Aujourd’hui je souhaiterais vous parler d’une expérience personnelle : le Modafinil.
Comme vous le savez, la société nous pousse à la productivité maximale : le travail est entré dans notre sphère privée au travers des smartphones et de la magie des mails … Et malgré les 35h en France, une fois que l’on atteint des postes à responsabilités, nous passons au taux journalier et le décompte des heures ne devient plus vraiment important (en pratique).
Qui plus est, l’automatisation à tout va nous enlève les tâches robotique, celles que l’on pourrait qualifier de « débiles ». Et même si dans le fond c’est une bonne chose, j’en conviens … cela nous prive de moments de décompression : brasser du vent, avec parcimonie, cela permet aussi d’aérer son cerveau pour rester concentrer sur la durée.
Et c’est le point que je voudrais soulever avec vous aujourd’hui : le plus important à l’heure actuelle, ce n’est pas la durée du travail, mais l’intensité de concentration sur la durée : combien d’heures ai-je vraiment été productif aujourd’hui ?
L’arrivée de l’IA va tous nous pousser vers des métiers de plus en plus créatifs et multidisciplinaires où mixer des compétences de différents horizons apporteront des avantages concurrentiels … le soucis, c’est que la fatigue intellectuelle est un fléau tout aussi prenant que la fatigue physique, et elle est parfois bien plus pernicieuse !
À tel point que les scientifiques se sont penchés dessus pendant des années : leur conclusion à l’heure d’aujourd’hui ?
La productivité est élastique à l’organisation du travail : si vous vous organisez correctement et que vous vous imposez une certaine discipline, vous pouvez maximiser le travail accompli sur une même durée.
De ces recherches, plusieurs méthodes d’organisation du travail ont émergé. La plus connue ? La technique de la tomate, ou plus communément appelée : méthode Pomodoro.
Cette méthode se déroule en 4 étapes :
- Pendant 25 min, vous ne devez vous concentrer que sur une seule tâche unique. Aucune distraction n’est tolérée, et aucun dépassement n’est accepté non plus
- Après que le minuteur ait sonné, vous devez faire une pause de 3 à 5 minutes pendant laquelle vous ne faites absolument rien
- Après 4 tâches réalisées, vous devez effectuer une pause longue de 15 à 30 min. C’est le moment de lire vos mails, de réaliser toutes les tâches peu efficaces mais libératrices pour l’esprit (regarder VDM ou 9gag par exemple
- Gardez une trace de chaque tâche, puis analysez votre productivité à la fin de la journée
Les scientifiques se sont ainsi rendu compte que cette alternance de tâches assez courtes, puis de micro-pauses, tout cela agrémenté de pauses plus longues toutes les 2h est un combo gagnant qui maximise la concentration.
Ça, pour toute personne souhaitant améliorer sa productivité, c’est la première étape … viens ensuite l’étape du dessus, la stimulation médicale.
Tout le monde a vu le film Limitless, et l’idée qu’une pilule magique existe et puisse nous transformer en une version optimale de nous-même nous fait rêver. Une pilule aussi développée n’existe toujours pas à ma connaissance, cependant, depuis le film, une communauté s’est formé autour du bio-enhancement, autour du détournement de médicaments pour améliorer son travail.
Et même si ce n’est pas nouveau (nous savons tous que bcp d’étudiants en médecine tournent sous Aderrall ou autres stimulants), ils ont l’inconvénient d’être addictifs ou d’avoir des effets secondaires assez néfastes. Comme tout jeune surmené, je m’étais déjà renseigné sur le sujet … cependant, cette idée m’était passée au dessus de la tête. Puis, au cours de l’année, un de mes amis a fait une commande de Modafinil, un psychostimulant utilisé pour lutter contre la narcolepsie : il permet de rester éveiller la journée sans empêcher de dormir la nuit, améliore la concentration et n’est pas addictif si pris dans les dosages recommandés (100mg à 200mg / jour).
Ainsi, j’ai voulu essayer ce qui se rapprochait le plus du NZT de Limitless …. Je vous l’avoue dès maintenant, mon expérience n’est pas très concluante.
J’ai en effet constaté une augmentation de mes capacités cognitives pendant 3 à 4 heures environ. Je dirais même que j’ai retrouvé une créativité que je n’avais pas côtoyée depuis longtemps, c’était à la fois très agréable et très efficace.
Ma concentration était à son climax pendant les 3 à 4 heures où le modafinil faisait de l’effet : je désirais travailler sans relâche, sans commissions ni pauses repas. C’était assez impressionnant.
Cependant, après cette période agréable, j’ai eu le retour du bâton: ce que les junkies appellent la « descente ».
Un des effets du Modafinil, c’est d’exacerber les sens, et, d’après le retour de mes amis, il amplifie l’état émotionnel dans lequel vous vous trouvez avant sa prise : si vous êtes joyeux, vous deviendrez heureux, si vous êtes inquiet, vous deviendrez anxieux. Pour ma part, n’ayant pas eu part de ces précautions avant la prise, je l’ai testé un jour de mélancolie et de stress, bref, pas le mieux du monde pour avoir une expérience sans couac.
J’ai ainsi passé les 3 heures suivantes dans un état de faiblesse, sans pouvoir travailler du tout et surtout déprimé … C’est incroyable à quel point le corps est controlé par la chimie … je me suis rendu compte à la fois de la complexité d’une telle création, mais aussi de ses biais.
Au final, je dirais que cette expérience ratée est plutôt positive pour mon avenir : elle m’a passé l’envie d’utiliser des nootropics pour améliorer ma productivité. Non seulement nous n’avons pas assez de recul sur le sujet pour affirmer le caractère inoffensif du Modafinil sur le long terme, mais je ne me sens pas honnête envers moi même d’utiliser des substances externes pour combler une flemmardise interne.
Et vous, avez-vous déjà utilisé de telles substances ?
Cheers,