Bonjour à tous,
Aujourd’hui c’est un petit édito écrit. En effet, les récents (et excellents) articles de Charles m’ont de nouveau plongé dans la nostalgie et m’ont plus particulièrement ramené à ma condition humaine : seul, en face-à-face avec moi-même, face à cette question si complexe et pourtant si simple : quel est le sens de la vie ?
Quand la nostalgie me reprend, j’ai cependant un échappatoire … la philosophie. Cette matière que l’on enseigne si mal à l’école est pourtant si importante, si éclairante : quoi de mieux pour contrer la peur, la nostalgie, que la compréhension du monde … ou du moins sa quête. J’en suis persuadé, le meilleur moyen de calmer ces angoisses, c’est de les penser.
Malheureusement, face à une question si grande, mon intellect me joue des tours, je découvre les limites de mon esprit. Est-ce que je pense bien ? Suis-je sincèrement objectif … quelle est la faille de ma pensée ?
Je me tourne alors vers les penseurs … sans grand succès … je n’ai jamais vraiment réussi à les lire, à les comprendre, et puis, leur philosophie me paraît bien trop loin de la réalité de notre époque (non au niveau de la pensée mais de la mise en pratique).
Je me tourne ensuite vers les philosophes modernes, et plus particulièrement, face à cette question, à un auteur qui occupe un étage entier de mon étagère : André-Comte Sponville.
Cet auteur dont la maxime est de « penser bien pour vivre mieux » arrive si bien à traduire les questions graves, les vraies questions, celles qui chamboulent tout. Nous partons d’un point A pour arriver au point B, sans encombres, marqué à jamais. Durant sa lecture, le temps semble s’arrêter … nous sentons les synapses former de nouvelles connexions, et, même s’il est difficile de saisir tout ce qui nous a été transmis, nous savons que quelque chose est arrivé, que nous avons mué.
De la question du sens de la vie, il en a fait un livre entier « Le goût de vivre et cents autres propos », je souhaiterais humblement partager avec vous un extrait, un passage qui vous transportera tel une montagne russe intellectuelle … Préparez-vous à prendre la pilule bleue, à ne plus jamais pouvoir revenir en arrière :
« On pense d’abord à Pierre Dac : « Qui sommes-nous ? D’ou venons-nous ? Ou allons-nous ?… je réponds : en ce qui me concerne personnellement, je suis moi, je viens de chez moi et j’y retourne. »
Cela ne résout pas le problème du sens de la vie, mais manifeste peut-être, par le rire, que cette question n’est pas la bonne.
Ce n’est pas parce que nos enfants ont du sens que nous les aimons ; c’est parce que nous les aimons que notre vie prend sens, au moins relativement, en se mettant à leur service. On voit que le sens n’est pas principe mais résultat. Qu’il n’est pas absolu, mais relation. C’est toujours la logique de l’altérité : tout ce que nous faisons, qui a du sens, ne vaut qu’au service d’autre chose, qui n’en a pas.
C’est où la question du sens de la vie prend un contenu éthique, qui modifie et la question et la réponse. Le problème n’est pas de savoir si la vie a un sens, mais ce qui, dans la vie, est susceptible d’en donner. Ma vie, pour le dire autrement, n’a pas de sens en elle-même ; mais il y a du sens dans ma vie, à chaque fois qu’elle se met au service d’autre chose : une cause que je crois juste, des individus que j’aime, un projet que je poursuis…
La vie n’est pas une énigme, qu’il faudrait résoudre. Ni une course, qu’il faudrait gagner. Elle est une aventure, un risque, un effort – qui vaut la peine, si nous l’aimons.
C’est ce qu’il faut rappeler à nos enfants, avant qu’ils ne crèvent d’ennui ou de violence.
Ce n’est pas le sens qui est aimable ; c’est l’amour qui fait sens. »
A-C Sponville
BOUM. Charles avait ainsi raison, la meilleure réponse à la question du sens de la vie est tout simplement de la remplir de choses qui nous font sens et qui tiendront le plus durablement possible … Mes pistes sont assez proches de celles de Charles, les expliciter prendraient trop de lignes … je les résume en 2 mots : Amour et Action : quand je suis dans l’action, en pleine conscience, je suis en plein bonheur ; quand je propage de l’amour, je vis du bonheur. Et ces moments de bonheurs, même s'ils ne sont que passagers, même s'ils ne sont vécus pleinement qu'à postériori, je les saisis volontiers, je les croque à pleine dent
Mon acte préféré pour donner du sens à ma vie ? La confrontation au marché … Oui. Le libéralisme, la participation à l’activité économique est l’un des plus beaux bonheurs que l’on peut vivre … et l’un des plus beaux sens que l'on peut donner à sa vie … Le moment où le client achète votre produit, le recommande à ses amis et devient fidèle … cette sensation est indescriptible … et c’est selon moi le plus beau sens à donner à sa vie …
J’en suis persuadé, cette sensation convertirait le plus profond des communistes !
Cheers,
PS : 2 autres extraits pour continuer de réfléchir :
« La vie n'est pas une énigme, qu'il faudrait résoudre, ni un symptôme, qu'il faudrait interpréter, ni un discours, qu'il faudrait tenir, ni un but qu'il faudrait atteindre. Elle est ce par quoi, ce dans quoi, ce pour quoi il y a des énigmes, des symptômes, des discours, des buts. Ce n'est pas la vie qui doit avoir un sens, c'est le sens qui doit être vécu. » A-C Sponville
« Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? C'est sans doute, philosophiquement, la question principale. (...) Aucune science n'y répond. (...) On a inventé Dieu pour y répondre. Mais cela ne résout pas plus le problème que le big bang. Pourquoi Dieu plutôt que rien? » A-C Sponville