faire la peau. Mais pour le nouveau Directeur, c'est pas son problème, lui il bosse comme un dingue donc c'est normal que son équipe fasse de même. Il est également dans le viseur de ses supérieurs qui discrètement mais très sérieusement observent sa prise de poste.
Sa première erreur va être de penser depuis un certain temps que tous ces bénéfices (vu précédemment) sont acquis (hors qu' il faudra toujours se battre, et accepter parfois d'en perdre pour les regagner plus tard).
Sa deuxième erreur sera de réagir dans l'émotion (et l'émotion est une très mauvaise conseillère).
Sa troisième erreur, il oubliera tous les bénéfices et ne verra plus que les emmerdements. Hors il n'y a jamais l'un sans l'autre.
Son directeur va donc lui demander conformément aux directives du siège d'ouvrir des comptes prospects.
Notre commercial Top 10, n'a pas vraiment le temps, car il est déjà en train d'essayer de sauver 2 ou 3 comptes de ses meilleurs clients où il est attaqué, il essaie donc d'expliquer à son Directeur, qu'ouvrir des prospects c'est bien, mais pour l'instant il préfère essayer de sauver un compte à 100 000 euros que d'en ouvrir 3 à 10 000.
Bah oui si il est arrivé dans le top 10, c'est surement qu'à un moment il a dû savoir comment gérer les priorités.
Et bien non. Pour son nouveau Directeur, ça veut surtout dire qu'il est non manageable et ça c'est pas possible quand on est jeune Directeur. Donc on commence à mettre la pression à notre top 10;