Ségolène, c’est une habituée de ces colonnes : véritable ressort comique dès que la période s’essouffle en vaines analyses sur des politiques désastreuses, elle a toujours su rebondir, d’un poste à l’autre, volant d’une polémique ridicule à une citation consternante avec le brio que seuls les meilleurs humoristes savent déployer.
Alors que son mollasson de concubin est longtemps resté dans son ombre, elle a su se faire une solide réputation en politique dès sa sortie de l’ENA : jouant des coudes et de promesses subtilement démagogiques en assurant – je cite – « aux paysans qu’elle [va] leur donner des cours d’anglais dans les villages pour qu’ils puissent exporter leur chabichou », elle finit par se faire élire député des Deux-Sèvres, mandat qui la propulsera dans le parcours politique qu’on lui connaît depuis.
Cette élection sera l’occasion pour elle de tester son influence puisqu’à sa demande insistante, le président Mitterrand lui accordera une subvention de 50 millions de francs, pour les communes du Marais poitevin des Deux-Sèvres : jeune mais rapidement dans le moule, elle vient alors d’amorcer cette vigoureuse habitude de dépenser l’argent des autres dont elle ne se débarrassera plus jusqu’à nos jours.
Et avec quelle ferveur, quel appétit notre nouvelle député se sera lancée dans cette distribution !
De poste en poste, elle aura à chaque fois compensé ses échecs politiques et ses plantages électoraux mémorables par une aptitude toujours renouvelée à laisser derrière elle de gros cratères fumants en termes de finances, à tel point qu’on en vient même à se demander si elle n’a pas utilisé cette gestion catastrophique des finances publiques comme vengeance subtile de chacune de ses vestes électorales.
Il ne faudrait pas, en effet, oublier ses résultats plus que douteux en Région Poitou-Charentes qui provoquent maintenant des migraines à foison chez le nouvel exécutif régional. La facture semble bien salée pour le contribuable local puisque des dettes de plusieurs douzaines de millions d’euros ont été contractées le temps de son passage sur la Région. L’ouragan Ségolène a soufflé en tempête.
Ses interventions dans la vie de certaines entreprises, régulièrement marquées de l’agitation médiatique, se sont soldées – avec là encore une constance qui force l’admiration – par des faillites et la mort du petit cheval. Là encore, plusieurs millions de la poche du contribuable auront été « ventilés » dans les hauts fourneaux de la dépense publique.
Doit-on revenir sur les histoires de routes solaires, typique d’un projet mal conçu, mal pensé, mal mis en pratique mais très très bien financé à fonds publics perdus, et poussé de toutes ses forces par une Dame Aux Caméras quasi-hystérique sur la question alors qu’absolument tout indique, dès le départ, un échec cuisant ?
Son acharnement dans la transition énergétique ou l’organisation, aux forceps, d’une COP21 aussi ridicule que stérile, auront coûté et coûtent encore par leurs effets délétères un maximum d’argent au contribuable qui avait pourtant d’autres postes de dépenses plus importants à pourvoir. Las, il devra faire avec de nouvelles contraintes énergétiques traduites d’ailleurs dans une loi ALUR illisible et qui aggrave une crise de logement déjà trop prégnante en France. Ce n’est pas grave, c’est lui qui paye, après tout.
Bref, si l’on doit additionner les retombées des actions de la député, la ministre ou la présidente de région, la facture totale pour le contribuable qu’il soit local ou national, doit rapidement grimper au-delà du milliard d’euros, qui ne seront jamais recouvrés d’une façon ou d’une autre.
Mais voilà : en France, ce genre d’erreurs coûteuses n’est pas un handicap et pourrait même passer pour un atout tant il semble qu’à chaque nouvelle catastrophe financière, à chaque nouvelle branlée électorale mémorable, elle se soit retrouvée propulsée encore plus haut.
Car Ségolène, c’est aussi une politicienne qui a toujours été droit dans le décor : elle aime ce qui l’entoure, elle chérit l’environnement au point d’avoir commencé sa carrière de ministre ainsi (sous Bérégovoy), jusqu’à culminer avec son récent poste au titre pompeux de Ministre de l’Environnement, des Petits Oiseaux et des Petites Fleurs, de l’Énergie et de la Mer, chargée des Relations internationales sur la pluie, le beau temps, les températures qui changent et les vents qui tournent. Eh oui : peu importe les échecs du parcours, chaque étape semble toujours plus haute.
On pourrait croire ici à une erreur de casting, une faille dans le système qu’elle aurait exploité avec talent.
Du talent ? Il n’en est rien.
Cette application très particulière de la méritocratie à la française est tout à fait habituelle et se traduit jusque dans son étape ultime, à savoir le recasage des rebuts de la politique dans les institutions internationales diverses et variées. On a déjà vu, à de nombreuses reprises, l’un ou l’autre cacique usé poussé à la sortie dans une retraite dorée, depuis Delors à la Commission en passant par DSK au FMI ou, plus récemment, Moscovici, comme commissaire inodore, incolore et sans saveur.
Pour Royal, il en va de même : pour
On lui souhaite bien du plaisir dans cette candidature (notamment à apprendre l’anglais ou user de diplomatie), et beaucoup, beaucoup de lucidité pour le panel d’experts qui devra désigner le meilleur candidat au poste afin d’éviter le passage de l’ouragan Ségo sur une institution encore en bon état.
En attendant, pour les Français, la catastrophe sera dure à éviter : désignée au PNUD, la France gagnera de nouveaux points au Bingo international de la nation la plus moquée ; recalée, la politicienne ne pourra pas s’empêcher de revenir au pays qui a pourtant déjà largement trinqué.
Pourtant, 63 ans, c’est le bon âge pour partir en retraite et laisser le monde tranquille, ne trouvez-vous pas ?