Henri Dumas
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Libéral convaincu, je tire des expériences de ma vie une philosophie et des propositions.
Le tout sans prétention de vérité.
Mon blog : www.temoignagefiscal.com
Des rêves aux cauchemars
Audience de l'article : 1270 lecturesJusqu’à aujourd’hui je mettais cela sur le compte d’une mauvaise conjoncture, d’un quiproquo passager, d’un caprice de société riche, ou d’autres explications tout aussi boiteuses.
En réalité, je m’efforçais de ne pas accepter, de ne pas voir, cette désaffection globale pour ce que j’aime à seule fin de pouvoir croire au retour en grâce de mes rêves.
J’étais dans l’erreur, ce billet est l’aveu public de cette erreur – non là je rigole –.
Je ne crois pas du tout être dans l’erreur et je suis effondré par la connerie universelle qui nous vaut cette inversion des valeurs. Je vais vous livrer mon analyse, qui ne vaut que ce que vous voudrez bien lui accorder.
Par exemple la voiture.
Quoi de plus extraordinaire qu’une voiture. Nous autres hommes ne pouvons pas nous déplacer comme le guépard à 60 km/h, nous avons un côté laborieux sur nos deux pattes. Avec la voiture les distances sont absorbées dans le plus grand confort, quel que soit le temps, seul ou avec nos amis, en silence ou en musique. Les paysages lointains sont découverts sans effort. Aujourd’hui la même voiture est interdite de séjour, fait parait-il courir tous les risques à la planète, à cause d’elle nous allons mourir asphyxiés.
Autre exemple, le superflu.
Quoi de plus extraordinaire que de travailler, d’acquérir la confiance des autres qui décident alors de payer vos prestations. De constater que plus vous êtes performant plus ils vous gratifient de salaires ou d’honoraires conséquents, au point que vous devenez aisé et capable de procurer, à vous et aux vôtres, non seulement l’essentiel mais aussi le superflu. Et quoi de plus agréable que le superflu ? Aujourd’hui le superflu est criminel…
Internet
Quoi de plus extraordinaire qu’internet, sa liberté de parole et d’action, ses possibilités mondiales de rencontres, ses ouvertures sur les autres civilisations ? Dans les années 1980, l’arrivée d’internet a été l’espoir fou d’un monde nouveau de fraternité humaine, de liberté, de suppression des frontières. Aujourd’hui la haine s’est emparée d’internet, la censure arrive au galop. Le repli et la propagande en lieu et place de la liberté en sont les suites logiques. Sacré échec.
L’avion
Partir à New-York et en revenir aussitôt avec seulement sa brosse à dents était une des facéties de Jean-Luc Godard. Orly faisait rêver Gilbert Bécaud le Dimanche. Puis l’avion a mis le monde à la portée de tous, pour le plaisir ou pour le travail. Aujourd’hui les jours de l’avion sont comptés, parait-il…
La libération sexuelle
Aux enfants que nous étions, élevés dans le péché de nos pulsions tordues par l’ignorance, elle a apporté la connaissance et la maîtrise du plaisir liée, la liberté de nos corps. Elle a été engloutie dans l’excès, débordée par les minorités, au point de ne plus vouloir rien dire et de refaire le lit de la défunte pudibonderie qui a pourtant nombre de vies brisées à son actif.
La nature
Qui a soumis l’homme aux pires humiliations depuis des millénaires, limitant sa vie, le mortifiant, le détruisant à petit feu, était en partie maitrisée. Toujours présente évidemment, mais nous pouvions profiter de ses bons côtés et terrasser certains de ses mauvais côtés. Aujourd’hui on nous apprend que nous devons accepter tout d’elle, nous devons la mettre au rang de Dieu, la vénérer, et nous flageller sous peine d’essuyer son courroux.
Je pourrais prendre encore bien des exemples. Mais, arrivons au but de ce billet.
Mon analyse
Tous ces rêves n’étaient pas accessibles à tout le monde.
Chacun d’eux demande des compétences particulières pour le conquérir, puis pour en profiter.
Tout le monde ne peut pas conduire avec aisance, voyager facilement à travers le monde, libérer raisonnablement sa sexualité, surfer habilement et élégamment sur le net, etc…
Toutes ces choses sont, directement ou indirectement, issues de l’ère industrielle, en grande partie du 19ème siècle.
Cette époque, exceptionnelle pour l’humanité, fut une époque de conquête accompagnée d’une réflexion collective qui a engendré la démocratie, mais une démocratie tournée vers le progrès, vers le mieux.
Donc une démocratie aux discours et aux méthodes conquérants, tournée vers un avenir radieux, intellectuellement liée aux lumières, à l’idée de la liberté imaginée par les pères de la révolution après deux millénaires de servitude.
Puis est arrivé le 20ème siècle.
Ce fut le siècle de la désillusion pour ceux qui n’avaient pas les qualités nécessaires pour bénéficier des profits du progrès.
C’est ce point de bascule qui a tout déclenché.
La jalousie
L’être humain a une de ses composantes mortifère. Il est naturellement jaloux, plus ou moins, mais plutôt plus que moins.
La jalousie est la principale plaie de l’humanité.
Les amateurs de pouvoir ont pris conscience, au 20ème siècle, qu’ils pouvaient transformer la démocratie en outil de fédération de la jalousie.
La séduction des envieux est devenue le programme exclusif de toute ambition politique, c’est un carnage.
Tous les programmes politiques du monde occidental ont le même dénominateur commun de séduction, de conquête : la jalousie.
Je pense que c’est irréversible, au moins jusqu’à une phase de destruction complète.
Eradiquer la jalousie est-il du ressort de l’éducation, ce qui permettrait d’imaginer une solution ? Non, la jalousie est le plus animal de nos reflexes.
Hélas, au niveau où nous en sommes je pense que la possibilité de retour est dépassée, que seule l’analyse, la psychiatrie, pourrait permettre une prise de conscience de notre dépendance à la jalousie, peut-être de la mettre en perspective et ensuite de la combattre.
Mais cela n’aura pas lieu, trop tard, seule la destruction totale nous mettra face à nos réalités et fera ressortir le bon côté des hommes, leur énergie de bâtisseurs de sociétés.
En ce qui me concerne, je ne le verrai pas. Bien à vous. H. Dumas
1 Commentaire
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vendredi, 09 juillet 2021 11:50
Posté par
Ohibo Christain
M. Dumas,
Vous connaissez sans-doute cette phrase que j'ai entendue en Afrique :
"Les gens n'aiment pas les gens".
Nous sommes nombreux à vous lire.
j'aime profondément vos écrits. Ils me font l'effet d'un miroir.
Rien de moqueur ! Je ris de mes propres emmerdes, de mes propres multiples tentatives de battre le 100m avec un sac à dos lourdement chargé, de me ramasser, de me relever, de changer de discpline pour mieux faire face aux vents, etc...
Comme d'autres personnes qui m'on marquées, j'aurais apprécié vous avoir comme voisin et en même temps, je n'aurais probablement pas su développer de conversation intéressante.
Merci donc de partager encore prochainement vos pensées et états d'âmes.
Bonne journée
Bien à vous,
Comme on dit souvent en Afrique, Que Dieu vous protège M. Dumas
Plus j'en sais, moins j'en sais
Ohibo Christain