Libération et son inénarrable Sylvestre Huet, l’approximatologue officiel du climat, n’en ont pas parlé. Le Monde et Stéphane Foucart, le chef d’orchestre des instruments à vent météo, se sont fait raisonnablement tous petits, en sifflotant et en parlant d’autre chose. Mais pourtant, on trouve pas mal d’articles d’une presse un peu moins veule (et surtout nettement moins subventionnée par les appareils d’État), qui expliquent que la situation n’est finalement pas si catastrophique que ça, et — mieux encore — qu’elle se dirige plutôt vers un refroidissement.
Qu’on soit d’accord ou non avec ces nouvelles conclusions, qu’on prendra de toute façon avec les pincettes maintenant d’usage pour les prévisions climatiques, il est goutu de constater que la presse (anglo-saxonne ici) n’hésite pas à rappeler ce que la presse française fait tout pour cacher :
Despite the original forecasts, major climate research centres now accept that there has been a “pause” in global warming since 1997.(…) The changing predictions have led to the UN’s climate change’s body holding a crisis meeting…
Malgré les prévisions initiales, les grands centres de recherche climatique acceptent à présent qu’il y a eu une « pause » dans le réchauffement depuis 1997. Ce changement de prévision a obligé l’organisme des Nations Unies (le GIEC) a tenir une réunion de crise.
Bref : pendant que le reste du monde commence à comprendre que toute l’excitation malsaine autour du climat aura surtout servi à une petite clique pour ratisser des fonds, des subventions, de l’aura médiatique (et une place au soleil), pendant que deséditoriaux de plus en plus nombreux apparaissent dans les médias internationaux pour remettre un peu les pendules à l’heure, rassurez-vous, l’exécutif français, pédalant vigoureusement de ses petites jambes de serin, garde le cap.
Et si le message réchauffiste commence à sentir un peu la sueur et la misère, au moins n’est-il pas perdu pour tout le monde. En plus, ça tombe bien : si balancer des inepties énormes finit par nuire à la carrière d’un politicien Outre-Manche ou Outre-Atlantique (on a vu Obama se débattre de plus en plus mal dans le récent scandale Gruber), en France, il n’en est rien.
D’une part, l’actualité fourmille tellement de petites phrases idiotes de la part de tous nos politiciens, quel que soit leur bord, qu’il est objectivement difficile de faire la recension exhaustive de tout ce qui leur passe par la tête, courants d’air inclus. D’autre part, on l’a compris, la presse nationale se garde bien de détailler les bêtises des uns et des autres lorsqu’ils font partie du Camp du Bien. Pas question de se tirer une balle dans le pied, voyons. Et lorsque la presse se fend d’une petite polémique, c’est parce que la cible est facile et que le sniper du journal saura qu’il ne prend aucun risque.
Malgré tout, ça n’empêche pas de tomber, parfois, sur des pépites. Ainsi, grâce auSégorama (en Mondo-Diffusion presque permanente), le recyclage des chants liturgiques climato-réchauffistes continue sans faiblir pour la Dame du Poitou. Et cette fois-ci, c’est sur France-Info que la galipette sémantique aura pris place, avec un magnifique double salto arrière carpé et final en plat du ventre et du nez pour Ségolène Royal qui, s’exprimant sur Rosetta et Philae — un sujet qu’elle ne maîtrise même pas de loin — aura sorti ce magnifique chapelet de saucisses bien pensantes, climato-conscientes et citoyennes :
« C’est extraordinaire ce qui vient de se passer. C’est une prouesse européenne qui vient de se réaliser dans la conquête de l’espace. Nous allons peut-être en savoir plus sur l’origine de la vie humaine car cette comète est restée en dehors du réchauffement climatique, c’est une avancée fondamentale. (…) Les informations que l’on pourra en tirer nous permettront d’agir plus efficacement afin de protéger notre planète commune, car c’est là le but de cette mission. »Voili, voilà, la comète est restée en dehors du réchauffement climatruc, youkaïdi, youkaïda, la mission Rosetta visait à protéger notre planète, patati, patata, Ségolène est payée par nos impôts. Prenons le temps d’une saine respiration.
