Les routes solaires sont-elles, une si bonne idée que ça ? A en croire la société Colas, filiale du groupe Bouygues ce serait l’une des innovations les plus prometteuses du 21e siècle dans le domaine des énergies renouvelables.
Ce concept d’origine française a séduit d’emblée Ségolène Royal. La ministre de l’énergie a pris l’initiative de débloquer 5 millions d’euros de subventions publiques. Son ambition est d’arriver à mettre en place 1 000 km de routes dans les 5 ans qui viennent !
Une question se pose directement. Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?
Contrairement aux autres pays, notamment à cause du faible coût se son électricité d’origine nucléaire, la France n’a pas montré un intérêt extravagant pour l’énergie solaire. C’est uniquement ces dernières années que les choses ont commencé à bouger. L’Hexagone semble rattraper son retard. Des politiques publiques sont mises en œuvre, à la fois pour encourager les ménages à s’impliquer d’avantage, mais aussi de favoriser le secteur énergétique qui n’a pas encore atteint sa phase de maturité.
Cependant, ces politiques ne sont-elles pas un écran de fumée ? Pour beaucoup d’observateurs, celles-ci sont une manière déguisée de servir l’intérêt public au détriment des entreprises et du privé.
Est-il si nécessaire que cela de construire des routes solaires quand on bénéficie à la base d’un espace déjà amplement suffisant ?
J’en doute fortement pour un pays comme la France qui vient tout juste de mettre au point la plus grande centrale solaire photovoltaïque d’Europe.
Avec une capacité de 300 MW, ce complexe couvre une surface globale de 2.6 km² et est capable de produire environ 0,34 TWh par an. La demande annuelle d'électricité en France est d'environ 500 TWh. Si le pays voulait satisfaire un quart de sa demande d'électricité à l’aide des panneaux photovoltaïques, moins de 1 000 km² serait convenable.
Or, en France, il se trouve que l’espace disponible demeure encore assez conséquent. Les terrains en jachères agricoles représentent aujourd’hui près de 10 000 km², les parkings nus 5 000 km², les toits des bâtiments 9 000 km², les hangars 500 km². Quant aux terres agricoles, elles occupent à elles seules 300 000 km² du territoire. N’oublions pas les nombreux plans d’eau qui peuvent également être exploités.
L’espace disponible n’est donc pas un réel problème en soi. Il est envisageable de développer des centrales solaires de ce type à travers tout le pays. Celles-ci peuvent même contribuer à surmonter d’autres contraintes.
1. Au niveau des terres agricoles, les grandes installations photovoltaïques sont parfaitement compatibles avec l'élevage d'animaux (moutons, poules, abeilles, etc.) et le jardinage. Les panneaux solaires protègent les animaux contre la pluie, le vent et le soleil. Certaines plantes, comme la laitue, poussent très bien en dessous des panneaux. L’approche du partage solaire est actuellement déployée dans les îles japonaises. L’impact ou l’encombrement des panneaux photovoltaïques reste marginal. Et les agriculteurs apprécient sûrement le revenu supplémentaire fourni par la location de leurs terres. N’est-il pas mieux de privilégier cela à la place de subventionner l'agriculture ?
2. En ce qui concerne les plans d’eau, il existe aussi des solutions alternatives. Prenons l’exemple de cette startup française, Ciel & Terre, qui propose une technologie solaire spécifique grâce à des panneaux photovoltaïques flottants. Elle repose sur un procédé innovant qui préserve l’environnement. En effet, cela consiste à réduire au maximum l’évaporation de l’eau douce et de lutter contre la prolifération d’algues vertes. Et ce n’est pas tout, le coût est plutôt dérisoire par rapport aux routes solaires puisqu’il s’élève à seulement 8 euros par kWh.
3. Enfin, les places de parking sont un terrain de choix. Installer des panneaux photovoltaïques dans ces zones est une stratégie judicieuse qui porte ses fruits. Elle a déjà été testée et approuvée en France à l’aéroport de Montpellier. Cette solution améliore le confort des usagers dans le stationnement et favorise la régulation de la chaleur urbaine.
Avec ces éléments sur la table, les routes solaires Wattway valent-elles toujours la peine ? Le gouvernement a-t-il raison de défendre bec et ongles ce projet ?
Sans rentrer dans les détails techniques, on peut tout simplement évaluer les coûts. Pour une structure d’ombrage le support nécessite environ entre 50 et 80 euros par W. Selon les experts, les structures classiques des grandes centrales photovoltaïques affichent un coût de 7.5 euros par W.
Utiliser des plus petites surfaces augmente mécaniquement les frais d’investissement en capital de départ.
Même si les routes solaires Wattway ne mobilisent que 6 euros par W, la note finale est en réalité beaucoup plus salée que cela. Il ne faut pas négliger le fait que la performance d'une route solaire diminue au fil du temps, pour des raisons physiques qu'on peut facilement comprendre (saleté, érosion). Cela se traduit par un coût sensiblement plus élevé par kWh.
Les défenseurs de Wattway s’appuient sur la diminution des coûts qui pourrait intervenir à terme en raison de l’évolution technologique. La construction de routes sur 1 000 km plaît au gouvernement car elle permettrait de réaliser des économies d’échelles substantielles.
Mais ce raisonnement n’est guère objectif. La réduction des coûts du photovoltaïque standard s’est fait petit à petit. Il s’est écoulé énormément de temps avant de voir les prix baisser. En moyenne, 10 à 20 ans. Signalons, par ailleurs que des puissances économiques telles que l’Allemagne, le Japon, la Chine, la Corée du Sud, Taiwan et les États-Unis ont versé des milliards de dollars de participation dans le développement de cette technologie.
La ministre de l’énergie a peut être bien été présomptueuse sur ce coup là. Wattway n’a absolument aucune pertinence économique par rapport aux autres solutions existantes. Ce qui est sûr, c’est que l’effet de communication a merveilleusement fonctionné. De l’argent public va être dépensé pour financer un projet industriel en aucune façon lié à la transition énergétique du pays.
Au total, ce sont près de 2.7 milliards d’euros qui vont partir à la trappe sans garantie de résultat véritable. Pensez au nombre de projets, aux émissions carbone évitées qui pourraient être financés avec un tel montant. La décision de la ministre reste discutable surtout avec le climat d’austérité et l’urgence budgétaire que nous connaissons.
Subventionner un projet prometteur ne rime pas avec réussite forcément. Dans notre cas c’est l’Etat qui finance, par le biais de pauvres contribuables, un fantasme technologique, dont l’avenir repose sur des pointillés.
Les experts ou responsables politiques devraient également se méfier d’un scénario contrariant. Des copieurs pourraient imiter le concept si celui-ci se révélait compétitif.
Il est facile de gagner de l’argent en surfant sur la bonne tendance. Il suffit de la trouver, puis d’appliquer les principes clefs de tout business rentable. La formation 5 tendances de Charles Dereeper vous explique comment bâtir votre enrichissement de manière concrète.
Alors, si vous avez l’intention d’éviter les business model de looser à la française (comme celui que je viens d’évoquer), vous pouvez toujours y jeter un œil, ça ne mange pas de pain… et ça a au moins le mérite de garder les communistes en quarantaine !
William Finck
Un exemple type de business model à proscrire. Tous les pièges pour ne pas se faire berner... et finir comme l'État français
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