Fouyaya, pas de doute, c’est encore un paquet de grosses bêtises format Famille Nombreuse que Mme Royal vient d’expurger de son système, d’une seul coup, sans prévenir. Pourtant, M’ame Ségo, une vague recherche rapide sur les interwebs ou l’intérêt même passager aux trivialités de la mission Rosetta vous aurait évité de sortir l’une de ces bourdes qui ne pourra même pas passer à la postérité tant votre production personnelle est intense. Tous ceux qui se sont un peu intéressés à Rosetta savent que sa mission consistait à analyser les propriétés physiques et la composition chimique de 67P/Churyumov-Gerasimenko — « Tchouri » — dont, comme toutes les comètes, on ne connaît qu’assez peu la formation et la composition. Autrement dit, on est très très loin du réchauffement terrestre, à un demi-milliard de kilomètres même, et protéger « notre planète commune » à partir de ce qu’on aura récolté comme données sur Tchouri relève de la plus parfaite fantaisie foutraque d’une personne qui parlait encore une fois sans savoir.
Mais qu’à cela ne tienne. Si cette ministre peut réaliser une telle performance au sujet d’une sonde spatiale, croyez-moi, elle en est aussi parfaitement capable concernant des infrastructures bien plus terre-à-terre comme ces satanés portiques Ecomouv’ de malheur — que la peste soit de ce contrat trop bien verrouillé, pourtant signé par Cazeneuve en son temps — dont il va bien falloir trouver à s’occuper un jour ou l’autre.
Rappelons que le Réchauffement Climatique, qui se dégonfle de par le monde, a servi d’excuse officielle pour l’installation scandaleuse de portiques de taxation, avec un beau contrat entre la société Ecomouv et l’État dont les épais fumets de capitalisme de connivence ont fini par exploser au museau de nos élites devant la vindicte populaire. Rappelons que Ségolène, depuis qu’elle se retrouve avec ce contrat dans les pattes, tente de se propulser loin de cette situation désagréable avec les mêmes mouvements de nageoires inutiles qu’une baleine désemparée entreprendrait sur un banc de sable ministériel et irritant. La dernière fois, probablement prise en embuscade au micro d’une radio, elle avait envisagé de rendre les autoroutes gratuites (mais un peu taxées tout de même), dans la confusion habituelle qui caractérise ses propos.
Et cette fois-ci, n’ayant toujours pas trouvé de solution réaliste à son problème, elle propose un grand recyclage de printemps. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se taxe : sapristi, et si on donnait les portiques à la gendarmerie pour monitorer les petites voitures et les gros camions ? Par exemple, ces coûteux bidules en acier pourraient servir pour mesurer les embouteillages ou prévenir les intempéries… Parmi d’autres pistes, que nous n’évoquerons pas, mais qui pourraient comprendre par exemple et sans grande imagination, prendre des photos des plaques d’immatriculation, horodater, faire des calculs de durée et en déduire la vitesse moyenne, charge ensuite à l’administration de faire parvenir l’amende inévitable à la bonne personne. D’autant que la ministre, tout en excluant clairement que ces portiques deviennent des radars (ménonbiensûrzinquiétezpas), a spécifié dans la foulée :
« Je veillerai à ce qu’il n’y ait aucun gaspillage et qu’effectivement cette technologie puisse resservir, et donc, ça va nous faire des entrées financières. »Des rentrées financières amenées par la gendarmerie qui prévient des intempéries et mesure des embouteillages (sur des portions où, d’ailleurs, il n’y a que très peu d’embouteillages), voilà une proposition qui ne manque pas d’une dose certaine de foutage de gueule, et qui, comme les dépenses et autres transitions énergétiques pour lutter contre un réchauffement climatique anthropique chimérique, amènent doucement l’enfumage dans le niveau astronomique, ce qui permet de rejoindre gracieusement Rosetta. C’est génial, tout est lié, tout est dans tout et inversement, et remettez-nous en une lichette M’ame Ségo.
Et encore une fois, rassurez-vous. En France, tout finit par des chansons et des factures aux contribuables.